En 1991, les chercheurs du Laboratoire des matériaux moléculaires du CNRS à Thiais (Val-de-Marne) avaient conçu un transistor à effet de champ en plastique, mais dont les électrodes étaient encore métalliques. Ce résultat ouvrait la voie à la production de composants électroniques moins chers, sur mesure, et annonçait un véritable avènement de l'électronique moléculaire. Une étape supplémentaire a été franchie en 1994 par une équipe de physico-chimistes du même laboratoire, dirigée par Francis Gantier. Celle-ci a, pour la première fois, réussi à remplacer la totalité des composants inorganiques d'un transistor à effet de champ par des éléments en matière organique : une couche d'encre conductrice composée d'un polymère enrobant du graphite se substitue aux électrodes métalliques. L'absence de tout métal dans la composition des électrodes et l'utilisation d'un semi-conducteur présentant des propriétés d'auto-assemblage devraient faciliter la fabrication de ce nouveau transistor par des techniques d'impression. Le dispositif se présente sous la forme d'une bande adhésive ordinaire ; pour l'instant, ses dimensions caractéristiques sont environ 10 fois plus grandes que celles des transistors classiques en silicium, mais, dès qu'un degré suffisant de miniaturisation sera atteint, ce transistor tout en plastique ouvrira vraisemblablement une nouvelle voie dans l'industrie électronique, par exemple pour la fabrication d'écrans souples ou de cartes à puce.

L'avènement du document papier tout numérique

Grâce aux moyens de communication numériques, il est à présent possible de transmettre de grandes quantités d'informations sans les perdre. Pourtant, la chaîne de l'information souffre encore des limitations du document papier : lors d'une impression sur papier, une grande partie de l'information disparaît. Par exemple, un rapport imprimé n'est pas accompagné des renseignements sur le formatage du fichier de traitement de texte sur lequel il a été conçu, un tableau chiffré est communiqué sans les formules de calcul permettant de le vérifier, etc. Ces problèmes devraient bientôt disparaître avec la nouvelle technologie des glyphes, développée en Californie, au célèbre centre de recherches de Palo Alto, et que Xerox s'apprête à commercialiser. Cette technologie repose sur l'impression de très petites barres penchées vers la droite ou vers la gauche et qui forment une chaîne de 0 à 1 correspondant à des informations numérisées. Imprimés en sus des informations habituelles, composées de caractères et d'images, ces traits, appelés glyphes, sont si petits qu'ils apparaissent à l'œil nu comme une sorte de grisé sur le papier ; un scanner permet de les décoder et de récupérer les informations qu'ils contiennent. Le document imprimé se comporte ainsi comme une véritable disquette sur papier, ce qui lui ouvre de nouvelles perspectives. La quantité d'informations imprimables avec des glyphes dépend naturellement de la finesse de l'imprimante utilisée. Avec une imprimante à laser ou à jet d'encre courante à 300 points par pouce, les glyphes permettent de stocker, sous forme binaire, près de 100 caractères par centimètre carré. À 600 points, la densité serait de l'ordre du quadruple, ce qui permettrait, par exemple, d'imprimer en binaire un texte de 1 500 signes sur un timbre-poste.

Philippe de La Cotardière