Cette certitude est confirmée par le fait que les molécules identifiées dévient le plan de la lumière polarisée, les unes à droite, les autres à gauche (on dit qu'elles sont respectivement dextrogyres et lévogyres).

Or, la matière vivante n'utilise — dans les composés qui présentent ces deux structures optiques — que la forme lévogyre. Si, par exemple, on place une bactérie dans une solution d'un composé dont elle se nourrit normalement, mais qui, synthétisé en laboratoire, présente un mélange en quantités égales de molécules droites et gauches, les enzymes de la bactérie n'agissent que sur les molécules lévogyres. Cette asymétrie des réactions biochimiques constitue un des problèmes posés dans l'étude de la vie et de ses origines.

Les biochimistes qui recherchent les origines de la vie estiment, à la suite d'Alexandre Oparine, que les acides aminés ont été synthétisés avant l'apparition des organismes vivants, dans les conditions primitives de l'atmosphère terrestre (Journal de l'année 1969-70). La découverte de Cyril Ponnamperuma prouve qu'ils peuvent aussi se former dans des conditions qui existent ou ont existé ailleurs dans l'espace cosmique.

Gérontologie

Les problèmes du troisième âge

Le recensement de 1968 a dénombré 6 680 000 Français âgés de plus de 65 ans, et 9 300 000 de plus de 60 ans, soit le cinquième de la population totale du pays. Depuis 1957, le pourcentage des plus de 65 ans par rapport aux adultes de 20 à 64 ans a augmenté de 15 %. Ces chiffres n'ont rien d'exceptionnel ; l'ensemble des pays industrialisés compte de 9 à 14 % de personnes âgées.

On ne parle plus de vieillards, mais de personnes âgées, de personnes du troisième âge. Ceux que l'on appelait autrefois brutalement les vieux constituent désormais une masse de population dont l'influence économique, sociale, culturelle, voire politique ne peut plus être négligée.

Les problèmes qu'ils posent dans les sociétés industrielles fortement urbanisées sont gigantesques. Parce que les familles rurales ont émigré en masse dans les petits appartements des villes, des aïeuls sont esseulés dans les campagnes, ou expédiés dans des maisons de retraite plus ou moins confortables, quand ce n'est pas simplement à l'hospice, aux côtés des miséreux, ou à l'hôpital psychiatrique avec les malades mentaux. Pour éviter ces mouroirs, comme les appellent certains sociologues, on commence à construire des foyers-logements qui devraient permettre aux personnes âgées de finir dignement leur existence dans un cadre familier, entourées de soins diligents. Mais ce type de logement, comme l'aide ménagère et l'hospitalisation à domicile, reste exceptionnel. Sur les quelque 220 000 personnes de plus de 75 ans qui sont hébergées en collectivité, bien peu bénéficient de ces prestations modernes. 765 000 autres vivent seules, on imagine dans quelles difficultés matérielles et quelle anxiété.

Le problème du logement des personnes âgées reste directement lié à celui de leurs ressources. C'est une question qui prend des tours à la fois passionnels et dramatiques dans presque tous les pays très développés : elle est à l'origine des débats qui opposent patronat et syndicats ouvriers sur l'âge de la retraite. Abaisser l'âge de la retraite, c'est faire supporter par un nombre plus restreint d'actifs un nombre grandissant de retraités, dont les ressources n'en seront pas moins fortement diminuées et dont les moyens d'existence resteront aléatoires.

10 francs par jour

En France, 26 % des retraités du régime général de la Sécurité sociale, 22 % des vieux commerçants, 58 % des exploitants agricoles, au total 2 300 000 personnes âgées vivent avec des ressources moyennes de 10 francs par jour.

Un colloque qui s'est déroulé en mai 1971 à Florence sous l'égide du Centre International de gérontologie sociale sur le thème de Travail et vieillissement a dressé un tableau assez inquiétant de la situation des vieillards dans les sociétés réputées avancées.

Contrairement à une opinion répandue, l'accroissement du nombre des personnes âgées (2,5 % en moyenne par an) n'est pas dû à un accroissement de la longévité, mais à une stagnation de la natalité. Le même progrès médical, social et culturel, qui permet à un nombre grandissant d'hommes et de femmes d'atteindre un âge avancé, incite les jeunes couples à limiter le nombre de leurs enfants.