Le prix du coton a augmenté jusqu'à un niveau record jamais atteint. Des inondations très importantes dans la région du Mississippi et au Pakistan ont réduit sensiblement les récoltes. Au Brésil, principal producteur de l'hémisphère Sud, les cultivateurs abandonnent de plus en plus la culture du coton en faveur de celle des fèves de soja, plus rémunératrice en raison du niveau élevé des prix. Les stocks mondiaux de coton ont sensiblement diminué : d'après certaines estimations, ils seraient à peine suffisants pour couvrir la consommation de trois mois environ.

Diminution également importante des stocks des Commissions de la laine en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. Les producteurs de laine australiens s'orientent vers d'autres productions qu'ils estiment plus rémunératrices, telles que la viande et les céréales.

Le marché des fèves de soja a particulièrement pâti de la décision prise par les États-Unis de n'exécuter que la moitié des commandes d'exportation reçues (de juillet à septembre 1973), pour ne pas mettre en péril l'approvisionnement du pays. Néanmoins, la production mondiale, pour la saison 1973-1974, devait atteindre un volume record (accroissement d'environ 22 %), dû principalement à l'extension des superficies consacrées à la culture du soja aux États-Unis et au Brésil.

Pénurie

L'évolution des prix des métaux non ferreux a elle aussi contribué au boom des matières premières, relèvent les experts de la Kredietbank dans un second chapitre.

La hausse a été favorisée principalement par les conflits sociaux et politiques dans les régions de production, la forte demande, la situation statistique des métaux non ferreux, la dépréciation de facto de la livre sterling et la diminution des stocks à la Bourse des métaux de Londres.

Les États-Unis ont décidé, au début de décembre 1973, de supprimer tous les blocages de prix existants (décidés pour lutter contre l'inflation) pour presque tous les métaux non ferreux ; cette mesure devait garantir l'approvisionnement intérieur. Au marché des métaux à Londres, les achats de cuivre et de zinc à très court terme ont été interdits (à l'exception de ceux effectués au titre d'opérations de couverture) afin d'enrayer les innombrables opérations spéculatives. Ces deux exemples illustrent bien l'insuffisance des offres, qui se traduit par la forte hausse des prix. La menace d'une réelle pénurie subsiste.

Après sa baisse impressionnante en 1970, suivie de deux ans de stagnation, le prix du cuivre a triplé en dix-huit mois. Une nouvelle augmentation de 60 % intervient lors de la réunion à Vienne, en mai 1974, des quatre grands exportateurs. Ces hausses sont notamment dues :
– à la reprise de la demande ;
– à des difficultés de transport en Zambie et au Canada ;
– à des grèves dans des mines au Chili (à l'occasion desquelles le cas de force majeure a été invoqué pour justifier l'absence des livraisons prévues dans les contrats) ;
– à des conflits sociaux dans des raffineries en Europe ;
– à la fermeture de la plus grande raffinerie du Japon pour la préservation de l'environnement, etc.

Le boom du zinc est sans aucun doute dû à une pénurie de métal. Cette situation est la conséquence de l'important accroissement de la demande tandis que la production diminuait ; de 1970 à 1972, un certain nombre de limitations de la capacité de production des fonderies a eu lieu aux États-Unis pour la protection de l'environnement.

La hausse spectaculaire, soit le doublement des prix de l'étain, est provoquée par la forte demande des pays industrialisés, un accroissement de la spéculation, la dépréciation de la livre sterling et la diminution du volume du stock de sécurité. Bien que les États-Unis en aient mis sur le marché d'assez grandes quantités provenant de leurs stocks stratégiques à des prix en hausse, ceux-ci ont continué à augmenter vigoureusement sur les marchés de Penang (Malaisie) et de Londres.

Les ventes des stocks stratégiques des États-Unis n'ont pas eu les conséquences graves que certains milieux pouvaient craindre, voire fortement redouter ; il faut toutefois tenir compte du fait que ces ventes sont échelonnées sur une assez longue durée.