C'est dans le domaine des équipements que le coup de frein a été le plus net. Les dépenses d'équipement n'augmentent que de 11,8 % contre 13,3 % pour l'ensemble. Et, si l'on corrige cette évolution par la hausse des prix prévue en 1977 et par le supplément de hausse des prix intervenu en 1976 par rapport aux prévisions initiales, on parvient à une quasi-stagnation : + 1 %. Et encore ce chiffre ne représente-t-il qu'une moyenne. Si l'on en retire la masse des dépenses des PTT, qui progresse fortement (+ 28 % en valeur réelle), on enregistre une diminution de 9 %. Certains secteurs, comme l'équipement et l'éducation, accusent une chute de 12 à 15 %.

Le Fonds d'action conjoncturelle (FAC), doté de 2,5 milliards de francs d'autorisations de programme, n'a pas de ressources en proportion du problème ainsi posé. Le coup de frein de 1977 semble particulièrement brutal, parce qu'il s'inscrit dans une inflexion à moyen terme. Dans nombre de secteurs, comme l'éducation, l'effort d'équipement physique a été tant bien que mal réalisé. Il s'agit moins maintenant de construire des bâtiments que de peupler ceux qui existent, afin d'éviter les écoles sans maîtres, les hôpitaux sans infirmières, les maisons de la culture sans animateurs. Cet effort-là est moins spectaculaire que de faire couler le béton. Le budget de 1977 ne le réalise pas non plus, puisque, on l'a vu, les créations nettes d'emplois sont inférieures d'un tiers à celles de 1976.

Sacrifices

Étant donné la détermination du Premier ministre, il ne fallait s'attendre, en cours d'année, à rien d'autre qu'aux inévitables ajustements. « La politique de modération de la dépense publique sera poursuivie au-delà de la loi de finances pour 1977, avait-il déclaré : les ouvertures de crédits qui seront demandées en cours d'année seront limitées au maximum, sauf à être compensées par des économies ; les dépenses d'intervention économique de l'État et, en particulier, les concours aux entreprises nationales seront systématiquement réexaminés à l'occasion de l'élaboration du budget de 1978. »

Effectivement, dès février, R. Barre décidait d'économiser 2 milliards de francs sur les subventions versées aux entreprises publiques (près de 20 milliards au total). Compte tenu des contraintes que la désinflation fait peser sur les tarifs publics, il fallait donc commencer à tailler dans le vif, à remettre en cause les grands programmes d'investissement, sans parler des effectifs. Ce genre de sacrifices est plus qu'inhabituel en période électorale. Aussitôt après, le gouvernement admettait cependant que l'équilibre annoncé dans la loi de finances initiale pour 1977 était illusoire, parce que les dépenses avaient été sous-estimées (... en particulier les subventions aux entreprises nationales). Un projet de loi de finances rectificative était donc déposé en mars, avouant un déficit de 10 milliards. Puis le programme pour l'emploi, du 26 avril, portait ce chiffre à 11,8 milliards, car le coût des nouvelles mesures (3,3 milliards) n'était couvert qu'à concurrence de 1,5 milliard par le relèvement des taxes. R. Barre décidait alors de financer ce découvert, à moitié par les bons du Trésor, à moitié par un emprunt de 6 milliards.