L'un des projets finalement retenus pour Marne-la-Vallée témoigne de la nouvelle école : celui de l'AREA (Atelier de recherche et d'étude d'aménagement). Mais la tendance s'impose, au début de 1975, lors de la septième session du Programme architecture nouvelle. Cette consultation est organisée par le Plan construction (association de plusieurs ministères et administrations) pour faire connaître de jeunes architectes, les mettre en contact avec des constructeurs et leur donner l'occasion de réaliser leurs idées sur le terrain. En quatre ans, une cinquantaine d'équipes ont été lauréates du PAN : le tiers d'entre elles a pu réaliser au moins une opération, quelque 3 000 logements au total. Mais, surtout, ces compétitions aident à la maturation des idées nouvelles. Ce fut le cas lors de la septième session, jugée au début de 1975.

Décor

Plutôt que de chercher à exploiter techniques et matériaux nouveaux, les lauréats de cette session se sont attachés à proposer une idée de ville, ou au moins un décor, si l'on en croit leurs détracteurs. Recherchant dans les formes de la ville ancienne les secrets de son charme, ils proposaient des places fermées de toutes parts par des bâtiments bordés d'arcades (Groupe pour l'architecture et l'urbanisme, de Roland Castro) ; des rues fortement différenciées suivant qu'elles étaient accessibles aux voitures ou non (M. Devillers, F. Dugeny) ; des logements aux formes très dessinées qui découpent la façade de l'immeuble grâce à des avancées ou à des bow-windows (Yves Lion, Jean-Paul Rayon) ; des immeubles enserrant une place-jardin (Christian de Portzamparc). Dans chacun de ces projets, on discernait le retour à une esthétique et à un formalisme oubliés, le souci de plaire, si ce n'est, parfois, la tentation de se faire plaisir. Mais ces études, souvent un peu scolaires, ont-elles une chance d'être appliquées ? Un petit chantier sera peut-être ouvert ici ou là. Mais le plus intéressant à suivre sera celui des coteaux de Maubuée, dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée.

Parallèlement à ce mouvement esthétique, une autre tendance beaucoup plus modeste se manifeste. Inspirée elle aussi par les souvenirs de la ville traditionnelle, elle consiste à se glisser discrètement dans les cités existantes, sans ostentation et sans éclat. À l'occasion de la session du Programme architecture nouvelle consacrée aux villes moyennes, on a ainsi vu des projets de maisons mitoyennes d'un ou deux étages, aux façades étroites, qui transcrivent dans un langage architectural contemporain les proportions des maisons sans prétention que l'on trouve dans la plupart des villes de province.

Des applications pratiques de ces recherches, marquées par la simplicité, sont étudiées à Amiens ou à Saint-Omer. Elles se réalisent à Fécamp. Un concours pour des maisons de ville a d'autre part été lancé par la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, dans la région parisienne. C'est un signe. Enfin, la dernière session du PAN, jugée au début de 1976, est un panaché de toutes ces tendances : recherche d'un nouveau formalisme, souci de simplicité et d'effacement, etc.

Liberté

En marge de ces recherches formelles, qui restent un peu théoriques malgré les efforts de l'administration et de certains constructeurs, quelques expériences ou propositions visent à donner plus de liberté à l'habitant, à l'usager du logement. Certains architectes ont par exemple imaginé, depuis quelques années déjà, de construire des immeubles où l'emplacement des cloisons intérieures, et donc la distribution des pièces, ne serait pas fixé à l'avance. Cela s'est fait notamment à Montereau (Seine-et-Marne), au Vaudreuil, près de Rouen, ou au Val d'Yerres, dans la banlieue sud de Paris. Parfois, la place des pièces d'eau (cuisine et salle de bains) est imposée en raison des contraintes techniques ; parfois, comme au Val d'Yerres (architecte, Georges Maurios), ces pièces elles-mêmes peuvent être déplacées, les gaines d'alimentation en eau étant réparties dans tout l'appartement à l'intérieur de poteaux de béton. Mais le succès de ces tentatives originales est très inégal. Mal préparés à décider de la forme de leur appartement, les habitants se retranchent dans leurs habitudes et recopient souvent le logement banal.