Chaud et froid

En France, au mois de juillet, aucun incendie de forêt n'a été enregistré jusqu'au 31. Ce jour-là, la situation a brusquement changé ; le feu a pris dans le massif du Tanneron, à l'ouest de Cannes, ainsi qu'en Haute-Corse. Dès le 1^er août, le bilan est lourd : 2 000 hectares sont dévastés dans les Alpes-Maritimes et le Var, 8 000 en Corse ; cinq pompiers ont trouvé la mort au cours de leurs opérations. À partir du 2, les vents violents attisent partout les incendies. On pense que ce serait eux qui auraient mis le feu en balançant et en faisant s'entrechoquer les câbles à haute tension au point de provoquer de fortes étincelles. D'autres hypothèses sont abondamment débattues. En Corse, on met en cause à la fois les bergers pratiquant l'écobuage et les terroristes qui multiplieraient les foyers. M. Haroun Tazieff, secrétaire d'État à la Prévention des risques naturels, reproche vivement la négligence des responsables du débroussaillement ; M. Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, décide alors que les communes en seront désormais chargées.

Dans la semaine du 5 au 10 août, le temps change : il devient plus humide, avec des vents et des orages inhabituels. La neige, tombée en abondance sur les Alpes, bloque des dizaines d'alpinistes et cause la mort de deux d'entre eux.

Le rail déraille

En France, plusieurs graves accidents de chemin de fer viennent d'attirer l'attention sur la sécurité du rail, habituellement considérée comme exemplaire.

Le 8 juillet, à Saint-Pierre-du-Vauvray, dans l'Eure, un train percute un semi-remorque immobilisé au milieu d'un passage à niveau (8 morts) ; le 3 août, près de Flaujac, dans le Lot, une collision frontale se produit entre deux trains (32 morts) ; le 1^er septembre, à Argenton-sur-Creuse, dans l'Indre, un autre accident provoque la mort de 43 personnes. Le 11 septembre, enfin, le train Paris-Lisbonne déraille près de Porto, au Portugal.

En comparant ces chiffres avec ceux du passé, ou avec ceux des pays étrangers, on constate que ce bilan n'est pas le plus dramatique. Mais l'opinion est frappée, au lendemain de la collision de Flaujac, par le retard que l'équipement de sécurité a pris sur certaines voies secondaires, qui souffrent de plusieurs déficiences. À celle de la voie unique, s'ajoute l'absence de block-système et de radiotéléphone à bord des motrices.

La SNCF fait remarquer qu'entre 1976 et 1984 elle n'a eu à déplorer « que » 12 morts sur 6 milliards de voyageurs transportés.

Routine beyrouthine

Au Liban, le mois de juillet a été calme ; les Libanais de l'étranger, comptant sur un mois d'août aussi tranquille, sont venus nombreux passer quelques jours de vacances dans leur pays. Leur désillusion a été brutale.

Le 6, un Front d'unité nationale est constitué entre les mouvements prosyriens. Au même moment, les milices chrétiennes des Forces libanaises se réconcilient avec l'ancien président Soleiman Frangié, allié de Damas. Les négociations qui, initialement, visaient à rétablir le dialogue entre chrétiens et musulmans aboutissent au contraire à l'escalade de la violence, en exacerbant les passions.

Le 9, le duel d'artillerie reprend entre les deux quartiers de Beyrouth ; toutes les armes, lourdes ou légères, sont utilisées : canons, fusées, orgues de Staline. La population se terre et les observateurs étrangers se sentent impuissants. Le 14, une voiture piégée explose à Beyrouth-Est (12 morts) ; le 15, un attentat à la voiture-suicide est perpétré contre un poste de l'armée israélienne ; le même jour, la ville de Tyr est bombardée. Le 16, le président Gemayel tente en vain de dissuader les combattants. Le 17, l'explosion d'une voiture piégée tue 54 personnes à Beyrouth-Est ; le 19, une explosion analogue se produit à Beyrouth-Ouest (29 morts). Les bombardements s'accentuent dans la nuit. Le 20, l'explosion d'une autre voiture piégée touche les bureaux de l'OLP à Tripoli (45 morts) ; le 22, l'aéroport de Beyrouth est atteint.

Le même jour, un accord de cessez-le-feu, qui doit entrer en vigueur après le déploiement d'observateurs syriens à Beyrouth, est annoncé ; il ne semble pas réellement respecté. Le bilan de la quinzaine est de 300 morts au moins (dont la moitié environ est due aux voitures piégées). Le Premier ministre, M. Rachid Karamé, avoue son impuissance, et la population montre son découragement.

Iraq-Iran : l'affaire de Kharg

L'île de Kharg, située au nord-est du golfe Persique, à quelques kilomètres de la côte iranienne, abrite un terminal pétrolier où l'on charge le brut à destination de l'étranger. Le 15 août, l'Iraq annonce avoir détruit les installations et donc les moyens d'exportation de l'Iran. Le raid aérien, qui a lieu la veille de la réélection de M. Ali Khamenei à la présidence de la République iranienne, est présenté comme une grande victoire. À partir du 17, la nouvelle se répand que les dégâts subis par l'île de Kharg sont importants, mais qu'ils ne s'étendent pas à la totalité des installations. D'autre part, l'Iran, conscient de la vulnérabilité du terminal, avait mis en place un système de navette permettant aux clients étrangers de charger dans une zone plus sûre, sur l'île de Sirri, à 350 km plus au sud.

Dans les jours qui suivent, les observateurs constatent la poursuite active des chargements. Pendant ce temps, à défaut de contre-attaque iranienne sur le Golfe, les combats s'intensifient sur terre.

Les Tamouls

À Sri-Lanka, où la minorité tamoule est en conflit avec les Cinghalais, les escarmouches et les attentats sont fréquents. De Madras, en Inde, base arrière des Tamouls, parvient la nouvelle qu'une grande tuerie de civils a été perpétrée les 16 et 17 août par les forces de l'ordre, dans le nord de l'île. La nouvelle est démentie par Colombo, mais, le 18, un train de voyageurs est détourné par les séparatistes et certains trains de nuit sont annulés.

Ces événements retentissent sur les négociations de Thimbu, au Bhoutan, menées sous le patronage de l'Inde entre les deux parties en présence. Entreprises dès le 8 juillet, abandonnées, reprises le 12 août, les conversations deviennent très orageuses à la nouvelle des événements des 16 et 17. Elles sont ajournées sine die le 22. Inquiète des prolongements possibles des troubles sur son territoire, l'Inde adopte alors une attitude moins tolérante à l'égard des Tamouls.

En France, en ce même mois d'août, le démantèlement d'un réseau de trafiquants d'héroïne – la filière tamoule – attire l'attention du public sur les immigrés sri-lankais (plus de 10 000 Tamouls contre quelques centaines de Cinghalais), qui formeraient actuellement la plus grande partie des demandeurs du statut de réfugiés.

Des projets sur la comète

Dans les mois qui viennent, la comète de Halley va se prêter à de multiples observations ; mais, dès le début du mois d'août, elle est déjà visible et peut être photographiée.

Depuis l'année dernière, diverses sondes cosmiques ont pris le départ pour s'en rapprocher plus ou moins prudemment : sondes Véga soviétiques, sondes MTS-5 (Sakigake) et Planet A japonaises, sondes européennes Giotto. Leurs observations doivent confirmer l'hypothèse de l'existence d'un noyau, mais l'opération est difficile : les satellites croiseront au large de l'astre à une vitesse relative énorme (70 km/s environ) et risqueront, s'ils s'en rapprochent trop, d'être broyés par les particules qui forment la queue de la comète.

Le 9 novembre, celle-ci passera par son nœud ascendant et le 9 mars 1986, par son nœud descendant.

Récemment, des chercheurs londoniens ont découvert du « nouveau » sur la comète ; en effet, on s'est rendu compte que le British Museum possédait dans ses réserves des tablettes cunéiformes mentionnant son passage en 164 av. J.-C.

Après Saturne, Neptune ?

Dans la nuit du 19 au 20 août, à l'occasion d'une éclipse, une équipe d'astronomes français et canadiens installés à Hawaii constate la présence d'un objet mystérieux dans les environs de la planète Neptune, à 55 000 – 58 000 km exactement. Quelque chose d'analogue avait été déjà observé en janvier. La nature de l'objet reste à préciser. Il offre une relative transparence, ce n'est donc pas un satellite ; il ne fait pas le tour de l'astre, ce n'est donc pas un anneau ; la « chose » gravitant dans le plan équatorial, il pourrait tout de même s'agir d'une fraction d'anneau, d'un arc, et ce d'autant plus que Neptune semble bien être pourvue d'un système annulaire, à l'instar de quelques autres planètes. La sonde américaine Voyager-2, qui devrait passer à cet endroit en 1989, risque même de se briser dessus.