Journal de l'année Édition 1984 1984Éd. 1984

Perspectives

Les dix indicateurs clés

Comment l'économie française va-t-elle se comporter en 1984 ? L'incertitude reste grande. Pour la réduire, le Journal de l'année a demandé aux équipes du Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE) de sélectionner dix indicateurs significatifs. Ces clignotants font l'objet de publications périodiques et de commentaires dans la presse. Les chiffres avancés correspondent, selon le BIPE, à l'évolution la plus probable pour 1984. Le lecteur pourra ainsi estimer lui-même s'ils vont dans le sens d'une amélioration ou d'une aggravation de la situation économique.

Chômage

Les difficultés de l'industrie, l'essoufflement des créations d'emplois du tertiaire ont conduit à un chiffre moyen légèrement supérieur à 2 millions de demandeurs d'emploi en 1982.

La politique économique des deux dernières années est parvenue à stabiliser le chômage, essentiellement par le développement de la formation professionnelle pour les jeunes et des contrats de solidarité pour les plus âgés. Mais le nouveau ralentissement de la production en 1983, la baisse prévisible de la production industrielle en 1984 entraîneront vraisemblablement la disparition de 190 000 emplois en 1984.

En effet, même si la valeur ajoutée par les entreprises s'accroît en 1984, cette augmentation est due à la productivité dans le travail (pour un résultat légèrement supérieur, un nombre d'heures de travail moins élevé est nécessaire). La légère baisse de la durée du travail ne suffit pas à empêcher une diminution des effectifs employés. De plus, les possibilités d'une gestion sociale du chômage, visant à stabiliser le nombre des chômeurs recensés, atteignent leurs limites. Aussi, le nombre des demandeurs d'emploi s'accroîtrait d'environ 300 000 entre décembre 1983 et décembre 1984.

Inflation

L'objectif des pouvoirs publics depuis le printemps 1983 est de ramener le rythme annuel de croissance des prix à la consommation à 5 % en 1984. Cet objectif ambitieux ne sera qu'approché : après s'être inscrit à 9,3 % en 1983, le glissement des prix atteindrait 6,8 % en 1984, soit un accroissement en moyenne mensuelle de 7,6 %. Un certain nombre de facteurs défavorables (prix des importations, situation de trésorerie des entreprises) pèseront sur l'indice, conduisant à un contrôle rigoureux des prix des services et des prix fixés à l'initiative des pouvoirs publics.

La France connaît traditionnellement un taux d'inflation supérieur à celui des principaux partenaires économiques occidentaux. Après une pointe en 1974, les tensions inflationnistes ont été vives en 1980 et 1981, pour se ralentir depuis 1982, accompagnant une décélération mondiale. Notre « différentiel d'inflation » avec l'Allemagne a culminé en 1980 pour diminuer depuis. Il demeure important et aggrave nos difficultés commerciales.

Salaire

Accompagnant la décélération de l'inflation, le taux de salaire horaire connaîtra une croissance inférieure à celle de 1983. Celle-ci reste apparemment très nettement supérieure à la hausse des prix. Mais il ne s'agit que d'une apparence, car il est nécessaire de tenir compte de plusieurs facteurs, baisse de la durée du travail, réduction de la hiérarchie salariale et réductions des effectifs employés par les entreprises.

De ce fait, les salaires bruts versés aux ménages par le secteur privé connaîtraient une progression nettement inférieure à l'inflation. Dans la fonction publique, l'évolution constatée pour les traitements au titre de la seule année 1984 serait fondée sur une norme indicative de 5 %. La perte de pouvoir d'achat de la masse salariale brute versée aux ménages serait ainsi en moyenne de – 0,9 % en 1984.

Consommation

La consommation des ménages résulte des revenus et des comportements d'épargne de l'ensemble des particuliers et non des seuls salariés. En 1984, les revenus des agriculteurs chuteraient à nouveau, de même que le pouvoir d'achat des autres entrepreneurs individuels. Il faut ajouter aux revenus d'activités, qui comprennent également les salaires, les prestations sociales versées (maladie, famille, vieillesse...). Celles-ci augmenteront à nouveau en 1984. Seuls ces transferts sociaux voient leur pouvoir d'achat s'améliorer, et, au total, le pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages baisserait en moyenne de 0,4 % en 1984.