Société

Le « death control » version moderne de l'euthanasie, devient une donnée économique

Accusée d'euthanasie – elle avait mis fin aux jours de sa mère atteinte d'une maladie incurable –, une femme médecin est condamnée, le 21 février 1973, par le tribunal de Leeu-warden-en-Frise (Pays-Bas) à une semaine de prison avec sursis. La loi (elle remonte à 1886) prévoit pour ce délit une peine maximale de 12 ans d'emprisonnement.

Le procès a provoqué de vives polémiques ; de nombreux médecins hollandais ont demandé que l'euthanasie ne soit plus considérée comme un crime lorsqu'elle est un acte de pure pitié. Le ministère de la Santé publique a publié un rapport sur l'éthique médicale qui laisse une place importante à la responsabilité humaine :
– un médecin qui se croit moralement obligé de transgresser la loi doit pouvoir justifier de son acte par des arguments convaincants ;
– un médecin n'est pas tenu d'utiliser tous les moyens médicaux mis à sa disposition pour prolonger l'agonie d'un malade si ce dernier en a fait une demande expresse et légalement valable.

Le problème de l'euthanasie n'inquiète pas seulement les esprits aux Pays-Bas. Des associations américaines réclamaient dès 1903 le droit pour le médecin d'accorder à un mourant l'euthanasie agonique, sous le contrôle d'un comité d'au moins quatre personnes. Le Congrès américain s'y refusa. En Allemagne, en Angleterre et en France, c'est partout le même refus d'admettre l'euthanasie comme légale. Cependant, depuis le début du siècle, tous les procès qui s'y rapportent se sont conclus soit par l'acquittement, soit par des peines légères. Un tribunal belge a même prononcé un non-lieu.

L'euthanasie agonique rendue légale ne risque-t-elle pas de devenir une justification de l'euthanasie sociale ou eugénique que Nietzsche réclamait pour les « parasites de la société » ? Le régime hitlérien, qui a fait de l'euthanasie eugénique une des bases de son système raciste en demeure l'illustration la plus tragique.

Les découvertes scientifiques et médicales, qui progressent si vite et permettent de reculer l'échéance fatale, imposeront peut-être à la société des choix qui risquent de reposer le problème de l'euthanasie. Mais en termes économiques cette fois.

Une étude du ministère de la Santé, en France, démontre qu'il est plus rentable d'améliorer les examens des femmes enceintes que de créer des centres de réanimation post-natale. En effet, surveiller les femmes enceintes c'est diminuer le nombre de naissances d'enfants anormaux ; par contre, réanimer un enfant malformé, c'est fabriquer un handicapé à vie qui coûtera très cher à la collectivité sans rien lui rapporter. En Angleterre, un mot terrifiant est né : death control, ou le contrôle de la mort.

Les matériaux légers remettent en cause les immeubles-tours

Les hauteurs ne cessent d'augmenter et de ce fait les tours deviennent de plus en plus vulnérables aux effets du vent. Construits avec des matériaux toujours plus légers, ils résistent difficilement aux oscillations. Un gratte-ciel de 44 étages a dû être évacué, à New York, au cours d'une violente tempête. Dangereuses pour la construction, les oscillations provoquent aussi aux locataires de sérieux malaises : vertiges, maux de tête, nausées sont les symptômes les plus fréquents. Le problème prend d'importantes dimensions ; et le célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) enquête sur ce phénomène nouveau, qui remet en cause à la fois la concentration urbaine dans les immeubles-tours et leur technique de construction.

Une offensive contre le repas traditionnel

Importé des États-Unis le fast-food livre bataille en Europe. Suède, Belgique, France, Suisse, Allemagne sont devenus les champs clos de cette guerre silencieuse. Les hostilités doivent s'ouvrir en Italie, Espagne et Hollande, très prochainement. Le fast-food – ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre – est un restaurant qui propose une boisson et toujours les mêmes plats (hamburger, poulet frit, pommes frites, pâtisserie et glace industrielles), servis dans du papier ou des barquettes de plastique. On consomme debout avec ses doigts. Coût ? le hamburger : 1,80 F, le poulet : 4,60 F. L'affaire est sérieuse. C'est tout le problème de la restauration collective (12 millions de repas pris hors du foyer, chaque jour) qui risque de se modifier. À ce prix, un repas chaud reviendra moins cher que le classique sandwich et le demi de bière. Des firmes importantes et des banques ont commencé à investir ; le groupe Dreyfus, Goulet-Turpin, Nestlé, les Wagons-Lits, PLM, Jacques Borel ; des Américains, la chaîne Mc Donald et la Générale Mills, ainsi que des Britanniques (First Hornes Foods) se lancent sur le marché européen. Lyon, Créteil, Grenoble, Paris et plusieurs autres villes ont vu s'ouvrir fin 1972 leur premier fast-food. 1973 est l'année de la grande offensive.

Le déficit immunitaire sévère et les bébés bulles

À l'hôpital Saint Luke de Houston, David naît le 21 septembre 1971, atteint de déficit immunitaire sévère. Privé des défenses naturelles – anticorps et lymphocytes – qui permettent de résister aux maladies infectieuses, il vit depuis sa naissance emprisonné dans une bulle en plastique parfaitement stérile. De longues mains en caoutchouc adaptées à la bulle permettent aux infirmières et aux médecins de s'occuper de lui. Pour survivre, tout contact avec le monde extérieur lui est interdit. Seule, une greffe de la moelle osseuse peut le sauver. Les centres de transplantations d'organes, dans le monde entier, sont alertés ; des milliers de fiches sont étudiées dans l'espoir de découvrir le donneur idéal dont les tissus correspondent à ceux du petit David. En attendant, David grandit avec sa bulle. Chaque week-end, on le transporte, pour sa plus grande joie, dans la maison de ses parents. Médecins, psychologues et psychiatres l'observent. Il le considèrent comme un enfant précoce. David est-il condamné par la science à passer sa vie isolé du monde derrière un écran de plastique ? Sur le plan technique, rien ne s'y oppose.