Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Dans le reste du monde, trois événements spatiaux survenus en 1992 méritent encore de retenir l'attention : au Japon, le lancement, le 11 février, par une fusée H 1 (dont c'est, en principe, le dernier tir), du premier satellite nippon d'observation de la Terre, JERS 1 (rebaptisé Fuyo, c'est-à-dire rose mauve, après sa mise en orbite), un engin de 1 340 kg équipé d'un radar et de deux radiomètres optiques pour l'obtention d'images de la surface terrestre montrant des détails de 18 m ; et, en Chine, l'inauguration d'un nouveau lanceur, désormais le plus puissant de l'arsenal chinois, la fusée Longue Marche E, qui place sur orbite, le 14 août, un satellite de télécommunications australien, Optus B1 ; puis, le 6 octobre, le lancement réussi, par une fusée Longue Marche 2C, du second satellite suédois, Freja, dédié à l'étude des aurores polaires : le succès de ces deux lancements vient renforcer le poids de la Chine dans la concurrence qu'elle livre aux Occidentaux sur le marché mondial des lanceurs spatiaux.

Giotto survole une deuxième comète

En 1986, la sonde européenne s'était illustrée en s'approchant à 600 km seulement du noyau de la comète de Halley, permettant, pour la première fois, d'en obtenir des photographies. Mise en hibernation puis réactivée, après plusieurs corrections de trajectoire, elle passe à moins de 200 km du noyau de la comète Grigg-Skjellerup le 10 juillet 1992. Sa caméra est malheureusement hors d'usage, mais huit des onze appareils scientifiques dont elle est porteuse fonctionnent encore. D'importantes différences de structure entre les deux comètes sont ainsi mises en évidence. La sonde décèle, de façon inattendue, des oscillations d'environ 1 000 km de longueur d'onde au sein du vent solaire. Elle se trouve à 18 000 km du noyau de la comète (dont le diamètre ne paraît pas excéder 3 km) lorsqu'elle traverse l'onde de choc créée par l'interaction entre le vent solaire et le champ magnétique cométaire. La chevelure de la comète paraît s'étendre sur 50 000 km environ.

Big Bang

Signalons encore le lancement, de cap Canaveral, le 7 juin, par une fusée Delta 2, du satellite américain EUVE (Extreme UltraViolet Explorer), porteur de quatre télescopes, qui ouvre une nouvelle fenêtre d'observation de l'Univers, dans l'ultraviolet extrême, à des longueurs d'onde comprises entre 6 et 80 nanomètres. Enfin, c'est de l'espace que nous parvient la découverte astronomique la plus spectaculaire de l'année. Le 23 avril, à Washington, lors d'une réunion de la Société de physique américaine, sont présentés les résultats des mesures effectuées par le satellite COBE (COsmic Background Explorer), lancé en novembre 1989 pour étudier les propriétés du bruit de fond thermique considéré comme le vestige du rayonnement émis 300 000 ans après le Big Bang, lorsque l'Univers devint suffisamment transparent pour que la lumière puisse s'y propager librement. En mettant en évidence d'infimes variations de température (inférieures à 100 millionièmes de degré !) dans la distribution de ce rayonnement, COBE confirme la présence, dans l'Univers primitif, de fluctuations de densité susceptibles d'expliquer la formation ultérieure des galaxies. Même si elle reste à confirmer par une expérience indépendante, cette découverte constitue un nouvel argument observationnel en faveur de la théorie du Big Bang.

Le quasar le plus lointain

Découvert par l'Américain D. Schneider dans la constellation des Chiens de Chasse, le quasar PC 1247 + 3406 est désormais considéré comme l'objet céleste le plus lointain connu : présentant un décalage spectral vers le rouge de 4,897 (contre 4,733 pour le quasar précédemment détenteur du record de distance), il s'éloigne de nous à une vitesse représentant 84,5 % de celle de la lumière et, dans l'hypothèse (généralement admise) où l'Univers serait âgé de 15 milliards d'années, cela conduit à le situer à une distance de 12,7 milliards d'années-lumière.

Philippe de La Cotardière et Jean-Pierre Penot, Dictionnaire de l'espace, Larousse, 1991.
Sous la direction de F. Verger, Atlas de géographie de l'espace, Sides-Reclus, 1992.

Philippe de La Cotardière
Président de la Société astronomique de France