Journal de l'année Édition 1975 1975Éd. 1975

Outre une meilleure information (on pourrait dire éducation) des tribunaux de commerce, le rapport prévoit le pompier pour éteindre le feu. Il s'agit, en l'occurrence, d'une clinique pour grands malades, pudiquement baptisée agence, destinée à « assister à la reconversion ».

Réactions

Multiple, mesuré, équilibré, le rapport Sudreau suscite des réactions conformes à son contenu. La CGT parle de « bluff et réalités » et la CFDT « attend de juger sur les actes », mais l'une et l'autre sauront défendre, le moment venu, les têtes de chapitre qui les intéressent (et elles ne manquent pas). Les autres syndicats sont relativement satisfaits, la CGC et FO se montrant particulièrement sensibles à l'idée de cosurveillance.

Côté patronal, on se retranche largement derrière la priorité des mesures de redressement économique par rapport à un train de réformes sociales, trouvant en cela un allié objectif en la personne d'Henri Krasuki, secrétaire confédéral de la CGT, qui voit dans le projet un « moyen dérisoire de détourner l'attention de l'austérité ». Mais, derrière le rideau de fumée des mots, chacun affûte ses armes dans l'attente du débat à l'automne, devant le Parlement.

La lutte sera chaude car Giscard ne veut pas d'une réformette et, tout en brandissant la priorité à l'efficacité que commande la récession, le patronat a le sentiment de devoir faire plus qu'un geste. On peut donc imaginer que, si les montages intellectuels séduisants, comme la cosurveillance et la sanction des erreurs de gestion patronales, risquent d'en rester au stade des bonnes intentions, des progrès sensibles seront réalisés, notamment dans le domaine de l'organisation du travail et du renforcement du pouvoir de contrôle salarial.

Il y aura donc inévitablement des mécontents. Mais la voie est ouverte : le rapport Sudreau a peut-être une chance de ne pas être relégué aux oubliettes.