En Europe, Airbus Industrie présente le quadriréacteur très-long-courrier A340 aux salons de Singapour, d'ILA à Berlin (le Salon allemand de l'Aéronautique), et de Farnborough, termine les campagnes d'essais et obtient les certifications européenne et américaine. Aux couleurs de Lufthansa et d'Air France, les premiers A340 entreront en ligne en janvier et février 1993. Le biréacteur gros-porteur A330 (fuselage et voilure de l'A340) a entamé ses vols d'essai en novembre. Certifié fin 1993, il sera en ligne en 1994. L'A321, version allongée de l'A320, assemblé par Deutsche Airbus à Hambourg sur sa nouvelle chaîne, a débuté ses essais au sol. Le GIE a également lancé l'A319, la version raccourcie (110 à 120 passagers).

D'une façon générale, l'avance technologique européenne sur les Américains est maintenue : FBW (commandes de vol électriques), études sur les FBL (commandes par films optiques, voilure, cellules en composite...)

1992 restera comme une année correcte pour l'industrie aéronautique mondiale, mais les perspectives sont bien sombres. Ainsi, 30 000 suppressions d'emplois sont à prévoir pour les avionneurs français d'ici à la fin de 1994.

L'Airbus A330 (conjointement avec l'A340) représente un coût de développement évalué à 3,6 milliards de dollars, valeur 1989. En première version, il pourra transporter 32 conteneurs et 335 passagers sur une distance de 9 000 km. Dès son lancement, il doit affronter la concurrence dont le rayon d'action est supérieur de 3 000 km. Airbus Industrie étudie une version A330-300X pouvant parcourir plus de 10 000 km.

Avions d'affaires

Dassault lance le prototype du Falcone 2 000, tandis que le biréacteur américain Learjet 60 effectue son premier vol. L'armée de l'air française reçoit ses premiers TBM-700, monoturbopropulseurs d'Aérospatiale-SOCATA, utilisés pour les liaisons VIP.

France-États-Unis : au printemps, le gouvernement français a dénoncé l'accord de 1946 avec les États-Unis sur la desserte aérienne entre les deux pays.

Record : à l'initiative de Concorde Spirit Tours (Miami), un Concorde spécial d'Air France s'est lancé sur les traces de Christophe Colomb. Parti le 11 octobre de Lisbonne avec 50 passagers et un équipage doublé, le vol AF 1492 « Chasseur de Soleil » s'y est posé le 13, après un tour du monde de 40 402 km, 6 escales et 23 h 10 min de vol presque toujours à Mach 2.

Le drame de l'A320 Lyon-Strasbourg

Le 20 janvier, à 19 h 20, la tour de l'aéroport de Strasbourg-Entzheim perd le contact avec le vol IT-5148, arrivant de Lyon-Satolas et en procédure d'atterrissage. L'Airbus A320 F-GGED d'Air Inter ne se posera jamais sur la piste. Il a percuté un contrefort du mont Sainte-Odile, à une hauteur de 826 m. Il y a à bord 90 passagers et 6 membres d'équipage. Après des heures de recherches, on retrouvera 9 survivants. Écrasée dans le cockpit, la balise de détresse n'a pas fonctionné. L'organisation des secours est très critiquée. L'enquête débute dans une ambiance polémique : des pilotes en profitent pour remettre en cause la fiabilité de l'A320 et le principe du pilotage à deux. Dans le cas du vol IT-5148, il s'avère que l'avion n'était ni sur la trajectoire ni à la hauteur où il aurait dû se trouver. Une interférence aurait perturbé les informations données par l'ordinateur de bord : abusé, l'équipage a programmé une descente trop rapide dans des conditions météorologiques difficiles. Le ministre des Transports impose la modification du programme électronique régissant la descente, une meilleure isolation des antennes et le montage d'un détecteur de proximité de sol.

Philippe Delaunes
Journaliste aéronautique