Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Météo : l'Automne

La première décade de l'automne a été marquée par deux épisodes pluvio-orageux, brefs mais violents et dévastateurs. Ces événements météorologiques ont été l'aboutissement d'évolutions semblables caractérisées par la succession identique des phénomènes suivants : descente d'air froid, individualisation d'une goutte froide sur le proche Atlantique, advection d'air maritime chaud dans un flux de sud ou de sud-ouest et soulèvement de cet air instable au passage d'une perturbation active circulant ouest-est. C'est à l'extrême instabilité de l'air ainsi créée dans les basses couches de la troposphère qu'il faut attribuer les abats pluviométriques exceptionnels enregistrés du 21 au 22 septembre en Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et dans les départements de la Drôme et du Vaucluse et, du 26 au 28, dans les départements de l'Aude, du Tarn, de l'Aveyron, du Gard et de la Corse. Des précipitations particulièrement abondantes et intenses ont été mesurées dans le sud de la France : 253 mm à Colognac, 447 mm au Caylar, 122 m à Loubaresse, 135 mm à Meyrueis en 24 heures du 21 à 8 h au 22 à 8 h ;212 mm en 4 h 35 à Carpentras le 22, 243 mm à Montpezat du 22 à 8 h au 23 à 8 h ou encore 292 mm à Narbonne, 199 mm à Gruissan-Pech Rouge en 24 heures du 26 à 6 h au 27 à 6 heures.

Octobre est un mois froid et pluvieux. Il est, en effet, avec une température moyenne de 10,5 °C le mois d'octobre le plus froid depuis 1957. Les températures, qui ont peu varié tout au long du mois, ont été de 1,3 °C à 2,2 °C inférieures aux normales 1951-1980 en France continentale et légèrement supérieures à ces normales dans l'île de Beauté. Il est vrai que la forte nébulosité, associée à un régime perturbé persistant, a contribué à la diminution remarquable de l'insolation. Dans de nombreuses stations, cette dernière a été très faible : 30,7 heures à Ambérieu au lieu de 64 en 1974 ; 53 heures à Auch au lieu de 90 en 1987... On comprend mieux ainsi comment les températures ont atteint des valeurs particulièrement basses : 4,4 °C à Strasbourg le 17, 13,8 °C à Saint-Raphaël et 8 °C à Saint-Auban le 19, 11,2 °C à Laval le 20 (températures maximales) ou 0,3 °C à Laval le 14, – 3,2 °C à Troyes et 0,7 °C à Orly le 17 (températures minimales). Les précipitations ont été excédentaires sur tout le territoire : + 15 à + 30 % dans le Nord et l'Ouest, + 50 à + 100 % dans le Nord-Est, le Centre-Est et le Sud-Est, supérieures à 100 % dans le Sud-Ouest et en Corse. En octobre, les éléments du champ de pression sur l'Europe et le proche Atlantique expliquent la fréquence des perturbations actives qui, circulant dans des flux d'ouest, de nord-est ou de nord, ont traversé le pays. Les types de temps automnaux sont avérés par les cumuls mensuels : 324 mm à Saint-Girons (205 mm en 1974) ; 189 mm à Auch (150 mm en 1982), 177 mm à Albi (103 mm en 1981). Le nombre élevé du nombre de jours de pluie 28 jours à Albi, 27 jours à Carcassonne, 21 jours à Lyon-Satolas et l'abondance des chutes de neige sur les Pyrénées et sur les Alpes du 3 au 5, sur l'ensemble des reliefs au cours de la deuxième quinzaine (155 cm de neige à Bourg-Saint-Maurice du 15 au 30).

La douceur est la caractéristique de novembre ; avec une température moyenne de 9,9 °C sur la France continentale, novembre 1992 est le plus doux depuis 1963. Les moyennes mensuelles sont, selon la région considérée, de 2,1 °C à 3,8 °C supérieures aux normales. Les températures maximales ont atteint des valeurs record : 23,2 °C à Dax le 14, 21,2 °C à Aurillac le 23 ou 13,6 °C à Lille le 30... Novembre est aussi un mois pluvieux. Si les pluies ont été très déficitaires en Corse, Provence et Languedoc-Roussillon, elles ont été très excédentaires (de 22 à 65 %) dans le reste du pays, soumis à un régime perturbé soutenu. Deux tempêtes ont balayé les côtes de l'Atlantique et de la Manche et le nord de la France le 11 et le 25. La vitesse instantanée des vents soufflant en rafales a souvent dépassé les 100 km/h : 148 km/h à Cancale, 136 km/h à Carteret, 126 km/h à Barfleur le 11 novembre ou 144 km/h à La Hague, 130 km/h à Boulogne et 108 km/h à Roissy le 25. Au 30 novembre, le bilan hydrique des sols et du sous-sol est, à l'exception de l'Alsace, de la Beauce et du Midi méditerranéen, satisfaisant et la réalimentation des nappes superficielles assurée dans la majeure partie du pays.