Journal de l'année Édition 1977 1977Éd. 1977

Une coordination internationale devient donc indispensable ; elle permettra seule d'éviter que des millions d'êtres humains ne meurent de faim et que ne se développe une guerre commerciale, et, sans doute, idéologique, entre pays développés.

Au début de 1977, le Conseil économique et social adoptait le rapport Bienaymé, préconisant un développement de la production européenne, et notamment française, de céréales, afin de ne pas laisser aux seuls États-Unis la vocation à devenir le grenier du monde.

Concertation mondiale donc, et, pour cela, il faudra :
– stabiliser les marchés et, sans doute, revoir les règles du commerce international, qui privilégient la spéculation ;
– multiplier les contrats à long terme entre pays exportateurs et pays importateurs ;
– accroître l'aide alimentaire mais aussi l'aide technique agricole ;
– constituer et gérer un stock de produits soumis aux aléas climatiques ;
– enfin, et en priorité, développer les systèmes d'information, afin de pouvoir établir des prévisions fiables, aussi bien dans le domaine de la météorologie que dans ceux de la surveillance sanitaire et de l'estimation des récoltes.

Une meilleure connaissance des différentes données du problème alimentaire mondial est absolument nécessaire. Mais faut-il être pessimiste ? Le second rapport du Club de Rome était, pour sa part, moins dramatique que le premier. Et ces 85 millions de tonnes de déficit ne représentent-ils pas moins de 5 % seulement de la production céréalière (2 milliards de tonnes) prévue en 1985 ? Or, les fluctuations de la récolte annuelle sont de cet ordre de pourcentage, qui peut, également, être affecté aux erreurs d'estimation.

Si les pays en développement modifient l'évolution de leur économie, en privilégiant leur agriculture plutôt que leur industrie, il n'est pas impossible (si l'on en croit le rapport Bienaymé) qu'un tonnage excédentaire identique au déficit prévu soit, en fin de compte, enregistré avant la fin du siècle !