Les Russes poursuivent l'exploitation de leur station orbitale Mir 1, appelée à être utilisée jusqu'en 1996 ou 1997. Au terme d'un vol de 169 jours dans l'espace, les cosmonautes A. Soloviev et S. Avdeev regagnent la Terre le 1er février, leur relève à bord de la station étant assurée par G. Manakov et A. Polechtchouk, lancés le 24 janvier. Puis, le 1er juillet, un nouvel équipage, le quatorzième, est lancé en direction de la station. Il comprend A. Serebrov, un vétéran effectuant son quatrième vol dans l'espace, V. Tsibliev et un spationaute français (le quatrième à voler), Jean-Pierre Haigneré. Ce dernier regagnera le sol le 22 juillet, en compagnie de G. Manakov et A. Polechtchouk, après avoir accompli, dans le cadre de la mission de coopération franco-russe Altaïr, tout un programme d'expériences médicales prolongeant celles réalisées un an auparavant par Michel Tognini.

Les lanceurs classiques

Encore une année faste pour le lanceur européen Ariane 4, dont les sept vols intervenus en 1993 ont tous réussi, autorisant la mise en orbite de 17 satellites : huit de télécommunications ou de télévision, dont Intelsat VII-F1, premier exemplaire d'une nouvelle génération de satellite de l'organisation internationale Intelsat, et Thaïcom 1, premier satellite de télécommunications thaïlandais ; un de télédétection, SPOT 3, troisième satellite français d'observation de la Terre ; un de météorologie, Météosat 6, sixième satellite de météorologie européen (et le troisième opérationnel) ; ainsi qu'un petit satellite français de géodésie spatiale, Stella, un minisatellite français destiné aux radioamateurs, Arsène, et cinq microsatellites d'expérimentation technologique et de télécommunications, de diverses nationalités, tous lancés en passagers auxiliaires. Bilan plus contrasté aux États-Unis : tandis que le lanceur Delta confirme sa fiabilité avec un taux de réussite de 98,8 % en 16 ans et 88 tirs, l'Atlas alterne échecs et succès ; mais l'événement le plus catastrophique de l'année est l'explosion en vol, le 2 août, peu après son décollage, d'une fusée militaire Titan 4, représentant avec sa charge secrète une perte estimée à près d'un milliard de dollars.

Les sondes spatiales

Lancée en 1990, la sonde européenne Ulysse a frôlé Jupiter en février 1992 pour rebondir vers le Soleil hors du plan de l'écliptique, afin d'en survoler les pôles en 1994 et 1995. Le 9 juin, elle s'écartait déjà de 32° du plan de l'équateur solaire et battait ainsi le record précédemment établi par la sonde Voyager 1. En 1991, la sonde américaine Galileo, qui fait route vers Jupiter, avait permis d'obtenir les premières photographies rapprochées d'un astéroïde, Gaspra. Le 28 août, elle récidive en passant à quelque 2 500 km de l'astéroïde Ida, dont elle recueille 150 images : la première photo mosaïque publiée montre un objet allongé, au limbe très découpé et dont la surface est criblée de cratères météoritiques. Autre sonde américaine, Magellan a effectué depuis l'été 1990 une cartographie complète du radar de Vénus. Cette mission étant achevée, la sonde exécute, du 25 mai au 3 août, une manœuvre d'aérofreinage qui la transfère sur une orbite basse autorisant des observations de la haute atmosphère de la planète. Mais ces succès ne compensent pas l'immense déception des spécialistes face à la perte de la sonde Mars Observer de la NASA, qui devient brutalement silencieuse le 22 août. Un échec qui vient s'ajouter à une longue suite de revers subis par la NASA depuis l'explosion de la navette Challenger en 1986. L'optimisme renaît cependant à l'Agence spatiale américaine à la fin de l'année, après la réussite de la mission de réparation du télescope Hubble.

Philippe de La Cotardière