Bien qu'elle n'ait pas été sanglante, l'opération menée le 5 septembre contre l'ambassade de l'Arabie Saoudite à Paris suscite un très large retentissement. Cinq fedayin qui se réclament de l'organisation Châtiment occupent la chancellerie et menacent d'exécuter une dizaine d'otages si la Jordanie ne libère pas un dirigeant du Fath, Abou Daoud. Le roi Hussein refuse d'obtempérer, tout comme le roi Fayçal, qui s'abstient d'intervenir. Ce sont les autorités françaises, en fin de compte, qui préviennent un bain de sang, en permettant aux terroristes de quitter le pays avec leurs otages de nationalité saoudienne. Ces derniers sont libérés au Koweït le 8 septembre, en échange de quoi leurs ravisseurs obtiennent un sauf-conduit pour quitter le pays.

D'autres fedayin (qui prennent cette fois-ci le nom d'Aigles de la révolution palestinienne) enregistrent, en revanche, un succès éclatant le 28 septembre. Pour obtenir la libération de trois juifs soviétiques et d'un douanier autrichien, pris en otage à la frontière austro-tchécoslovaque, le chancelier Kreisky supprime les facilités de transit accordées par l'Autriche aux émigrants israélites d'URSS, de Pologne, de Roumanie et d'autres pays communistes.

Contre-terrorisme

Cependant, les terroristes qui détournent le 25 novembre un Boeing 747 de la KLM, assurant la liaison Amsterdam-Tokyo, relâchent leurs captifs sans obtenir satisfaction. L'attentat le plus sanglant reste sans conteste celui qui est perpétré le 17 décembre à l'aéroport de Rome. Trente et un passagers d'un avion de la Pan American incendié par un commando périssent carbonisés. Les terroristes, qui s'emparent d'un appareil de la Lufthansa, atterrissent au Koweït, où ils échangent leurs otages contre leur liberté.

Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) du Dr Georges Habache revendique, pour sa part, deux attentats : l'un, le 31 décembre, a failli coûter la vie à Joseph Sieff, président de la chaîne de magasins londoniens Marks and Spencer ; l'autre, le 31 janvier, a abouti à la destruction de certaines installations pétrolières à Singapour. Le 17 janvier, l'organisation de Habache annonce qu'elle renonce aux détournements d'avions et aux attaques contre les aéroports pour se consacrer à des opérations plus utiles à la cause palestinienne. À la mi-mars, Yasser Arafat lance un appel à tous les groupes de la résistance, leur demandant de s'abstenir, sous peine de sanctions, de toute opération extérieure sans l'autorisation préalable de la direction de l'OLP.

À partir de cette date, les attentats, hors des limites de la Palestine, cessent comme par enchantement. Il est vrai aussi que le contre-terrorisme pratiqué par des Israéliens avait également cessé dès avant la guerre d'octobre. L'assassinat de l'Algérien Mohamed Boudia, à Paris, le 28 juin 1973, du Marocain Ahmed Bouchiki à Oslo, le 21 juillet, l'interception par l'aviation israélienne d'une Caravelle libanaise le 12 août, dans le but de capturer Georges Habache (lequel avait annulé in extremis sa réservation), n'avaient d'ailleurs engendré aucun résultat positif pour les autorités de Jérusalem.

Ces dernières affrontent, dès la fin de la guerre d'octobre, une nouvelle phase de la guérilla palestinienne, dont le principal objectif est de susciter la terreur dans les territoires occupés et, surtout, en Israël même. Le 5 décembre, une bombe lancée sur un autocar au nord-est de Tel-Aviv fait 15 blessés. Le gouverneur militaire de Naplouse, le colonel Eliezer Segev, est grièvement blessé le 8 décembre par une grenade. Le 9 février, une Israélienne est tuée près de la frontière libanaise par un obus de bazooka. Quatre jours plus tard, un soldat et une femme sont tués par des fedayin dans le même secteur.

Massacres

Les attentats les plus spectaculaires, et les plus sanglants aussi, se produisent cependant en avril, mai et juin. Plusieurs groupes de fedayin du FPLP, sous le commandement général d'Ahmed Jebril, occupent, le 11 avril, des maisons de la ville israélienne de Kyriath Shmoneh, s'emparent d'otages et exigent la libération de cent Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. L'opération se solde par un massacre : 18 civils, pour la plupart des femmes et des enfants, ainsi que les terroristes sont abattus. Douze arabes et un juif sont grièvement blessés, à Jérusalem, le 18 avril, par une bombe à retardement. Trois soldats israéliens sont tués et 4 autres blessés, le 24 avril, par l'explosion d'une mine près du village d'Akraba.