La deuxième définition du Petit Larousse pour « espion », pourtant pris alors dans son sens dérivé, est sans doute la plus éclairante. « Personne qui épie, observe, cherche à surprendre les secrets d'autrui ». Épier, c'est-à-dire « observer secrètement ». L'espion ne se présente pas pour ce qu'il est. Il se dissimule. Il s'attaque avec des méthodes obliques aux secrets protégés. Le diplomate observe à découvert. L'espion avance masqué. Le diplomate suscite la confiance, l'espion l'endort ou la surprend. La frontière, néanmoins, n'est pas infranchissable.

Tout est objectif pour l'espionnage contemporain. Le renseignement recherché est d'abord politique et militaire. L'espion relaie le diplomate grâce à des confidences sollicitées, des documents subtilisés ou des conversations écoutées. En matière de défense, le renseignement est essentiel. Toutes les armées ont leur propre service de renseignement, dont les services d'espionnage sont souvent issus. Connaître l'organisation militaire de l'adversaire, les idées et les intentions des chefs, le moral des soldats, les concepts stratégiques et tactiques, les caractéristiques du matériel et son état constitue un avantage considérable dans la préparation de ses propres forces.

Le renseignement économique, financier, commercial, technologique n'est pas moins précieux pour les gouvernements d'aujourd'hui. Les conseillers commerciaux, les attachés financiers, les représentants scientifiques et industriels collectent l'information disponible. L'espion cherche à aller au-delà, pour connaître un secret de fabrication, le prix auquel les concurrents d'une entreprise nationale soumissionneront pour un marché public, les aspects confidentiels d'une opération bancaire.

L'épée et la cuirasse : contre-espionnage

Les gouvernements sont conduits à considérer que les puissances étrangères tentent chez eux ce qu'eux-mêmes tentent chez les autres. Au développement des activités des services de renseignement répond le renforcement du contre-espionnage, qui est d'abord une activité de renseignement sur les services d'espionnage adverses dont il faut connaître les structures et les agents. Le second volet de la tâche consiste à surveiller sur le territoire national les secteurs d'activité sensibles, cibles possibles de l'espionnage.

La désinformation

L'importance des médias suscite une guerre de l'information qui ne se limite plus au temps de guerre. Au-delà de la propagande, il y a la désinformation, plus subtile et plus scientifique, qui cherche l'adhésion des esprits et des consciences aux thèses d'une puissance étrangère par la présentation biaisée des événements et le glissement du sens des mots, d'autant plus efficace qu'ils s'opéreront dans les médias de la nation-cible.

Les opérations spéciales

À la frontière de l'espionnage et de l'opération militaire se situent les opérations spéciales, de nature militaire, mais que les gouvernements confient à des unités spéciales, souvent rattachées aux services de renseignements et de contre-espionnage, parce qu'ils ne peuvent en assumer politiquement et juridiquement la responsabilité.

2 – Introduction aux méthodes et techniques de l'espionnage

Le renseignement doit être recherché puis exploité.

La recherche du renseignement.

Pour percer des secrets, il faut les chercher soi-même ou convaincre un détenteur de les livrer. Dérober, copier, écouter. Le vol de documents est une activité classique de l'espionnage. La photocopie a apporté un progrès majeur puisque le document peut être très rapidement copié, ce qui réduit le risque de découverte du vol. Cela présente un double intérêt : celui qui a été volé ne se méfie pas pour l'avenir et il ne renforce pas ses précautions ; surtout, il ne sait pas que d'autres savent, ce qui est la plus grave des faiblesses. La photographie du contenu des valises et mallettes se pratique sur une grande échelle dans les hôtels, les aéroports ou les trains internationaux.

La photographie des sites et des installations sensibles permet de constituer des dossiers pour une éventuelle intervention militaire. Les clichés des équipements et matériels permettront de connaître la défense adverse ou de s'inspirer de ses solutions. Dans le domaine civil, l'espionnage industriel et technologique est en plein développement. L'URSS, en particulier, comme l'ont montré des documents du KGB saisis en France, planifie la recherche du renseignement industriel en fonction de ses objectifs économiques, pour s'affranchir des restrictions apportées par les Occidentaux aux transferts de technologies sensibles et pour pallier le manque de créativité de ses entreprises.