Plus sérieuses seront sans doute les conséquences du refus des Américains de trier leurs productions entre soja « normal » et soja transgénique. Pour justifier ce choix, Monsanto évoque les très lourdes contraintes techniques et le surcoût élevé qu'entraînerait ce tri. Arguments indéniables (le soja transgénique représente actuellement moins de 2 % des cultures de soja américaines), mais dont la généralisation empêcherait, de fait, toute transparence vis-à-vis du consommateur quant à la nature biologique des végétaux qu'il retrouvera demain dans son assiette. C'est la raison pour laquelle l'association Greenpeace, début novembre, a entrepris de bloquer le déchargement d'une cargaison de soja américain dans le port d'Anvers, afin de prévenir la « loterie » que représenterait sa diffusion.

Révélateur du climat de suspicion dans lequel les plantes transgéniques sont accueillies en Europe, l'exemple du soja n'est sans doute que le premier d'une longue série. Un autre cas illustre d'ores et déjà la teneur des débats qui opposent, dans ce domaine, la logique de marché et le principe de précaution. Il s'agit d'un maïs transgénique, mis au point par la firme suisse Ciba-Geigy et déjà produit aux États-Unis, qui fut l'objet, tout au long de l'année 1996, d'un formidable imbroglio juridique pour la Commission de Bruxelles.

Dotée d'un gène de résistance à un herbicide et d'un gène insecticide d'origine bactérienne, cette variété de maïs présente en effet une particularité : pour de simples raisons technologiques, elle contient également un gène de résistance à un antibiotique très commun, l'ampicilline. Cette résistance pourrait-elle se transmettre au bétail consommateur dudit maïs, voire à l'homme ? Si risque il y a, affirment les scientifiques, il est pratiquement négligeable, et ses conséquences seraient relativement bénignes. En juin, lorsque fut étudiée la demande de diffusion de ce maïs, les ministres européens de l'Environnement ne s'en sont pas moins déclarés incapables de trancher. Et la question, en novembre, restait toujours ouverte. Tandis que les États-Unis, forts de la libre circulation des marchandises garantie par les accords du GATT, s'apprêtaient à exporter vers l'Europe leurs premières cargaisons de maïs transgénique...

Une troisième forme de vie

Elles aiment le feu, l'acide et le soufre, et plus généralement tous les lieux où la vie semble presque impossible. Les archéobactéries, dont la biologie semble aussi éloignée de celle des bactéries classiques que de celle des cellules eucaryotes, représenteraient-elles une troisième forme de vie terrestre ? C'est en tout cas ce que prétend, dans la revue Science, une équipe de généticiens américains. Après avoir décrypté dans son intégralité le génome d'une de ces championnes de l'extrême, ces chercheurs affirment que la conformation biochimique de ses gènes diffère fortement, pour les deux tiers d'entre eux, de leurs équivalents chez les procaryotes et les eucaryotes. Les raisons pour lesquelles les biologistes se sont penchés sur ces créatures sont cependant nettement plus pragmatiques : avec leurs étonnantes capacités à s'adapter aux milieux hostiles (hautes températures, hautes pressions, solvants, détergents), les archeobactéries pourraient devenir de précieuses alliées des industriels et effectuer les tâches biotechnologiques les plus ingrates.

Nouvelle carte du génome humain

Le programme international Génome humain, qui prévoit de décrypter dans les années à venir l'intégralité de notre patrimoine héréditaire, continue de progresser. Première étape de ce gigantesque projet, la cartographie de nos chromosomes vise à identifier et à localiser l'ensemble de nos gènes, parmi lesquels plusieurs milliers sont impliqués dans des maladies héréditaires. Entamé à la fin des années 80, ce travail de repérage avance désormais à grands pas. Fin 1993, l'équipe française du Généthon annonçait ainsi avoir établi une carte de « première génération » couvrant l'ensemble du génome humain et comprenant 2 000 marqueurs. Trois ans plus tard, la revue américaine Science annonce que la carte la plus complète établie à ce jour, issue de la collaboration d'une centaine d'équipes américaines, européennes et japonaises, donne la position de plus de 16 000 gènes. Soit environ un cinquième de ceux qui composent le programme génétique de l'espèce humaine.

Les anciens Égyptiens raffolaient de la bière

Les fresques de l'empire pharaonique donnent la recette de ce breuvage. À les en croire, les Égyptiens èmiettaient simplement du pain dans de l'eau, puis foulaient la mixture du pied dans une grande cuve. L'enquête menée par une archéologue britannique vient de jeter à bas cette image trop simple. Après avoir étudié au microscope électronique les grains d'amidon conservés sur les poteries, son verdict est formel : les grains employés étaient de l'orge. De plus, cette céréale était en partie grillée pour donner du malt, lequel était ensuite mélangé au reste de l'orge fraîche.

Catherine Vincent
Journaliste au Monde