Mais les vrais spécialistes reconnaissent avec modestie que leurs connaissances sur la physique des nuages est trop limitée pour qu'ils soient sûrs des résultats des ensemencements. L'ONM a donc mis sur pied un vaste Projet d'augmentation des précipitations (PAP), auquel participent plusieurs pays, dont la France.

Un site proche de Valladolid (Espagne), choisi après une longue sélection, a été testé au printemps de 1979. S'il est reconnu bon, les ensemencements pourraient commencer en 1981 et se répéter pendant cinq ans, les résultats du PAP pouvant être espérés vers les années 1990.

Pour la grêle, France, Suisse et Italie se sont associées depuis 1977 dans le projet Grossversuch IV qui, chaque été, a pour cadre les environs de Lucerne. Là encore, il faut d'abord comprendre les phénomènes complexes dont les nuages à grêle sont le siège. Ensuite seulement saura-t-on peut-être un jour s'il est possible de lutter efficacement contre la grêle.

Les tremblements de terre d'Algérie, d'Italie et de Grèce

Les tremblements de terre qui ont ravagé la région d'El-Asnam en Algérie, le 10 octobre 1980, et celle de Laviano, en Italie, le 23 novembre, chacun d'entre eux tuant plusieurs milliers de personnes, ont fortement impressionné l'opinion publique française. D'une part, le séisme d'El-Asnam (ex-Orléansville) est la répétition du violent tremblement de terre du 9 septembre 1954 (une même catastrophe au même endroit à vingt-six ans d'intervalle est rare). D'autre part, les magnitudes (7,2 à El-Asnam, 6,8 à Laviano) étaient très élevées pour la Méditerranée occidentale. Enfin, les deux violents séismes ont eu lieu à six semaines d'intervalle, et ni l'Algérie ni l'Italie ne sont très éloignées de la France. La Grèce centrale proche du fond du golfe de Corinthe a subi deux violents tremblements de terre, respectivement de magnitude 6,7 et 6,5, les 24 février et 4 mars 1981. Ressentis jusqu'à Athènes, où ils ont déclenché la panique et endommagé des constructions et quelques monuments antiques, les deux séismes ont tué une vingtaine de personnes et ont fait soixante mille sans-abri. Et, le 11 juin, c'est la province iranienne de Kernam qui est ravagée par un séisme causant 1 028 morts.

Il ne faut pas pour autant en conclure que la Terre en général et le Bassin méditerranéen en particulier sont en pleine crise sismique. Déjà le nombre tout à fait exceptionnel des séismes très meurtriers qui ont endeuillé l'année 1976 avait donné la fausse impression que les tremblements de terre étaient de plus en plus fréquents.

Mouvements

La terre tremble en moyenne 300 000 fois par an (Journal de l'année 1976-77). La plupart de ces secousses, heureusement, ne sont même pas perçues par l'homme ; sur ces 300 000, 150 à 200 engendrent des dégâts plus ou moins graves, et une vingtaine au maximum sont qualifiées de séismes majeurs. En outre, la quasi-totalité des tremblements de terre se produit dans les régions connues pour leur sismicité. L'année 1976 n'était exceptionnelle ni par le nombre ni par la localisation des séismes. En revanche, elle l'a été par le nombre des victimes — 800 000 (si l'on doit retenir les 700 000 victimes du tremblement de terre de Tangshan en Chine). Rappelons que de 1900 à 1975 les séismes avaient fait au total dans le monde 650 000 morts environ. Simplement, si l'on peut utiliser ce terme quand il s'agit d'un bilan aussi dramatique, les tremblements de terre de 1976 se sont produits, par une suite de malheureux hasards, dans des zones peuplées.

Les séismes d'El-Asnam et de Laviano sont, l'un et l'autre, la conséquence des mouvements relatifs des plaques d'Afrique et Eurasie : depuis une dizaine de millions d'années, l'Afrique « monte » vers l'Europe (en Méditerranée occidentale) à la vitesse annuelle moyenne de 1 à 1,5 cm par an. Tout le monde est d'accord sur ce point. Mais l'histoire et la géologie de la Méditerranée sont très complexes : toute une série de blocs ont joué de manières diverses entre les plaques Afrique et Eurasie. Si bien que les zones sismiques, témoins concrets du rapprochement de ces deux masses, ne sont pas situées entre l'Afrique et l'Eurasie, mais dessinent des festons passant notamment par l'Atlas et les Apennins.

Hypothèses

De nombreux géophysiciens et géologues de diverses nationalités, des Français en particulier, sont allés en Algérie et en Italie dans les tout premiers jours qui ont suivi les deux catastrophes. Il était important, en effet, d'étudier les traces qu'un violent séisme peut laisser sur le sol (c'était le cas en Algérie, mais pas en Italie) et d'enregistrer les innombrables secousses — les répliques — qui suivent toujours un tremblement de terre, pour comprendre la structure de la région et les mécanismes sismiques. L'étude de toutes ces observations sera longue. Mais, très vite, les spécialistes sont arrivés à quelques conclusions. Le séisme d'El-Asnam a été produit par un brusque raccourcissement orienté nord-ouest—sud-est, ce qui est logique lorsqu'on se rappelle que l'Afrique « monte » vers l'Europe (c'est sans doute ce qui s'était déjà passé lors du tremblement de terre de 1954). Et ce raccourcissement a lieu dans le nord de l'Afrique.