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Astronomie

Reverrons-nous la comète de Halley près du Soleil, en 2061 ? La question vaut d'être posée après la découverte, à son emplacement présumé, sur des photographies à longue pose prises le 12 février par les astronomes belges Olivier Hainaut et Alain Smette à l'aide du télescope danois de 1,54 m de diamètre de l'observatoire européen austral au Chili, d'un halo de poussière de plus de 300 000 km de diamètre, quelque 300 fois plus brillant que l'éclat escompté du noyau de la comète. Peut-être ce dernier est-il entré en collision avec un autre petit corps du système solaire, mais cela paraît très improbable. Il n'existe, en fait, aucune explication satisfaisante de ce brutal sursaut d'activité, mais certains pensent que la comète pourrait bel et bien avoir explosé.

Une planète hypothétique

L'un des autres événements astronomiques majeurs de l'année, tout à fait prévu celui-là, est l'éclipsé totale de Soleil du 11 juillet. Avec une phase de totalité d'une durée maximale de 6 min 53 s, cette éclipse de Soleil s'inscrit parmi les plus longues du siècle, après celles du 20 juin 1955, du 30 juin 1973 et du 8 juin 1937, qui dépassèrent 7 minutes. Il faudra désormais attendre le 13 juin 2132 pour en observer une plus longue. Après avoir commencé, au lever du Soleil, sur l'océan Pacifique, l'éclipsé balaie successivement l'archipel hawaiien, le sud de la Californie, l'Amérique centrale et le nord-ouest de l'Amérique du Sud, pour se terminer au Brésil, au coucher du Soleil. Elle traverse des régions très peuplées, comme la basse Californie et la ville de Mexico, et, pour la première fois, un grand observatoire – celui du Mauna Kea, à Hawaii – se trouve sur la ligne de centralité.

C'est une véritable aubaine pour les spécialistes, puisque les éclipses totales de Soleil constituent des instants particulièrement privilégiés pour étudier l'atmosphère solaire et les nombreux phénomènes qui s'y déroulent. L'élite des astronomes solaires du monde entier se rassemble donc au sommet du Mauna Kea, à quelque 4 200 m d'altitude. La hauteur sur l'horizon du Soleil éclipsé n'y est que de 21°, la durée de l'éclipsé totale n'y atteint que 4 min 12 s et les conditions d'observation s'avèrent finalement moins bonnes que prévu en raison de la présence dans l'atmosphère de nombreuses poussières provenant de l'éruption, quelques semaines auparavant, du volcan philippin Pinatubo.

Des observations au sol sans précédent sont néanmoins réalisées simultanément à des longueurs d'onde de la lumière visible, de l'infrarouge et du rayonnement radio millimétrique. Plus de 6 000 images à haute résolution sont notamment obtenues à l'aide d'une caméra vidéo CCD installée sur le télescope Canada-France-Hawaii de 3,6 m de diamètre, qui devient ainsi le plus grand télescope optique jamais pointé sur le Soleil. Certaines de ces images montrent, pour la première fois, l'évolution temporelle d'un nuage de gaz coronal partiellement ionisé (ou plasmoïde) de 1 500 km seulement de long. Sur des clichés à grand champ de la couronne sont, d'autre part, mises en évidence de nombreuses structures en boucles, enchevêtrées, et les spécialistes notent l'aspect inhabituel de la couronne : les nombreux jets qui la hérissent, caractéristiques d'une période où l'activité solaire est maximale, ne s'étendent pas dans ses régions équatoriales mais dans ses régions polaires.

En astronomie stellaire, trois astronomes britanniques, MM. Balles, A. Lyne et S. Shemar, créent l'événement en annonçant, le 25 juillet, dans la revue Nature, la découverte de la première planète extérieure au système solaire : une planète environ dix fois plus massive que la Terre et vraisemblablement gazeuse, qui tournerait en six mois à 120 millions de kilomètres environ (soit à peu près la distance de Vénus au Soleil) d'une étoile à neutrons, la pulsar PSR 1829-10, située à quelque 30 000 années-lumière de distance, dans la constellation de l'Écu de Sobieski. En fait, l'équipe anglaise a seulement mis en évidence, depuis 1988, des fluctuations périodiques de la cadence du pulsar et, faute d'autre interprétation possible, n'a pu les expliquer de façon satisfaisante qu'en avançant l'hypothèse de la présence, autour de l'étoile, d'une planète ayant les caractéristiques sus-indiquées. Il reste maintenant à expliquer comment une telle planète a pu se former autour d'une étoile « effondrée »... et à observer cette planète !