Journal de l'année Édition 1984 1984Éd. 1984

Les grands disparus

Jean d'Arcy.

Quand il devient directeur des programmes télévisés en 1952, la Télévision française est encore dans l'enfance : une seule chaîne, 500 000 récepteurs et le tiers seulement du territoire couvert... Il favorise le démarrage de toute une série d'émissions qui connaîtront une grande popularité, depuis La caméra explore le temps jusqu'à Cinq colonnes à la une en passant par Trente-six chandelles. Jean d'Arcy a été aussi à l'origine de l'Eurovision, dont les débuts remontent à 1954. Il quitte son poste en 1959, mais ne cesse pas pour autant de s'occuper de l'audiovisuel : ainsi, c'est lui qui a créé en 1971 la société Multivision, pour la télévision par câble. Il avait soixante-neuf ans. (Paris, le 19-1-83.)

Raymond Aron.

Philosophe, sociologue, professeur, journaliste-éditorialiste, témoin lucide de son époque, il ne succomba jamais à aucune des sirènes idéologiques qui égarèrent si souvent les représentants de l'intelligentsia contemporaine. Ce libéral, cet individualiste était viscéralement hostile à toutes les formes de totalitarisme, qu'elles soient de droite ou de gauche. Il tentait de déchiffrer le destin de notre société à travers les leçons d'un passé amer et les données d'un présent incertain. Raymond Aron, né en 1905, était issu d'une famille juive assimilée ». À Normale supérieure, il fut le condisciple de Sartre qui, lui, « a généreusement usé du droit à l'erreur » des intelligences supérieures. Reçu premier à l'agrégation de philosophie, il commence une carrière universitaire, puis rejoint pendant la guerre le général de Gaulle à Londres, où il est rédacteur en chef du journal France libre. Après la Libération, il enseigne à l'Institut d'études politiques et à l'École nationale d'administration, puis à la Sorbonne et au Collège de France — où il occupe la chaire de sociologie de la civilisation moderne. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1963, il est docteur honoris causa d'une dizaine d'universités. Parallèlement, il poursuit une carrière de journaliste, d'abord comme éditorialiste à Combat, puis au Figaro à partir de 1947. Il quitte ce quotidien en 1977 pour devenir président du comité éditorial de l'Express. À l'exception d'une brève adhésion au RPF en 1947, il ne s'engage pas politiquement. Il se contente de faire œuvre d'historien et d'essayiste dans ses écrits, parmi lesquels Le grand schisme, L'opium des intellectuels, Démocratie et totalitarisme, Penser la guerre : Clausewitz, Plaidoyer pour une Europe décadente et ses Mémoires, parus un mois avant sa mort et qui résument une vie de droiture intellectuelle. (Paris, le 17-10-83.)

George Balanchine.

Merveilleux Balanchine ! Ce danseur et chorégraphe fut un amoureux fou du ballet, mais aussi de la musique, de la beauté, des femmes (il en épousa cinq !), de la bonne chère, de l'esprit, de la vie enfin. Né en 1904 à Saint-Pétersbourg, Georgi Melitonovitch Balanchivadze entre à dix ans à l'École impériale de ballet, passe dans le corps de ballet à dix-sept ans. Il a vingt ans quand Serge de Diaghilev l'engage à Paris comme danseur et chorégraphe dans sa célèbre compagnie des Ballets russes. Balanchine crée alors plusieurs chefs-d'œuvre, dont Le triomphe de Neptune, La chatte, Apollon Musagète (musique de Stravinski), Le fils prodigue (musique de Prokofiev). À la mort de Diaghilev, il fonde sa propre compagnie, puis il émigré en 1934 aux États-Unis. Il ouvre à New York l'École de l'American Ballet, d'où sortiront la plupart des meilleurs danseurs américains. Il fonde en 1948 le New York City Ballet, qui deviendra la plus prestigieuse troupe américaine de danse. Mr. B., comme on l'appelait aux États-Unis, a créé près de cent cinquante ballets (dont le sublime Agon, en 1957), toujours dans la ligne de la plus pure tradition classique, mais enrichis d'éléments stylisés empruntés au folklore ou à la danse populaire moderne. (New York, le 30-4-83.)

Georges Bidault.

Professeur d'histoire et journaliste, il participe, pendant l'Occupation, au mouvement de résistance Combat et entre au Conseil national de la Résistance, qu'il présidera après la mort de Jean Moulin (1943). Il est l'un des fondateurs du MRP en 1944. Ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle en 1945, il remplace celui-ci à la tête du gouvernement provisoire l'année suivante. Il occupe plusieurs postes ministériels sous la IVe République ; devient président du Conseil en 1949-1950. Partisan du retour au pouvoir de De Gaulle en 1958, mais aussi ardent défenseur de l'Algérie française, il est rapidement déçu par la politique algérienne du général. Son opposition active à cette politique le conduit à s'exiler en 1962. Il rentre en France en 1968. Georges Bidault meurt à l'âge de quatre-vingt-trois ans. (Cambo-les-Bains, Pyrénées-Atlantiques, le 26-1-83.)

Louison Bobet.

Le sport français perd, en mars 1983, l'un de ses champions les plus prestigieux en la personne de Louison Bobet, emporté par le cancer à l'âge de cinquante-huit ans.
Né le 12 mars 1925, à Saint-Méen-le-Grand, en Ille-et-Vilaine, fils de boulanger, Louis Bobet — bientôt Louison — va côtoyer la réussite dans le cyclisme grâce à son goût de la lutte, à sa volonté de fer qui lui valent une extraordinaire popularité à une époque où ses rivaux ont pour nom Bartali, Coppi, Magni, Van Steenbergen, Gaul, Koblet, Kubler... Vainqueur du Tour de France en 1953, pour sa cinquième tentative, il récidive en 1954 et en 1955, rejoignant dans le cœur des foules les Pélissier, Leducq, Magne, Vietto, Robic. Son palmarès s'orne encore de victoires dans Milan-San-Remo (1951), le Grand Prix des Nations (1952), le championnat du monde (1954), le Tour des Flandres (1955), Paris-Roubaix (1956), Bordeaux-Paris (1958).
Louison Bobet abandonne la compétition à la suite d'un grave accident de la route en 1961. Il se reconvertit avec succès dans la thalassothérapie à Quiberon, puis à Biarritz. Il laisse le souvenir d'un gagneur, doublé d'un homme extrêmement courtois qui a incontestablement fait beaucoup pour améliorer l'image de marque du sport cycliste. (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques, le 13-3-83.)

Luis Buñuel.

Comme les peintures de Goya ou celles de Picasso, ses films le révèlent espagnol jusqu'au bout de l'âme et du cœur par sa dérision, sa cruauté, sa tendresse, son humour noir, son goût du baroque, du sacrilège, du grotesque, de la violence, de la beauté tragique, de la mort. Il s'est plu à torpiller toutes les valeurs et les conventions d'une société qu'il méprisait cordialement. Cet Aragonais, né en 1900, élevé chez les jésuites et athée « grâce à Dieu » comme il disait, s'installe à Paris en 1925 et se lie avec les surréalistes dont les conceptions marqueront toute son œuvre. Après Un chien andalou (1928) — son premier film, réalisé avec Salvador Dali — vient L'âge d'or, hymne à l'amour inspiré de Sade et de Lautréamont ; ses attaques contre la religion et l'ordre établi suscitent un énorme scandale. En 1930, il retourne en Espagne et se met au service du gouvernement républicain. La victoire du franquisme l'oblige à s'exiler. Il s'installe au Mexique, en 1946. C'est là qu'il tournera quelques-uns de ses plus beaux films : Los olvidados, La montée au ciel, La vie criminelle d'Archibald de la Cruz, La mort en ce jardin, Nazarin. Viridiana, tourné en Espagne, lui vaut la palme d'or du festival de Cannes de 1961. À part L'ange exterminateur et Tristana, les derniers grands films de Buñuel sont français : Belle de jour, Le journal d'une femme de chambre, Le charme discret de la bourgeoisie. Après Cet obscur objet du désir (1977), le cinéaste, qui n'a jamais pris la vie au sérieux, se repose en attendant la mort. (Mexico, le 29-7-83.)

André Chamson.

Écrivain, membre de l'Académie française depuis 1956, André Chamson a été conservateur du Petit Palais de 1945 à 1959 et directeur général des Archives de France de 1959 à 1971. Mais son plus beau titre de gloire est sans doute d'avoir ressuscité, dans certains de ses romans (Roux le bandit, Les hommes de la route, Le crime des justes, La tour de Constance, Les taillons), le passé héroïque et tragique de son pays cévenol. (Paris, le 8-11-83.)

Louis de Funès.

À l'écran, on le voit trépigner, tressauter, piaffer, agiter en tous sens son visage dévoré de tics. Certains lui reprochent d'être un amuseur et non un véritable comique. Qu'importe ! Il a l'art de déclencher les rires. Après des débuts difficiles, il obtient un rôle dans La poison de Sacha Guitry (1951) ; il a alors trente-sept ans. On le voit ensuite, notamment, dans La vie d'un honnête homme, Papa, maman, la bonne et moi, La traversée de Paris, Le gendarme de Saint-Tropez et toute la série des « Gendarmes » réalisée par Jean Girault. Le théâtre lui apporte la consécration avec Oscar, qui deviendra aussi un de ses meilleurs films. Louis de Funès triomphe dans les films de Gérard Oury : Le corniaud, La grande vadrouille, La folie des grandeurs, Les aventures de Rabbi Jacob. Il interprète L'avare, en 1980, sous la direction de Jean Girault. (Nantes, le 27-1-83.)

Hergé.

Il a emmené des dizaines de millions d'enfants visiter le pays du Lotus bleu, celui de L'or noir, le Tibet, la banquise, les mers du Sud. Il leur a même permis de marcher sur la Lune avant Armstrong et Aldrin. Ses héros ? Tintin, l'éternellement jeune reporter en culottes de golf, le petit chien Milou, le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, Dupont et Dupond, la Castafiore... Né en 1907, près de Bruxelles, de son vrai nom Georges Rémi, il publie en 1929, dans le Vingtième Siècle, journal catholique bruxellois, Tintin au Congo, puis Tintin en Amérique. Vingt-trois albums traduits en trente-deux langues ont fait d'un ancien scout belge l'égal de Jules Verne pour la popularité auprès de la jeunesse. (Bruxelles, le 3-3-83.)

Arthur Koestler.

Écrivain et journaliste, né à Budapest en 1905, Arthur Koestler quitte à vingt et un ans l'Europe pour la Palestine, séjourne en URSS (1926) et milite au sein de l'Internationale communiste ; il se bat en Espagne aux côtés des républicains ; condamné à mort par les franquistes, il réussit à s'évader et passe en France, pour ensuite gagner l'Angleterre, où il s'établira définitivement en 1950. Arthur Koestler, témoin lucide de son époque, laisse une œuvre abondante (Un testament espagnol, Spartacus, Le zéro et l'infini, Croisade sans croix, Les somnambules, Le cri d'Archimède, Le cheval dans la locomotive...). Avec Le zéro et l'infini (1941), publié en France en 1945, l'écrivain rompt avec sa foi communiste. Arthur Koestler et sa femme Cinthia se donnent la mort. (Londres, le 3-3-83.)

Léopold III.

L'ex-roi des Belges a dû souvent repenser à ces jours tragiques de mai 1940 où il fit ce qui apparut à beaucoup comme le mauvais choix. L'armée, dont il est le commandant en chef selon la Constitution, ne peut rien faire pour résister à l'avance allemande ; elle va capituler. Léopold III refuse alors de s'exiler avec son gouvernement. Resté en Belgique durant l'occupation ennemie, il acceptera de rencontrer Hitler en septembre 1940 pour essayer d'obtenir la libération des prisonniers de guerre. On lui reprochera par la suite cette entrevue. Comme on lui reprochera son union morganatique, à l'époque la plus sombre de l'histoire de la Belgique, avec Liliane Baels, devenue princesse de Réthy. L'image de la reine Astrid, la première femme de Léopold et la mère de ses enfants, Charlotte, Baudouin et Albert, était restée vivace dans le cœur des Belges ; cette princesse suédoise, aussi belle que populaire, était morte dans un accident de voiture en 1935.
Le roi et sa famille sont, en juin 1944, transférés en Allemagne et gardés par les SS. Libéré en mai 1945, Léopold III veut revenir en Belgique, mais le pays est divisé au sujet de son retour. Un référendum a lieu en mars 1950 : 57 % des Belges se déclarent en faveur de Léopold, mais ce sont surtout les Flamands qui ont voté pour lui. Les Wallons, dans leur majorité, lui sont hostiles. Le roi décide de rentrer tout de même, mais les grèves et les manifestations atteignent en Wallonie et à Bruxelles une violence sans précédent. Comprenant qu'il ne peut régner sur un pays divisé, Léopold III transmet ses pouvoirs à son fils aîné Baudouin. Il est mort à l'âge de 82 ans. (Bruxelles, le 25-9-83.)

Joan Miró.

Il est mort le jour de Noël en emportant peut-être avec lui la vision d'un de ces bonshommes qu'on eût dit dessiné par un enfant ou d'une de ces amibes vagabondes qu'il semait volontiers sur ses toiles, à côté d'étoiles filantes, de quartiers de lune, d'oiseaux, d'yeux, de sexes de femmes... Avec Picasso et Dali, Miró était l'un des trois grands de la peinture espagnole contemporaine. Né à Barcelone en 1893, il avait fait partie du mouvement surréaliste. Sa fantaisie débridée, son goût du merveilleux, l'apparente naïveté de son dessin empêchèrent longtemps qu'on le prenne vraiment au sérieux, et la grande notoriété ne lui vint que vers la soixantaine. Depuis 1975, une fondation porte son nom à Barcelone. (Palma de Majorque, le 25-12-83.)

Jean-Marc Reiser.

Dessinateur bête et méchant, auteur de BD qui soulèvent les cœurs délicats. Fils d'une femme de ménage et d'un père inconnu, il quitte l'école à 14 ans, dessine tout en effectuant de petits métiers pour vivre. Il a 19 ans et il est livreur chez Nicolas, quand il rencontre Cavanna et la bande de l'illustre professeur Choron, alias Georges Bernier. Grâce à ses talents de graphiste, à son humour cruel, il collabore à Hara-Kiri dès la fondation du journal, comme il collaborera à Pilote, à Charlie, à Charlie-Hebdo, au Nouvel Observateur, à l'Écho des savanes. Il publiera aussi de nombreux albums. Mais la BD de sa vie se termine tôt. Reiser est mort d'une méchante maladie — un cancer des os —, à 42 ans. (Paris, le 5-11-83.)

Jean Rey.

L'homme politique belge, né en 1902, découvrit peut-être sa vocation européenne durant sa captivité en Allemagne, de 1940 à 1945. Député, puis ministre (de la Reconstruction en 1949-1950, des Affaires économiques de 1954 à 1958), il préside de 1967 à 1970 la commission des Communautés européennes, où il joue essentiellement le rôle d'un conciliateur et où il se montre partisan de l'élargissement de la Communauté à la Grande-Bretagne. En 1979, il est élu au Parlement européen. (Liège, le 19-5-83.)

Waldeck Rochet.

Né en 1905 dans une famille de sabotiers bourguignons, cet ancien ouvrier maraîcher milite très tôt dans les rangs du parti communiste français. Il y succède en 1964 à Maurice Thorez comme secrétaire général. Il œuvre en faveur d'une politique d'union de la gauche, soutenant la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1965. Il exprime la « désapprobation » du PCF à la suite de l'invasion de la Tchécoslovaquie (1968) par les troupes soviétiques. Une hémorragie cérébrale le laisse paralysé et privé de l'usage de la parole, en 1969. Mais ce n'est qu'en 1972 que Georges Marchais le remplace officiellement à la tête du parti. (Nanterre, le 15-2-83.)

Tino Rossi.

« À M. Tino Rossi, de la part de Julie qui l'aimait. » Un adieu parmi d'autres au petit Napoléon-Noël de la Corse, au chanteur français le plus rétro et le plus constamment populaire, à l'homme à la voix noyée de miel et au sourire charmeur. Quand, en 1933, il fait ses débuts au Casino de Paris (il a alors vingt-six ans), ses admiratrices trouvent qu'il ressemble à Rudolf Valentino « en plus beau ». Cheveux gominés à la mode de l'époque, costume de pâtre corse, il chante Vieni, vieni, O Corse, île d'amour, Vivons la vie, vivons l'amour. C'est tout de suite le succès, amplifié par les films que tournera Tino : Marinella, Au son des Guitares, Naples au baiser de feu, Lumières de Paris, le Chant de l'exilé, Destins... On le verra aussi dans quelques opérettes (comme Méditerranée ou le Marchand de soleil), qui, elles non plus, ne laisseront pas un souvenir impérissable. Qu'importe ! Tino Rossi est devenu une gloire nationale : il chante l'hymne corse à Ajaccio en 1969 pour le bicentenaire de la naissance de Napoléon ; dans cette ville, une place et un boulevard portent son nom depuis 1973. En 1982, le chanteur est élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur. La même année, il fait ses adieux définitifs au public sur la scène du Casino de Paris. (Neuilly, Hauts-de-Seine, le 26-9-83.)

Tennessee Williams.

Un tramway nommé désir, La rose tatouée, La chatte sur un toit brûlant, Soudain, l'été dernier, La nuit de l'iguane... Ces films, tirés de pièces de Tennessee Williams et interprétés par des acteurs prestigieux (Vivien Leigh, Marlon Brando, Burt Lancaster, Anna Magnani, Elizabeth Taylor, Paul Newman, Ava Gardner, Richard Burton), ont fait connaître le dramaturge américain dans le monde entier. Homme du Sud (né en 1911, à Columbus, dans le Mississippi), Tennessee Williams devient célèbre aux États-Unis en 1945, à la suite de la création, à New York, de sa pièce La ménagerie de verre. Ses drames, généralement situés dans le monde décadent et puritain du vieux Sud, mettent en scène des êtres déséquilibrés, à la sexualité agressive ou refoulée. (New York, le 25-2-83.)

Louise Weiss.

Elle était un peu la conscience de l'Europe, de ce continent mal aimé, incompris, culpabilisé, déchiré par des égoïsmes nationaux... Née en 1893 dans une famille bourgeoise, Louise Weiss fait preuve d'audace en passant une agrégation de lettres, puis elle est infirmière pendant la Première Guerre mondiale. Elle crée en 1918 un hebdomadaire, l'Europe nouvelle, et, en 1934, une association pour l'égalité politique des femmes. Elle participe à la résistance lors du second conflit mondial. Après la guerre, elle fonde, avec Gaston Bouthoul, l'Institut de polémologie, puis elle voyage, raconte ce qu'elle a vu dans Les Mémoires d'une Européenne (1893-1975). Bien qu'elle ait déjà composé son épigraphe (« Ci-gît Louise l'Européenne, une Française du xxe siècle, une aristo-prolo, une impie respectueuse... »), la dernière page de sa vie n'est pas encore tournée. Elle publie son premier roman Dernières voluptés à quatre-vingt-six ans, se présente à l'Académie française et se fait élire en 1979 à l'Assemblée européenne dont elle sera la doyenne. (Paris, le 26-5-83.)

Georges Albertini

(71 ans)
Syndicaliste
Paris, 30-3-83
Militant de la SFIO et de la CGT, crée la revue Est-Ouest.

Robert Aldrich

(65 ans)
Cinéaste américain
Los Angeles, 5-12-83
Parmi ses meilleurs films : Vera Cruz (1954), Le grand couteau (1955) et Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962).

Georges Altschuler

(77 ans)
Journaliste
Paris, 9-6-83
Responsable des services politiques sur Europe 1 pendant vingt  ans.

Marcelle Auclair

(83 ans)
Journaliste et écrivain
Paris, 6-6-83
Fonde l'hebdomadaire Marie-Claire ; traduit les œuvres de Calderón et Federico García Lorca.

Georges Auric

(84 ans)
Compositeur
Paris, 23-7-83
Membre du groupe des Six et célèbre également par la musique de nombreux films ; un de ses plus grands succès : Moulin-Rouge.

Wladimir Bakaritch

(71 ans)
Homme politique yougoslave
Zagreb, 16-1-83
Vice-président de la direction collégiale de l'État yougoslave.

Raymond Barrillon

(61 ans)
Journaliste
Paris, 7-7-83
Dirigeait le service de politique intérieure du Monde.

Eugène Beaudoin

(84 ans)
Architecte
Paris, 14-1-83
On lui doit entre autres la cité universitaire d'Antony et la fameuse ZUP de Vénissieux.

Germaine Beaumont

(92 ans)
Journaliste et romancière
Montfort-l'Amaury, 21-3-83
Elle animait l'émission policière Les maîtres du mystère sur France-Inter.

Jacques Benoist-Méchin

(81 ans)
Historien
Paris, 24-2-83
Il défend, durant l'Occupation, la collaboration avec l'Allemagne.

Cathy Berberian

(57 ans)
Cantatrice américaine
Rome, 6-3-83
Une des brillantes interprètes de Monteverdi et Stravinski.

Luc Bérimont

(68 ans)
Journaliste et poète
Paris, 28-12-83
Prix Apollinaire (1959), membre de l'académie Mallarmé.

Antony Blunt

(75 ans)
Londres, 26-3-83
Conseiller artistique de la reine Élisabeth, cet érudit anglais était aussi un espion à la solde de Moscou.

Lucienne Bogaert

(90 ans)
Actrice française
Paris, 4-2-83
Fait partie de la troupe de Jouvet ; on la remarque au cinéma dans Les dames du bois de Boulogne.

Lucienne Boyer

(82 ans)
Chanteuse
Paris, 6-12-83
Parmi ses plus grands succès : Parlez-moi d'amour et Mon cœur est un violon.

Bill Brandt

(79 ans)
Photographe anglais
Londres, 20-12-83

Jean Bruhat

(78 ans)
Historien français
Paris, 11-2-83
La publication du rapport Khrouchtchev en 1956 ébranle ce communiste convaincu, spécialiste de la Révolution française.

Rosy Carita

(60 ans)
Coiffeuse
Créteil, 20-6-83
Son salon, faubourg Saint-Honoré, était devenu le rendez-vous des élégantes du monde entier.

Jean Chastel

(84 ans)
Éditeur
Paris, 20-3-83
Un des fondateurs des éditions Buchet-Chastel.

Barney Clark

(62 ans)
Dentiste américain
Salt Lake City, 23-3-83
Premier homme à vivre avec un cœur artificiel ; il aura bénéficié d'une survie de 112 jours.

Kenneth Clark

(79 ans)
Historien d'art britannique
Londres, 21-5-83
Civilisation, la célèbre série télévisée sui l'art, lui apporte une stature internationale.

George Cukor

(83 ans)
Cinéaste américain
Los Angeles, 24-1-83
On lui doit Le milliardaire avec Marilyn Monroe, My fair lady avec Audrey Hepburn ; en 1982, il présente à Paris son dernier film, Riches et célèbres.

Marcel Dalio

(83 ans)
Acteur français
Paris, 20-11-83
Il doit sa notoriété à Renoir avec La règle du jeu et La grande illusion.

Louis Darquier de Pellepoix

(82 ans)
Ancien commissaire aux questions juives
Espagne, 29-8-1980
Condamné à mort par contumace en 1947 ; il vit en exil en Espagne ; on apprend sa mort le 21 février 1983.

Jack Dempsey

(87 ans)
Boxeur américain
New York, 31-5-83
Champion du monde des poids lourds en 1919 ; il défend son titre en 1921 devant le Français Georges Carpentier, qu'il met KO au quatrième round.

Ahmed Dlimi

(51 ans)
Général marocain
près de Marrakech, 25-1-83
Un des témoins clés de l'affaire Ben Barka ; il trouve la mort dans un accident de la route : la thèse d'un attentat n'est pas exclue.

André Dupont-Sommer

(82 ans)
Orientaliste
Paris, 14-5-83
Professeur au Collège de France ; s'est attaché à l'étude des premiers manuscrits dits de la mer Morte.

Alfred Fabre-Luce

(84 ans)
Historien
Paris, 17-5-83
Écrivain et essayiste, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Journal de la France (1939-1944), J'ai vécu plusieurs siècles...

René Fallet

(55 ans)
Écrivain
Paris, 25-7-83
Prix Interallié en 1964 pour Paris au mois d'août. Auteur du Beaujolais nouveau est arrivé et de La soupe aux choux.

Jean Freustié

(68 ans)
Écrivain et critique littéraire
Paris, 5-6-83
Obtient en 1963 le prix Roger-Nimier pour La passerelle et, en 1970, le Renaudot pour Isabelle ou l'arrière-saison.

Paul Géraldy

(98 ans)
Écrivain
Neuilly-sur-Seine, 9-3-83
Toi et moi, son célèbre recueil de vers, publié en 1913, demeure un succès de librairie.

Denise Glaser

(62 ans)
Productrice de télévision
Paris, 6-6-83
Elle crée en 1959 sa célèbre émission Discorama.

Charles Gombault

(76 ans)
Journaliste
Paris, 19-10-83
Ancien directeur du quotidien France-Soir.

Florence Gould

(87 ans)
Mécène américaine
Cannes, 28-2-83
Le Tout-Paris des lettres se côtoyait dans son célèbre salon parisien.

Augustin Guillaume

(87 ans)
Général
Guillestre, 9-3-83
Il a la tâche désagréable de destituer le sultan du Maroc en 1953.

Keefer Hartline

(79 ans)
Biophysicien américain
Fallston, USA, 18-3-83
Prix Nobel de médecine 1967.

Earl Hines

(77 ans)
Pianiste américain de jazz
Oakland, USA, 22-4-83
Il joue avec Louis Armstrong, Dizzie Gillepsie, Charlie Parker.

Hermann Kahn

(61 ans)
Futurologue américain
New York, 5-7-83
Théoricien de la guerre nucléaire.

Armand Lanoux

(69 ans)
Écrivain
Paris, 23-3-83
Secrétaire général de l'académie Goncourt depuis 1969.

Jacques Lassaigne

(72 ans)
Historien d'art
Paris, 10-2-83
Ancien conservateur en chef du musée d'Art moderne de la Ville de Paris.

Fernand Legros

(52 ans)
Marchand de tableaux
Chasseneuil-sur-Bonnière, 6-4-83
Accusé d'avoir vendu des fausses toiles de maîtres, il défraie la chronique pendant des années.

Donald MacLean

(69 ans)
Diplomate britannique
Moscou, 6-3-83
Un des membres du groupe des « espions de Cambridge » ; il provoque le plus grand scandale d'espionnage de toute la Grande-Bretagne en passant derrière le « rideau de fer » avec son ami et complice Guy Burgess, le 7 juin 1951.

Igor Markevitch

(70 ans)
Compositeur et chef d'orchestre
Antibes, 7-3-83
Il laisse un précieux testament : une édition encyclopédique des symphonies de Beethoven.

Jean Martinelli

(73 ans)
Comédien
Paris, 13-3-83
Ancien sociétaire de la Comédie-Française, il se partage entre le cinéma et la télévision.

Henri Navarre

(85 ans)
Général
Paris, 26-6-83
Commandant en chef en Indochine en 1953 : le désastre de Diên Biên Phu ternit sa carrière.

David Niven

(74 ans)
Acteur britannique
Château d'Olx, Suisse, 29-7-83
Inoubliable Phileas Fogg du Tour du monde en 80 jours, il joue aussi bien dans des films de guerre, comme Les canons de Navarone, que dans des comédies, comme Le cerveau.

Max Olivier-Lacamp

(69 ans)
Journaliste et écrivain
Meudon-Bellevue, 17-6-83
Prix Renaudot en 1969 avec Les feux de la colère.

Achille Peretti

(71 ans)
Homme politique français
Paris, 14-4-83
Compagnon de la Libération, ancien président de l'Assemblée nationale, il était maire de Neuilly-sur-Seine depuis 1947.

Nicolaï Podgorny

(79 ans)
Homme politique soviétique
Moscou, 11-1-83
Président du Présidium du Soviet suprême en 1965, il est évincé de son poste en 1977 et remplacé par Léonid Brejnev.

Dolorés Del Rio

(77 ans)
Actrice mexicaine
Newport Beach, USA, 11-4-83
Elle fait ses débuts à Hollywood en 1925 et tourne, en 1926, son premier grand film, Le prix de la gloire, avec Raoul Walsh.

Maurice Ronet

(55 ans)
Acteur français
Paris, 14-4-83
Rendez-vous de Juillet, Ascenseur pour l'échafaud, Le feu follet révèlent pleinement ses dons d'acteur.

Umberto de Savoie

(78 ans)
Genève, 18-3-83
Fils de Victor-Emmanuel III, roi d'Italie, il vit en exil depuis le 2 juin 1946.

Manuel Scorza

(55 ans)
Écrivain péruvien
Madrid, 27-11-83
Il obtient, en France, son premier succès avec Roulement de tambour pour Rancas (1972).

Anna Seghers

(82 ans)
Romancière allemande
Berlin-Est, 1-6-83
Présidente de l'association des écrivains de RDA, auteur de Les morts restent jeunes, La décision, La confusion.

Idriss Senoussi

(93 ans)
Ancien roi de Libye
Le Caire, 25-5-83
Il avait été déchu le 1er septembre 1965 par un groupe de nationalistes, parmi lesquels on comptait le colonel Khadafi.

Suzy Solidor

(92 ans)
Actrice et chanteuse française
Cagnes-sur-Mer, 31-3-83
Cette artiste de music-hall avait interprété de nombreuses chansons réalistes : Mon légionnaire, Lily Marlène.

Gloria Swanson

(84 ans)
Actrice américaine
New York, 4-4-83
Une des grandes stars du cinéma muet. Elle fait un retour au cinéma, en 1950, dans l'inoubliable Sunset boulevard, de Billy Wilder.

Germaine Tailleferre

(91 ans)
Compositeur de musique
Paris, 7-11-83
Membre du groupe des Six, elle fut l'élève de Koechlin et de Satie.

René Tomasini

(64 ans)
Homme politique français
Les Andelys, 5-5-83
Sénateur RPR, depuis 1965 maire des Andelys, ancien résistant, il fut l'un des fidèles du général de Gaulle.

John Vorster

(67 ans)
Homme politique
Le Cap, 11-9-83
Ancien président de la République sud-africaine.

Muddy Waters

(68 ans)
Chanteur de blues américain
Chicago, 3-4-83
Obtient ses plus grands succès dans les années 60 avec Sail on, I'm a rolling stone.

Rebecca West

(90 ans)
Romancière et critique littéraire britannique
Londres, 15-3-83
Elle écrit plusieurs romans : Le retour du soldat, Le roseau pensant.

Pierre-Richard Willm

(87 ans)
Acteur français
Paris, 12-4-83
Ce séducteur élégant fut le partenaire de Michèle Morgan dans La loi du Nord, d'Edwige Feuillère dans La duchesse de Langeais. Il renonce au cinéma pour se consacrer au théâtre d'amateurs de Bussang, dans les Vosges.