Pour les enseignants et les étudiants de droit qui, en raison des grèves, ne veulent plus rester à Nanterre, A. Saunier-Seïté crée une nouvelle UER à l'université René-Descartes (Paris-V), installée dans les anciens locaux de l'École supérieure d'électricité, à Malakoff (Hauts-de-Seine). Les syndicats d'enseignants s'élèvent contre cette décision et accusent le gouvernement de faire un tri idéologique entre bonnes et mauvaises universités.

Trente-cinq professeurs et maîtres-assistants quittent Nanterre pour Malakoff : les étudiants, eux, ne seront qu'un millier sur les six mille inscrits à Nanterre à suivre le mouvement. Ces décisions perturbent l'organisation de la rentrée dans les universités parisiennes, qui ne peuvent accueillir toutes les demandes d'inscription, déjà supérieures à celles de 1975-1976 ; il faut répartir les excédents dans les établissements de la périphérie, Paris-XI (Sceaux), Paris-XII (Saint-Maur), Paris-XIII (Villetaneuse) et... Nanterre.

Austérité

Les universités se heurtent à des difficultés financières de plus en plus critiques. En raison des multiples mouvements de grèves qui les agitent, celles-ci se trouvent dans une position de faiblesse pour demander au secrétaire d'État, défenseur des deniers publics, une augmentation de leurs crédits.

Les subventions de fonctionnement destinées à l'entretien des locaux et au soutien des activités pédagogiques (documentation, travail sur le terrain, traitement de données) sont en retard sur la hausse des prix depuis 1973. Les salaires des personnels absorbent près de la moitié du budget de fonctionnement. Les universités parisiennes qui avaient bénéficié presque chaque année de rallonges plus ou moins importantes sont les plus gênées. Globalement, le montant des subventions de l'État, majoré de 40 % en francs courants depuis 1973, est en réalité amputé de 20 % en francs constants.

À cette restriction des crédits de fonctionnement s'ajoute une réduction des crédits destinés aux heures complémentaires. Le secrétariat d'État décide de limiter leur volume et de les redistribuer au profit des petites universités de province. Mais les critères de cette redistribution sont contestés : ils poussent au retour au cours magistral traditionnel condamné en 1968. Un certain nombre d'universités, notamment les plus importantes, sont contraintes à supprimer des enseignements ou à ne plus payer les collaborateurs extérieurs (vacataires) qui, quelquefois, assurent des services complets d'enseignements. D'autres ne paient plus le téléphone ou le chauffage et tentent de reporter leur déficit d'une année sur l'autre.

Remise en ordre

Alice Saunier-Seïté entend remettre de l'ordre dans les dotations des universités, dont la croissance a été mal contrôlée ; elle doit éponger les avances imprudentes de ses prédécesseurs.

Les premiers établissements touchés sont les Instituts universitaires de technologie (IUT). Accusés de coûter trop cher et d'être mal gérés, ils sont mis en demeure de faire des économies en réduisant leurs horaires d'enseignement. Malgré la vive opposition des directeurs des IUT, Alice Saunier-Seïté supprime, en septembre, 112 postes d'enseignants non titularisés. Elle décide de retirer aux établissements les crédits destinés aux heures complémentaires d'enseignement qui n'étaient pas effectuées par des professionnels comme elles auraient dû l'être.

Ces décisions entraînent la démission de plusieurs directeurs et chefs de département d'IUT, à Clermont-Ferrand, Rouen, Marseille et Grenoble notamment. Elles inquiètent les chefs d'entreprise et suscitent des protestations des présidents des conseils d'administration des établissements. Le secrétaire d'État aux universités finit par accorder, en décembre 1976, une rallonge partielle, qui ramène à 30 % la réduction des heures complémentaires ; elle promet d'augmenter les dotations si les établissements recrutent davantage de professionnels. Si les protestations continuent, les grèves se seront finalement limitées à quelques IUT particulièrement touchés, comme celui de Marseille. Le secrétaire d'État accepte de faire quelques concessions : le 3 décembre 1976, elle réunit les commissions pédagogiques des IUT pour :
– revoir les programmes ;
– étudier un meilleur équilibre entre les enseignements fondamentaux et d'application ;
– définir l'importance des stages.