Pour éviter à l'avenir de telles imperfections, le ministère a commencé dès janvier à préparer la rentrée 1984-85, avec des règles de gestion aussi strictes que l'année précédente et en mettant l'accent sur la politique de remplacement des enseignants absents qui va de pair avec la résorption de l'auxiliariat. Les titulaires devront accepter des fonctions de remplacement (éventuellement dans une académie de leur choix) et les remplacements de courte durée seront faits par des professeurs d'une même discipline ou d'une matière voisine du même établissement.

La rigueur reste de mise pour tous les ordres d'enseignement, avec des transferts de postes du premier degré vers les maternelles pour pouvoir accueillir davantage d'enfants. Pourtant, 1 400 classes d'écoles maternelles sont ouvertes, et 1 260 emplois créés dans le secondaire, auxquels il faut ajouter l'octroi aux établissements d'un volume d'heures supplémentaires équivalant à 555 emplois, pour accueillir un total de 12 316 700 élèves (soit 46 800 de plus que l'an dernier) en particulier dans le pré-élémentaire (+ 70 000), les collèges (+ 50 200) et les lycées (+ 33 900). À constater : une nette baisse dans l'élémentaire : – 122 000.

Malgré ces efforts, on relève, d'après les premiers pointages, quelques imperfections : gonflement des effectifs au collège et en terminale ; matières partiellement assurées (tous les quinze jours) ou pas du tout au collège (c'est le cas pour les enseignements artistiques).

À la base de l'édifice

Le document de synthèse de la consultation-réflexion dans le premier degré, à laquelle ont participé 65 % des écoles, met en évidence la réalité de l'échec scolaire : six enfants sur dix seulement arrivent avant l'âge de onze ans en fin de scolarité élémentaire, et près de un sur dix y parvient avec deux ans de retard. Or, un enfant sur deux seulement aura une scolarité normale s'il a redoublé son CP. Parmi les causes : le manque de formation des instituteurs, jeunes pour la plupart (les deux tiers ont moins de quarante ans), la pauvreté des outils pédagogiques, l'hermétisme des instructions officielles, l'insuffisance des moyens matériels, les effectifs trop élevés, le manque de coordination de la recherche pédagogique. Or, l'école devrait « donner une bonne instruction (lire, écrire, compter), éduquer à l'autonomie et à la responsabilité, réinventer l'éducation civique et morale à partir de la vie de la classe ». Le rapport préconise 3 remèdes : la continuité pédagogique (liaison maternelle-CP), le développement du suivi des enfants de cinq à huit ans par un même maître, et l'éducation concertée (coopération avec les parents).

Trois mesures ont suivi la parution de cette synthèse. Tout d'abord, en avril 1984, de nouvelles instructions pour l'enseignement de l'histoire-géographie à l'école primaire. Le programme est vaste (de la préhistoire à nos jours au cycle moyen ; le cycle élémentaire étant destiné à des apprentissages de base, utilisation de cartes, de frises chronologiques), et l'horaire annuel chargé ; 35 heures au CP et 70 heures aux CE et CM.

En juin 1984, parution d'un avant-projet d'arrêté sur la participation. Ce texte prévoit la parité entre parents et maîtres élus au conseil d'école (alors que le nombre des parents était limité à cinq), et l'élargissement des sujets abordés : pas seulement le fonctionnement matériel, mais aussi la pédagogie. Enfin, la décision de porter la formation des instituteurs à quatre ans à partir de 1986. Les futurs instituteurs seront recrutés par concours après un DEUG (diplôme d'études universitaires générales) et suivront ensuite un cycle de deux ans à finalité professionnelle, sanctionné par un diplôme universitaire spécifique. Reste à définir le rôle des écoles normales dans ce nouveau dispositif et le contenu de la formation qu'elles dispenseront. Ce sera chose faite avant la fin de l'année, a promis Jean-Pierre Chevènement. On ignore cependant si le nouveau ministre suivra le chemin tracé par son prédécesseur dans le domaine de la participation des parents. Certains sont pessimistes. Le report à la rentrée 1985-1986 des mesures sur les conseils d'école semble leur donner raison.