D'autres réalisations consacrées à des thèmes généraux doivent attirer l'attention. Le 22e Congrès préhistorique de France a rassemblé plus de 700 participants, qui firent le point sur « la vie préhistorique ». Le 4e Colloque d'archéologie musicale, qui avait lieu pour la première fois en France, s'est tenu du 8 au 12 novembre 1990 au Musée des antiquités nationales. À Lattes, une exposition et un colloque ont traité du « goût du cirque à Rome et en Gaule ». À Rouen, la même formule a été retenue pour « le Verre au Moyen Âge en France ». À Saintes, Niort et Agen, l'exposition « Bernard Palissy » a illustré le symbole du héros entre « mythe et réalité ».

Le 27 septembre 1990, la Caisse nationale des Monuments historiques, hébergée dans l'hôtel de Sully à Paris, a inauguré une exposition sur « les Sciences à la recherche du passé ». Pour annoncer les portes ouvertes des monuments historiques et des sites archéologiques du 16 septembre 1990, la chaîne M6 a diffusé cinq clips consacrés à cinq découvertes dues au hasard. Les uns et les autres ont remporté un réel succès.

Archéologie et vie moderne

Mais l'Année de l'archéologie a aussi été le révélateur d'un malaise de l'organisation de l'archéologie, qui subit une crise de croissance sans précédent. En 1959, il y avait 300 archéologues spécialisés en archéologie métropolitaine ; on en comptait 2 000 en 1989. L'instabilité de l'emploi des 1 000 vacataires recrutés, pour les nouveaux chantiers urgents, parmi les étudiants avant même que leur formation universitaire ne soit assurée, a entraîné de grandes difficultés. Les problèmes de fond qui se posent sont, outre ceux du personnel, ceux des relations entre le ministère de la Culture et les Régions, ceux de la complémentarité de la gestion publique, de la gestion territoriale et de la gestion privée dans ce secteur du patrimoine. Une réforme s'impose, celle de la sous-direction de l'Archéologie au sein du ministère de la Culture, appuyée par le Conseil supérieur de la recherche archéologique. Elle est en cours et sera la conséquence de la publicité que les professionnels et le grand public ont faite aux nouvelles exigences de la discipline.

De nouveaux livres sont en préparation ; de nouveaux musées d'archéologie et des aménagements de sites sont prévus dans les années qui viennent au Mont-Beuvray, ancienne Bibracte gauloise puis gallo-romaine, chantier de fouille international et bientôt centre d'une animation archéologique originale, à Arles, autour de son théâtre antique, aux Eyzies, avec un projet rénové, à Bougon, à proximité de la nécropole mégalithique. Dans le même temps, la Bretagne étudie une programmation générale de ses musées archéologiques dans le cadre de la mise en valeur de son patrimoine. Une série de 32 panneaux documentaires résumant l'exposition du Grand Palais doit circuler à partir de 1991 dans les grandes écoles françaises d'archéologie, à Madrid, à Athènes, à Rome, au Caire. Chaque fois, elle sera le point de départ d'une animation spécifique avec conférences, projections de films, exposition complémentaire, rencontres avec les publics et les collègues étrangers.

L'archéologie intéresse les Français. Son intégration à la vie moderne est affaire de volonté, de choix, de jugements nuancés. L'Année de l'archéologie a confirmé que cette évolution correspondait à une tendance profonde des mentalités. La prise de conscience a précipité certains mouvements, en particulier la recherche d'une meilleure adaptation des services administratifs de l'État et une divulgation bien plus large des résultats – ce qui signifie une meilleure compréhension mutuelle entre l'archéologue et son public.

Jean-Pierre Mohen
Jean-Pierre Mohen est commissaire de l'Année de l'archéologie, conservateur général du Patrimoine, directeur du Musée des antiquités nationales, docteur d'État en préhistoire, membre du Conseil supérieur de la recherche archéologique et trésorier du Conseil international des musées.