Catastrophe due à la malhonnêteté d'un promoteur : La tour infernale, de John Guillermin, où le feu dévore, là encore à grands frais pour la production, un building de 138 étages, le soir de son inauguration. Catastrophe due à une défaillance humaine, 747 en péril, de Jack Smight, où un Boeing géant est coupé en deux par un petit avion de tourisme. Catastrophe encore, mais ici pimentée d'un fantastique jouant à fond la corde de la superstition la plus barbare, dans L'exorciste, que les Français ont accueilli sans guère d'évanouissements, mais avec une curiosité morbide très rentable pour le film.

Catastrophes à grand spectacle, comme le petit écran ne pourra jamais en offrir et qui, sans doute, sont l'une des armes dans la lutte du grand contre le petit écran. Catastrophes-défoulement aussi, sans doute, pour un public relativement inquiet et qui vient, en masse, avoir peur dans les salles obscures pour être davantage rassuré dans la vie. Catastrophes d'ailleurs suffisamment maîtrisées, dans l'ensemble, pour que l'on sorte rassuré : Charlton Heston ou Paul Newman, il y a toujours un superman généreux pour éviter le pire, au prix des prouesses les plus spectaculaires.

Rétro

Le cinéma américain n'en oublie pas pour autant la mode rétro qui lui avait réussi l'année précédente : d'abord, il mobilise aux côtés des héros musclés de ses films-catastrophes le ban et l'arrière-ban des stars d'autrefois : Fred Astaire, Jennifer Jones, Ava Gardner. Ensuite, il continue à jouer la carte franche du rétro. Dans un supermontage, d'abord, des grands films musicaux de la Belle Époque : Il était une fois à Hollywood, où Jack Haley Jr, en hommage à la MGM, compose un superbe bouquet de musicals, des années 30 à aujourd'hui. Les morceaux d'anthologie les plus connus (le Gene Kelly de Chantons sous la pluie, l'Esther Williams des grands jours et son ballet nautique) y voisinent avec des films ignorés ou oubliés, notamment celui où Clark Gable lui-même joue les boys dansants. Aussi vivifiant pour les nostalgiques du passé que pour les jeunes.

Mais quand le cinéma d'aujourd'hui se mêle de recréer celui d'hier, il est moins heureux. Ni le Gatsby le Magnifique de Jack Clayton, où Robert Redford et Mia Farrow, dans de superbes décors et de ravissants costumes, s'efforcent en vain de ressusciter l'univers de Scott Fitzgerald, ni Le crime de l'Orient-Express, où Sydney Lumet, avec tout un train de vedettes d'hier (Lauren Bacall, Ingrid Bergman) ou d'aujourd'hui (Anthony Perkins, Vanessa Redgrave), met laborieusement en images l'un des plus célèbres récits d'Agatha Christie, n'ont convaincu. Plus séduisant, Billy Wilder, parce qu'il met de l'humour, évoque le monde de la presse des années 30 dans Spéciale première, avec la malicieuse complicité de Jack Lemmon et de Walter Mathau. Bob Fosse, dans Lenny, se penche sur le music-hall des années 50 et donne à Dustin Hoffman un rôle à sa mesure. Une réussite à l'encontre du Funny Lady d'un Herbert Ross complètement fourvoyé, où Barbra Streisand (que l'on a pu voir également dans l'insignifiant Ma femme est dingue, de Peter Yates), affublée d'invraisemblables couvre-chefs, tente de ressusciter l'une des stars chantantes des années folles.

À signaler encore le retentissant échec d'Otto Preminger, encore un des grands du Hollywood de naguère, qui a voulu dans Rosebud se mettre au goût du jour en parlant d'enlèvement d'otages par un commando palestinien, et qui fait tristement naufrage.

Parodie

Le rétro, en revanche, a particulièrement inspiré un nouveau venu dont on parle de plus en plus : Mel Brooks. Après le succès de Le shérif est en prison, une parodie complètement loufoque des westerns de jadis, il a, cette année encore, soulevé l'enthousiasme des foules avec un pastiche humoristique des films d'horreur : son Frankenstein junior, tourné en noir et blanc dans des décors authentiquement rétro, conserve et développe le même sens du clin d'œil, du coq-à-l'âne, du farfelu, et l'Amérique (puis la France) courent y rire. C'est l'apothéose du comique juif new-yorkais, lancé naguère par Woody Allen.