Journal de l'année Édition 1992 1992Éd. 1992

Le point sur...

Europe occidentale

En 1991, les urnes ont partagé l'Europe en deux : au sud se sont retrouvés les pays dont les dirigeants ont su se maintenir au pouvoir ; au nord, les nations où ces derniers ont été contraints de céder la place.

La continuité a ainsi largement triomphé au Portugal, où le président de la République et le Premier ministre sortants ont été reconduits dans leurs fonctions. Le 13 janvier, lors de l'élection présidentielle, le socialiste Mario Soares, chef de l'État depuis 1986, a obtenu 70,4 % des voix et, le 6 octobre, à l'issue des législatives, le Parti social-démocrate (centre droit) du chef du gouvernement, M. Anibal Cavaco Silva, a conservé la majorité absolue. Son principal concurrent, le Parti socialiste, avec 29,25 % des suffrages, a pourtant bien progressé, mais, pour la première fois, les communistes n'ont pas réussi à recueillir 10 % des voix. Leur dirigeant, M. Alvaro Cunhal, qui est l'un des derniers staliniens à l'Ouest, a sans doute payé son soutien aux auteurs du putsch du 19 août en Union soviétique. Malgré certains progrès économiques, l'agriculture reste à moderniser et l'inflation, qui atteint 13,7 %, est donc bien au-dessus de la moyenne communautaire.

En Espagne, lors des élections locales du 26 mai, le Parti socialiste, qui était au pouvoir depuis neuf ans, a maintenu ses positions en obtenant 36 % des voix. De leur côté, le Parti populaire (droite) et la gauche unie ont amélioré leurs résultats au détriment du Centre démocratique et social (CDS). Le dirigeant centriste Adolfo Suarez, qui avait présidé à l'évolution du régime après la disparition de Franco, s'est retiré de la vie politique. Auparavant, le 11 mars, le chef du gouvernement, Felipe Gonzalez, avait largement renouvelé son équipe, qui est devenue beaucoup plus autonome vis-à-vis du Parti socialiste. Plusieurs responsables politiques catalans en font maintenant partie. Les efforts consentis par l'Espagne dans la perspective du grand marché européen de 1993 ne lui ont encore permis de maîtriser ni son inflation (6,9 %) ni son chômage, qui frappait 16 % de sa population active.

Continuité encore en Italie. Même si le Parti communiste, réuni pour son XXe congrès, est devenu le Parti démocratique de la gauche (PDS) le 3 février, son évolution ne se fait pas sans mal sous l'impulsion de M. Achille Occhetto, ancien secrétaire général du PCI, qui a été difficilement élu à la tête de la nouvelle formation. En même temps, les cinq partis qui composent la coalition gouvernementale (démocrates-chrétiens, socialistes, sociaux-démocrates, libéraux et républicains) poursuivaient leur petit jeu politique. Le 19 avril, vingt jours après sa démission, M. Giulio Andreotti était déjà redevenu président du Conseil, mais les républicains ne faisaient plus partie de la majorité. Avec 42,3 % des suffrages, la Démocratie chrétienne, qui domine la Sicile depuis des décennies, a obtenu son meilleur résultat aux élections qui se sont déroulées dans l'île le 19 juin et à l'occasion desquelles les anciens communistes ont perdu du terrain. Confrontées à l'arrivée de milliers d'Albanais sur les côtes des Pouilles, les autorités italiennes ont été rapidement dépassées par les événements. Avec une inflation de 6,9 % et un déficit budgétaire considérable, l'Italie aura du mal à s'intégrer dans l'union monétaire européenne.

La fin du modèle suédois

Dans deux pays nordiques – la Finlande et la Suède –, les sociaux-démocrates se sont fait battre lors des élections législatives. Le 17 mars, à Helsinki, l'événement a même été historique : le Parti social-démocrate, principale formation politique finlandaise depuis 1906, a perdu 8 sièges, alors que le Parti du centre en gagnait 15. Le 26 avril, le centriste Esko Aho pouvait alors former un gouvernement de coalition avec des membres de son parti, des conservateurs, des libéraux-suédois et des chrétiens. En vingt-cinq ans, c'était la première fois que le ministère ne comprenait aucun représentant des partis de gauche. Les difficultés économiques expliquent le résultat du scrutin. En une décennie, le commerce avec l'URSS a beaucoup diminué : en 1991, il représentait seulement 5,5 % des exportations, contre 20 % en 1980.