Le maire de Paris a derrière lui le puissant appareil du RPR mais n'a pas la cote dans l'opinion. Le Premier ministre est populaire dans l'opinion mais n'a pas l'appareil. La stratégie de ce dernier est de « chabaniser », de décourager Jacques Chirac pour le forcer à se retirer de la compétition, quitte à être considéré comme le candidat d'une UDF orpheline de champions crédibles. Pour le non-candidat Chirac, il s'agit de reprendre la main, de critiquer l'immobilisme du gouvernement et de faire apparaître son « ami de trente ans » comme le traître, le diviseur de la majorité. « Union, union ! » calme Charles Pasqua en réclamant des primaires qui brouillent encore plus le jeu. L'idée sera finalement abandonnée. En septembre, les événements s'accélèrent : lors de l'université du RPR deux poids lourds, Alain Juppé et Philippe Séguin, appellent à la candidature du maire de Paris. Imperturbable, le Premier ministre non-candidat gouverne et surveille le non-candidat Delors.

Janine Mossuz-Lavau, les Français et la politique, Odile Jacob, 1994.
Nicolas Domenach et Maurice Szafran, De si bons amis, Plon, 1994.

Lucas Sidaine