Pourquoi ce tassement par rapport aux taux annuels, voisins de 10 %, couramment enregistrés pendant la dernière décennie ? Deux raisons : le marasme international et la prudence des investisseurs français.

Suprématie

Les groupes français n'ont pas eu la vie facile à l'exportation. Les marchés voisins (Allemagne fédérale, Grande-Bretagne, Benelux, Italie) sont en crise, et les marchés éloignés (Afrique, Amérique latine, Asie) deviennent progressivement la chasse gardée des exportateurs japonais.

Surtout connues pour leur suprématie dans le domaine du matériel grand public — TV couleurs, magnétoscopes, haute fidélité — les entreprises japonaises se lancent maintenant dans les biens d'équipement électriques, avec une gamme réduite de produits bien adaptés aux besoins locaux et des prix souvent inférieurs d'un quart aux tarifs des concurrents. Ce phénomène ne peut que s'amplifier. Les entreprises françaises ont réussi quand même à exporter, en 1980, 37,5 % de leur chiffre d'affaires, contre 36,4 % en 1979. Mais cette performance sera difficile à rééditer.

Le marché intérieur n'est pas davantage brillant, surtout pour les biens d'équipement. Soucieux de comprimer leurs prix de revient et de maintenir leur activité, les clients de la construction électrique ont d'autres soucis en tête que d'acheter des machines coûteuses ; tout juste consentent-ils des investissements de productivité.

Dans ces conditions, la production de biens d'équipement ne progresse pratiquement plus, alors que celle des biens intermédiaires connaît encore un rythme soutenu. À vrai dire, le seul client qui donne encore satisfaction est EDF, qui injecte des dizaines de milliards de F dans son programme nucléaire, dont un tiers environ revient aux entreprises du secteur. Mais, là encore, les dépenses d'investissement ont atteint leur niveau maximal en 1980 et ne pourront que décroître dans l'avenir si François Mitterrand maintient sa décision de geler les futurs chantiers.

Du côté des biens de consommation, la situation n'est pas davantage satisfaisante. La production a augmenté en 1980 de 1 % seulement. Pourtant, la demande des ménages est encore soutenue, mais c'est la concurrence étrangère qui en profite. Les Italiens et les Allemands taillent des croupières aux Français pour les produits blancs (cuisinière, réfrigérateur, lave-vaisselle, machine à laver le linge) et aussi, fait nouveau, pour le petit matériel électroménager.

On apprenait avec surprise, fin 1980, qu'une firme aussi connue que Moulinex était à vendre. L'âge avancé de son fondateur-président, Jean Mantelet, n'était pas seul en cause. Ce sont surtout les difficultés de cette entreprise, longtemps prospère et représentative d'un certain dynamisme industriel à la française, qui exigent la recherche d'une alliance avec un partenaire plus puissant.

Dans le matériel audiovisuel, ce sont plus que jamais les Japonais qui font la loi, sauf en matière de TV couleurs où l'allemand Grundig et le hollandais Philips réalisent encore des scores intéressants, tandis que le français Thomson-Brandt se défend tant bien que mal. En important notamment des produits japonais.

Finalement, c'est dans le domaine de l'électronique que la France résiste le mieux. En matière d'informatique, des centaines d'entreprises — grands groupes ou simples PME — continuent de participer à l'ascension d'un marché qui croît de 20 % ou plus par an.

Depuis le rachat de la société britannique Ronéo par la CGE, l'entrée de Saint-Gobain-Pont-à-Mousson dans le capital de CII-Honeywell-Bull puis d'Olivetti, et l'association Matra-Harris (Journal de l'année 1979-80), on note toutefois une relative accalmie dans la restructuration du secteur. L'heure est maintenant à la mise au point de stratégies industrielles globales et cohérentes.

Marché

Parallèlement, les informaticiens essaient de tirer parti des possibilités de la micro-informatique pour créer un marché de la bureautique, qu'on dit prometteur, mais qui reste encore mal défini. De même, le mariage du téléphone et de l'informatique donne naissance à un produit hybride, qui a pour nom la télématique.