Cette fièvre passe bien au-dessus du philatéliste moyen : il a noté, une fois de plus, en achetant son catalogue annuel, que sa propre collection n'augmentait pas... ou si peu, en dépit de la dévaluation de la monnaie.

Les éditeurs de catalogues paraissent bien décidés à ne pas tenir compte de cette dévaluation et à ne pas redonner aux timbres une ascension normale. Ils se contentent de remarquer que la hausse « en stagnation depuis cinq ans, a repris »... Ils ajoutent qu'elle « affecte surtout les timbres du XIX^e siècle ». C'est justement dans cette période que se situent les grosses valeurs recherchées.

Par contre, les deux timbres Croix-Rouge 1963 étaient cotés l'un et l'autre 2 F en 1970. Ils sont toujours cotés 2 F sur le catalogue 1974. Pour les cotiers, le franc n'a pas bougé depuis cinq ans.

L'année philatélique a été marquée par l'inauguration, le 18 décembre 1973, du nouveau Musée postal, 34, boulevard de Vaugirard, à Paris. Quinze salles d'exposition, disposées en hélice sur cinq étages autour d'un axe central, des techniques audio-visuelles font de cette réalisation un musée dynamique, complété par les divers services. Un beau résultat sans nul doute. Mais certains vieux philatélistes regretteront l'ambiance plus feutrée de l'ancien musée.

Expositions

Des mouvements divers ont été provoqués par l'annonce très officielle (elle émane du ministre des PTT lui-même) de la mise en circulation de documents philatéliques destinés à financer la future exposition internationale Arphila 75 Paris. Les protestataires (ils sont très nombreux) font valoir qu'une fois de plus on fait appel à leur porte-monnaie. Sans doute, personne ne les oblige à acheter ces documents. Mais un collectionneur finit toujours, ou presque, par acquérir ce qu'on lui présente comme un complément de sa collection. Peut-être aurait-on pu trouver d'autres sources de financement.

D'autres expositions ont, comme disent les spécialistes, « démontré la belle vitalité de la philatélie ». Ibra Munchen, notamment, s'est révélé un gros succès pour les organisateurs allemands. Et les Français y ont, pour leur part, tiré brillamment leur épingle du jeu. En effet, la trentaine d'exposants qui représentaient notre pays à cette grande manifestation internationale ont remporté 21 médailles : 5 d'or, 7 de vermeil et 9 d'argent.

On sait que les collectionneurs se tournent de plus en plus vers les thématiques. La FIP (Fédération internationale de la philatélie) s'en est émue et elle a décidé de codifier les collections thématiques. Mais la définition qu'elle propose n'est pas des plus claires. En effet, le règlement FIP explique qu'il existe dans ce domaine deux catégories de collections : la thématique proprement dite et la collection sur un sujet.

Pour la FIP, la thématique proprement dite consiste à rassembler des timbres ayant un même thème, alors que la collection sur un sujet est une réunion de timbres à propos d'un thème. Par exemple, on décide de faire une thématique roses : dans le premier cas, on rassemblera tous les timbres représentant des roses ; dans le second, on pourra grouper des timbres se rapportant plus ou moins à la rose (joaillerie, parfums, verrerie, etc.).

Escroquerie

Mais la FIP a des préoccupations plus sérieuses. Elle continue à se battre contre les émissions pirates, véritable plaie. Plusieurs pays, d'ailleurs, ont décidé de revenir à une conception plus saine du commerce des timbres, et ils ont dénoncé des accords passés avec des firmes qui finissaient par émettre n'importe quoi et parfois même sans en aviser les pays intéressés.

On est même allé plus loin. Un journal suisse, qui, pour fêter son 75^e anniversaire, lançait un concours dont les prix étaient 12 000 timbres en or émis spécialement par un État africain, a constaté que l'or n'était que... du papier doré. La police a arrêté l'escroc, un Bulgare naturalisé uruguayen, qui s'était servi d'une fausse autorisation pour faire imprimer ces timbres en faux or. Le personnage en question n'en était pas moins le représentant officiel de l'administration postale de plusieurs pays.