En dépit de ces précautions d'écriture, l'ampleur des projets et leur coût ont provoqué un grand mouvement de scepticisme, voire d'hostilité dans les Régions de province, notamment celles qui éprouvent le plus de difficultés conjoncturelles. Qu'on imagine le maire de Valenciennes (où le taux de chômage avoisine 18 %) ou celui de Tarbes ou de Roanne (où la réduction des programmes militaires va rayer des centaines d'emplois) lorsqu'ils apprennent qu'autour de Roissy la grande zone industrielle de Gonesse est appelée à concentrer 40 000 emplois supplémentaires dans 20 ans !...

Quant à la politique de décentralisation, elle n'a pas connu en 1992 d'avancée majeure, sauf la publication au Journal officiel de la loi du 6 février 1992 sur l'administration territoriale de la République. La gestation de ce texte a été si longue (trois ans) que l'essentiel de ses dispositions a été analysé et commenté déjà en 1990, 1991 et au début de 1992. On en retiendra toutefois un chapitre essentiel : la coopération intercommunale, pour remédier à l'éparpillement caractéristique du système français.

Pour la première fois depuis 1986, les orientations budgétaires pour 1993 de la Région Île-de-France ont été adoptées, et cela à une large majorité des élus (56 % des voix). Les dépenses prévues sont de 12,3 milliards de francs, soit une progression de 6,8 % par rapport à 1992.

Régions et insécurité

Quatre Régions (l'Île-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur) totalisent 55 % de la criminalité pour seulement 43 % de la population. La part de l'Île-de-France tend à diminuer, puisqu'elle passe de 29 % en 1982 à 26 % en 1991. Les zones rurales ou semi-urbanisées regroupent 31 % des crimes et délits, alors que les zones urbaines en regroupent 69 %.

Le nouveau président de l'Association des maires de France (AMF) est M. Jean-Paul Delevoye, maire RPR de Bapaume. Il succède à M. Michel Giraud, président du conseil régional d'Île-de-France.

La CEE versera 340 millions d'écus (2,37 milliards de francs) en 1992 et 1993 pour aider la reconversion industrielle de sept Régions françaises : le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine, la Picardie, la Franche-Comté, la Bretagne, la Champagne-Ardenne et la Bourgogne.

Les quatre départements d'outre-mer (la Réunion, la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique) ont été érigés par la loi de décembre 1982 en régions monodépartementales : ils juxtaposent donc, sur le même territoire, deux assemblées, le conseil général et le conseil régional.

François Grosrichard
Grand reporter économique au Monde