Le principe des loteries est assez ancien. François Ier, qui organisa les premières, déclarait : « Pendant que mes sujets s'y livreront, ils oublieront fort à propos de s'injurier, de se battre et de blasphémer Dieu. » Mais les loteries connurent diverses vicissitudes jusqu'en 1933, où la Loterie nationale fut organisée sous le contrôle de l'État dans le but de trouver des fonds pour les Associations de mutilés, Anciens combattants et victimes de guerre. Mais, comme pour les courses, le succès de la Loterie nationale allait s'amenuisant d'année en année : le public n'investissait guère plus de 11 millions de F par tirage. Aussi convenait-il de trouver une formule nouvelle susceptible de raviver l'intérêt des candidats à la fortune. Ce fut le Loto, dont le premier tirage eut lieu le 19 mai 1976. On n'avait enregistré alors que 76 000 bulletins — pour 647 000 F —, mais uniquement sur la région parisienne. Le succès n'allait pas tarder : décembre 1976, 1 500 000 bulletins ; fin 1977, 6 000 000 ; fin 1978, 8 300 000 bulletins pour une somme de 79 000 000 F. À la fin de cette année 1978, alors qu'on procédait au tirage du 136e Loto, 300 personnes avaient déjà gagné plus de 80 millions de centimes. Le record fut enregistré le 9 novembre 1977 : un parieur reçut 8 070 154 F !

Signe des temps : alors que le Loto est le premier jeu en France à être entièrement traité par l'informatique, les guérites des marchandes de billets de la Loterie nationale — qui continuent à proposer au public 59 tranches annuelles — ont presque complètement disparu des artères des grandes villes, victimes des règlements de voirie. N'étaient-elles pas pourtant les descendantes de ces colporteurs du XVIIIe siècle qui parcouraient les rues de Paris et de Versailles, proposant aux chalands des billets de la Loterie royale en criant : « Je vends de la chance ! »

Casinos et cercles

Autres marchands de chance : les casinos. La France en compte 147 et leur chiffre d'affaires, en 1978, est considérable : 545 000 000 F. Leader depuis seize ans — il n'a perdu cette situation enviable qu'une saison, au profit du Palm Beach de Cannes —, le casino de Divonne-les-Bains a réalisé un chiffre d'affaires de 81 010 000 F. Le plus humble est le casino de Beausoleil — limitrophe de Monte-Carlo — où les jeux ne se sont élevés qu'à ... 9 000 F !

Dans leurs salles luxueuses, ils proposent au public des jeux de contrepartie — boule, 23, roulette française et roulette américaine, craps, black-jack, 30 et 40 — ou des jeux de cercle : baccara (banque à hauteur limitée ou banque à tout va), chemin de fer.

Dans le souci de préserver le public contre ses propres faiblesses, le législateur n'a pas autorisé le jeu de roulette dans un rayon de 100 km de Paris. Enghien en est donc privé et Forges-les-Eaux est le casino le plus près de la capitale à réunir ceux qui veulent tenter leur chance sur les 36 numéros du tapis vert.

Les cercles — 16 à Paris, 19 en province — sont également des temples de la chance. En principe, entreprises sans but lucratif, ce sont des associations créées selon la loi de 1901. Soumis à une autorisation d'ouverture, comme les casinos, ils proposent à ceux qui les fréquentent tous les jeux dits « de cercle », ainsi que le poker, l'écarté, le multicolor, improprement appelé, parfois, le billard. Leur standing est très différent d'un établissement à l'autre : certains sont extrêmement luxueux, d'autres évoquent la tristesse des tripots clandestins. Le féminisme n'a pas encore réussi à conquérir ces bastions : leur fréquentation est réservée aux hommes.

Avant de quitter le domaine des jeux d'argent, on peut signaler l'existence des machines à sous : leur utilisation reflète bien l'ambiguïté de la législation vis-à-vis des jeux. Leur importation est autorisée — à condition d'acquitter une taxe au Trésor —, mais leur utilisation est interdite. Interdiction théorique puisqu'un grand nombre de machines sont mises à la disposition du public dans des arrière-salles de café. Elles rapportent de 10 000 à 30 000 F par mois à leurs propriétaires, jusqu'à ce qu'ils soient condamnés à une amende et les machines saisies. Les Domaines les revendent... aux mêmes gens qui les réintroduisent dans le circuit.

Billard

À la frontière entre le jeu et le sport, on trouve le billard. Après avoir connu sa période la plus faste à la fin du siècle dernier, ce jeu très ancien a décliné. Il a progressivement disparu des cafés où il était plus rentable d'exploiter un restaurant qu'une salle de billard, mais une centaine d'académies sont encore affiliées à la Fédération française de billard, qui compte quelque 10 000 licenciés. On estime cependant que ce jeu est pratiqué par 100 000 personnes.