Le drame yougoslave se prolonge. Dans certaines parties du pays, la situation commence à s'améliorer et des efforts de normalisation sont couronnés de succès. Mais il s'agit d'exceptions. Comme l'écrit Paul-Marie de La Gorce, la crise yougoslave, « par une suite de décisions désastreuses, a conduit à la plus dramatique impasse : on a rarement vu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la part des puissances jouant un rôle sur la scène internationale, tant de légèreté, tant d'aveuglement, tant d'ignorance des données élémentaires de l'Histoire et de la Géographie ». Ajoutons néanmoins que les dirigeants des communautés impliquées dans cette guerre civile portent une grave responsabilité. La situation en Yougoslavie est hautement significative pour toute la transformation postcommuniste de l'Europe centrale et orientale. L'existence et l'évolution des élites postcommunistes, la poussée furieuse vers une construction socio-politique et économique « à l'occidentale », les retours en arrière, politique, spirituel, nationaliste à l'extrême, et la fuite en avant vers l'État et la société modernes, technocratiques : tels sont les éléments essentiels de l'année 1992 en Yougoslavie.

Chrono. : 8/01, 21/02, 1/03, 9/03, 6/04, 27/04, 30/05, 14/07, 3/08, 14/08, 27/08, 22/09, 6/10, 2/11, 20/12.

Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, éd. Fayard, Paris, 1992, et Branko Lazitch, compte rendu de ce livre in Horizons Nouveaux, Paris, juillet-août 1992, p. 35.
Kosta Christich, « La Serbie excommuniée », le Point, 6 juin 1992, pp. 53-55.
Krzysztof Pomian, l'Europe et ses nations, éd. Gallimard, Paris, 1990.
Xavier Gautier, l'Europe à l'épreuve des Balkans, éd. Jacques Bertoin, Paris, 1992.
Dobrica Cosic, la Yougoslavie et la question serbe, éd. l'Age d'homme, 1992.
Christophe Chiclet, « La Macédoine menacée d'étouffement », le Monde diplomatique, septembre 1992, p. 6.

Georges Mond