Congrès de transition avait annoncé le président sortant, A. Malterre (seul candidat à la présidence, qu'il abandonnera en 1975). Congrès de compétition, aurait-il fallu dire. Car les discussions ont été plus animées et la contestation plus dure. Elles ont rappelé parfois celles de 1969, qui avaient abouti à une scission avec la création de l'Union des cadres et techniciens de Gilbert Nasse.

Sur le fond de sa doctrine, la CGC est demeurée fidèle à ses principes traditionnels : respect d'une juste et nécessaire hiérarchie des salaires, refus de toute augmentation de la pression fiscale, participation effective à l'encadrement des entreprises. La querelle n'était donc pas doctrinale, mais traduisait une opposition entre les hommes.

Sévèrement battus, les opposants à A. Malterre reprochaient à leur président de manquer de dynamisme et de donner les mêmes orientations à la CGC depuis vingt ans alors que le « monde change ». Ils ont déclaré vouloir rester dans une opposition constructive et qu'ils jugeront Corentin Calvez, Ménin et De Santis (nouveaux délégué général et secrétaires généraux adjoints), leurs vainqueurs du jour, à l'action qu'ils mèneront au cours des deux prochaines années.

En fait, chacun a cherché à préparer une succession qui demeure ouverte et sans dauphin désigné.

Secteur privé

La contestation n'exclut pas la négociation. Au contraire. Le bilan des négociations est loin d'être négligeable. Au niveau national interprofessionnel, il semble maintenant acquis que les partenaires sociaux se rencontrent régulièrement. C'est ainsi qu'en mai la réunion tenue entre le CNPF et les cinq grandes centrales syndicales a débouché sur un accord de principe portant sur le calendrier de la poursuite des conversations. Quels sont les thèmes de la négociation ? On peut en distinguer notamment quatre principaux :
– les conditions matérielles d'exécution du travail manuel (environnement, bruit, sécurité, etc.) ;
– l'organisation du travail, ce qui inclut trois sous-rubriques : celle de la parcellisation des tâches, avec son contraire, l'enrichissement de ces dernières ; corollaire de ces deux thèmes, le rôle de la maîtrise ;
– l'aménagement du temps de travail, ce qui amènera à discuter l'exercice du travail posté (3 × 8, horaires décalés, etc.), l'établissement éventuel d'horaires flexibles et, bien entendu – pour les mères de famille et les travailleurs les plus âgés –, la question du travail à temps partiel ;
– l'évolution des rémunérations et de leur structure, notamment en ce qui concerne le salaire au rendement et le travail aux pièces, qui sont à la base de la plupart des mouvements revendicatifs actuels.

À la veille des vacances, il apparaissait que l'ensemble des discussions pourrait aboutir à un accord cadre dégageant les grandes orientations à appliquer dans chaque branche industrielle.

Mais c'est peut-être au niveau de certaines branches professionnelles que le développement de la négociation est le plus spectaculaire. Ainsi dans la métallurgie, branche qui avait naguère la réputation d'être une de celles où la négociation était la plus formelle, la liste des accords est particulièrement importante :
– accord des 11 et 13 décembre 1972 sur le champ d'application des conventions collectives de la métallurgie ;
– accord du 22 décembre sur les appointements minimaux des ingénieurs et cadres (avec une clause d'augmentation de 10,13 % par rapport à 1972) ;
– accord du 2 mars 1973 sur les garanties d'emploi pour les ingénieurs et cadres (régime des mutations, préavis et indemnités de licenciement) ;
– accord du 11 avril sur la formation professionnelle : extension aux collaborateurs du régime applicable aux cadres ;
– accord du 25 avril portant sur :
la durée du travail : réduction d'une demi-heure à une heure le 1er septembre, d'une demi-heure le 1er décembre et d'une demi-heure le 1er mars 1974 ;
l'emploi : renforcement du rôle des commissions paritaires de l'emploi et de la consultation syndicale ; relèvement des indemnités dues aux salariés déclassés ;
– accord du 27 mars sur l'extension du système de pré-retraite aux chômeurs âgés de plus de 57 ans.
– Il faut enfin mentionner l'accord le plus important, en discussion depuis plusieurs années : celui qui concerne la refonte des classifications. La nouvelle grille s'échelonne entre les coefficients 135 et 235 (contre 100 à 170 pour la hiérarchie actuellement en vigueur), alors que les fédérations CGT, CFDT et FO réclamaient 140 à 240.