C'est donc dans un climat de campagne électorale quasi permanente que s'inscrivent les deux autres caractéristiques fondamentales de la situation française à la veille de l'été 1971, telles qu'elles ont surgi peu à peu au fil de l'année écoulée. La première réside dans le développement de l'économie, les progrès structurels et qualitatifs plus encore que quantitatifs, qui placent la France parmi les nations industrielles avancées. Certes, elle n'y tient pas la tête du peloton, ses succès sont fragiles, des crises — monétaire, sociale, financière, etc. — peuvent surgir, elle demeure très vulnérable et les ambitions inscrites dans le VIe Plan seront difficiles à réaliser. Il reste que la ligne de crête est franchie, au-delà de laquelle le sous-développement est désormais dépassé, et cela au moment où l'entrée dans le Marché commun de la Grande-Bretagne et de ses trois associés, l'évolution de la politique énergétique et méditerranéenne bouleversent tout le contexte extérieur.

Mais c'est aussi le moment où la contestation de la société atteint un degré de virulence jusqu'ici inconnu dans notre pays, comme d'ailleurs dans les autres nations évoluées. Une tendance qui n'est pas encore une force et dont nul ne peut prédire l'avenir apparaît sur l'échiquier politique à la gauche du parti communiste. La tentation est grande pour des catégories sociales habituellement paisibles de recourir à la violence. La police, la justice sont discutées. Les uns redoutent que cette mise en cause débouche à terme sur une coagulation des thèmes d'agitation et de revendication en une vague de mécontentement et finalement de désordre anarchique qui ouvrirait la porte à toutes les aventures ; les autres craignent, au contraire, que le pouvoir, par réaction, se raidisse au point d'aboutir à un régime autoritaire.

Telles sont les trois données nouvelles — électoralisme permanent, essor économique et violence diffuse — qui ont dominé le débat politique en 1970-71 et qui, par-delà les variations de l'humeur des Français, rendent mieux compte du climat et de l'époque que l'analyse minutieuse des événements de cette année en France.

La guerre d'Algérie a coûté la vie à 24 614 français

Bilan (Journal officiel du 24 janvier 1971) des pertes françaises subies (au combat, par attentat et accident) au cours des opérations de maintien de l'ordre en Afrique du Nord.

– Algérie (1-XI-54 au 19-III-62) 24 614 morts, dont 1 114 de maladie, 64 985 blessés, sur un effectif de 2 millions d'hommes.

– Tunisie (1-I-52 au 31-XII-57) 246 morts, 190 blessés, sur un effectif de 250 000 hommes.

– Maroc (1-I-53 au 31-XII-58) 1 031 morts, 1 242 blessés, sur un effectif de 400 000 hommes.

Les États-majors des formations politiques
Parti communiste (PC)

Secrétaire général : Waldeck Rochet.

Secrétaire général adjoint : Georges Marchais.

Parti socialiste unifié (PSU)

Secrétaire national : Michel Rocard.

Parti socialiste (PS)

Premier secrétaire : François Mitterrand.

Parti radical

Président : Maurice Faure.

Secrétaire général : J.-J. Servan-Schreiber.

Centre démocrate (CD)

Président : Jean Lecanuet.

Secrétaire général : Pierre Abelin.

Centre Démocratie et Progrès (CDP)

Président : Jacques Duhamel.

Secrétaire général : Jean Poudevigne.

Centre national des indépendants-paysans (CNIP)

Secrétaire général : Camille Laurens.

Union pour la défense de la République (UDR)

Secrétaire général : René Tomasini.

Union de la gauche Ve République

Secrétaire général : Philippe Dechartre.

Fédération nationale des Républicains indépendants (RI)

Président : Valéry Giscard D'Estaing.

Secrétaire général : Michel Poniatowski.

Alliance républicaine pour les libertés et le progrès

Président : Jean-Louis Tixier-Vignancour.