La politique de promotion de l'architecture voulue par le président s'appuie sur une série de mesures :
– réforme de l'enseignement ;
– création d'une mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, qui devra briser la routine administrative et organiser l'accès des meilleurs à la commande publique ;
– mise à l'étude d'un centre d'étude et de création architecturale, destiné à compléter la formation des professionnels ;
– application de la loi sur l'architecture et mise en place des conseils départementaux destinés à ouvrir le dialogue avec les usagers.

Enseignement rénové

« Il est essentiel que l'enseignement de l'architecture soit rénové », déclare Valéry Giscard d'Estaing le 20 octobre.

Les modalités de la réforme ont été arrêtées au Conseil des ministres du 16 juillet 1977. Elles se fondent sur le constat du rapport Narbonne remis un an plus tôt au gouvernement. Jacques Narbonne, conseiller d'État, brosse dans ce document de 200 pages un tableau très sombre de cet enseignement qui accueille 15 000 étudiants (au lieu de 4 000 en 1966) dans 9 unités pédagogiques à Paris et 14 en province.

Créées après la suppression du concours d'entrée en 1968, les UP ne sont pas équipées pour former convenablement tous ces étudiants qui se trouvent en fin d'études, selon le rapport Narbonne, « sans formation professionnelle valable ». C'est un « enseignement supérieur facile, ouvert à tous, un enseignement-refuge, submergé par le nombre, d'un faible rendement en diplômes, s'essoufflant au bout de quatre ans et souffrant d'absentéisme ». La critique du système des ateliers dominés par des « patrons » et les excès du dessin académique ont conduit à la prépondérance du discours sur la pratique, au point que certains étudiants n'auront jamais approché une table à dessin.

L'État a renoncé à ses responsabilités, distribuant des crédits importants mais toujours insuffisants face à un organisme dont les effectifs ne cessent de croître. Les propositions du rapport sur l'organisation des études, le statut des établissements et du personnel enseignant sont retenues par le gouvernement, y compris la mesure qui semble la plus impopulaire, celle de la sélection des étudiants en fin de première année.

Sélection

D'ici cinq ans, les 23 unités pédagogiques d'architecture deviendront des établissements publics, ce qui leur donnera une autonomie de gestion et évitera la dilution des responsabilités.

Les études seront organisées en trois cycles de deux ans, avec des matières obligatoires et un contrôle continu commun à toutes les unités pédagogiques. La cinquième année sera consacrée à des stages dans les agences et les entreprises. La thèse de sixième année comprendra une réflexion écrite et un projet architectural très élaboré. Un examen en fin de première année sélectionnera les étudiants aptes à suivre des études d'architecture.

Les enseignants étaient recrutés jusqu'ici par cooptation et sans exigence de diplômes. Le corps enseignant comprendra désormais 50 % d'architectes et 50 % d'universitaires ou de personnalités. Une liste sera définie au niveau national, et les perspectives de carrière seront mieux assurées. Les décrets d'application de ces mesures paraissent au Journal officiel au début de mars 1978, tandis que plusieurs unités pédagogiques sont en grève depuis quelques semaines. Pour protester contre la réforme, un millier d'étudiants manifestent à Paris le jeudi 16 mars et lancent un mot d'ordre de grève générale.

Qualité

Une « mission pour la qualité architecturale des constructions publiques » est créée le 20 octobre, en application du rapport Cornuau (Journal de l'année 1976-77). Présidée par Bernard Tricot, maître des requêtes au Conseil d'État, la mission devra inciter les ministères constructeurs (52 directeurs sont concernés) à sortir de la routine, à encourager l'innovation, briser les monopoles d'architectes mandarins. Un rapport sera adressé chaque année au Premier ministre, à la fois sottisier et tableau d'honneur. L'enjeu n'est pas mince : 10 000 opérations sont engagées chaque année par l'État et les collectivités locales pour un montant de 20 milliards de francs. Au lieu de rééditer dans chaque ville et village de France les mêmes bureaux de poste normalisés, les mêmes collèges banalisés et de monstrueux hôpitaux, l'État devra donner l'exemple de la recherche de la qualité mais aussi de la diversité.