Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Finalement, la crise du Golfe écarte la banqueroute. Grâce à l'explosion du prix de l'or noir, l'Algérie engrange quelque 2,5 milliards de dollars inespérés qui sont immédiatement affectés au remboursement des dettes les plus criantes comme à la constitution d'un matelas de devises propre à favoriser le passage à l'économie de marché promis pour le début de l'année 1991.

Profitant de la situation, M. Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, rentre au pays le 27 septembre, vingt-cinq ans après avoir été déposé par le coup d'État du colonel Boumediene. Après M. Hocine Aït Ahmed, revenu l'année précédente, il est le dernier leader « historique » de la lutte d'indépendance à rentrer en Algérie. L'ancien président espère bien reprendre une place prépondérante dans l'univers politique de son pays, désormais dominé par la forte présence des islamistes. Son attitude ambiguë à leur égard, comme les liens qu'il a réussi à préserver avec une certaine idée de l'Algérie populaire font présumer qu'il est le mieux à même de rassembler les adversaires du FIS, toutes tendances confondues.

Lui-même ne cache pas que telle est bien son idée, mais l'accueil qui lui est fait n'est pas le triomphe escompté. Si l'organisation de M. Ben Bella, le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA), est convenablement implantée en Oranie, sa contrée natale, la popularité de l'ancien président est beaucoup moins forte dans les autres régions d'un pays où les moins de 25 ans représentent plus de 60 % de la population.

Il faudra certes compter avec MM. Ben Bella et Aït Ahmed, mais, en cette fin d'année, la force politique dominante demeure le FIS de M. Madani, qui aura forcé toute la classe politique à se déterminer en fonction de son existence.

Georges Marion