Les résultats obtenus sont déjà probants. On peut citer deux exemples : dans le parc national de la Vanoise, après avoir franchi les limites du parc italien du Grand Paradis, les bouquetins ont fait leur réapparition. Dans celui des Pyrénées, où l'isard peut désormais se reproduire en toute liberté, l'augmentation du cheptel a provoqué le retour des gypaètes barbus, prêts à foncer sur les isards accidentés ou malades et à rétablir ainsi le nécessaire équilibre de la nature.

En France, les parcs nationaux actuellement aménagés sont ceux de la Vanoise, dans les Alpes — on voudrait déjà l'amputer pour installer une station de sports d'hiver —, le parc des Cévennes, celui des Pyrénées et Port-Cros. De nouvelles réalisations sont à l'étude : les parcs du Mercantour et des Ecrins.

Les parcs régionaux représentent une autre forme de réserves protégées. Ils ne sont pas fermés et n'ont pas de frontières visibles. On risque de s'y promener sans rencontrer d'animaux sauvages ailleurs que dans les enclos (d'ailleurs très vastes). Apparemment, rien ne distingue un parc régional, si ce n'est des pancartes disposées ici et là.

Mais la nature y est tout de même protégée. Si on y pénètre sans aucune difficulté, si on peut s'y installer librement, on doit néanmoins se soumettre à certaines obligations. La création d'entreprises industrielles y est désormais interdite, sauf dans des ces d'intérêt public ou lorsque leur installation ne peut provoquer la moindre nuisance. On ne peut modifier le paysage par la construction intempestive de bâtiments ou la création de voies particulières. Les plans d'eau, les rivières, les forêts ne doivent pas être souillés. En revanche, des voies forestières y sont tracées, des sites aménagés, des centres d'initiation à la nature ou d'information installés, des réserves botaniques créées, les ressources naturelles mieux exploitées ou mises en valeur.

La gestion et l'animation du parc naturel régional doivent être assurées par les collectivités (département, communes) et par la population elle-même, après approbation d'une charte constitutive.

Huit parcs nationaux ont déjà été créés ou sont en voie d'achèvement : Saint-Amand-Raimes (Nord), Armorique (Bretagne), Brière (Pays de Loire), forêt d'Orient (Champagne), Morvan (Bourgogne), Vercors (Rhône-Alpes), Landes (Aquitaine) et Camargue (Provence-Côte d'Azur).

D'autres parcs régionaux seront aménagés en Lorraine, Vosges du Nord, Normandie, Maine, Auvergne, haut Languedoc, Aveyron, Luberon, Le Pilat et la Corse. Ils couvriront au total 1 800 000 ha, environ 3 % du territoire.

Si l'on ajoute aux parcs nationaux et régionaux les réserves privées, telles celles de Saint-Augustin ou du Tertre Rouge, on pourra admettre que la France comble le retard pris dans la protection de la nature et que, sur ce plan au moins, la lutte contre la pollution est bien engagée.

Zoologie

Invasion de lemmings en Norvège

La Norvège a dû faire face, au cours du mois de septembre 1970, à une invasion massive d'un genre particulier, inconnu dans les réglons plus méridionales : une invasion de lemmings. Ceux-ci sont de petits rongeurs des contrées arctiques, apparentés aux campagnols. L'espèce principale, le lemming des toundras (Lemmus lemmus), long d'une quinzaine de centimètres, a un beau pelage bariolé, jaune vif, avec des taches noires sur le dos et la tête.

Ce petit mammifère mène, la plupart du temps, une existence discrète sur les hauts plateaux de Scandinavie. Tous les trois ou quatre ans, cependant, sa densité augmente considérablement : les lemmings se mettent alors en route vers le sud. C'est ce qui s'est produit en 1970, qui restera l'une des grandes années à lemmings du siècle. L'invasion a été si importante que les Norvégiens ont dû utiliser des balayeuses pour dégager les routes submergées par les rongeurs.

Fécondité anormale

La cause de ces pullulations est encore mal élucidée. Jadis, on croyait que les lemmings tombaient des nuages. Ensuite, toutes sortes de phénomènes physiques et astronomiques furent invoqués. En fait, la cause profonde de ces invasions semble d'ordre alimentaire : certains végétaux contiennent des substances susceptibles d'augmenter l'activité des ovaires des femelles des rongeurs. Lors des années à lemmings, on constate justement que leurs femelles mettent bas, au lieu des deux portées habituelles de cinq jeunes, quatre portées de six à huit rejetons. C'est donc la qualité et la quantité de la nourriture qui seraient à l'origine de ces invasions.