Après avoir essayé les systèmes d'accostage, ainsi que les liaisons électriques et télémétriques entre les deux engins et effectué de nombreuses vérifications servant à la mise au point de la station, les trois hommes ont regagné le sol le 25 avril. Obéissant à des ordres envoyés du sol, Saliout s'est transféré sur une orbite plus haute (249-269 km), où il semble prêt à accueillir d'autres visiteurs.

Ils arriveront, au nombre de trois, le 7 juin (ils ont été satellisés la veille à bord de Soyouz 11) : le cosmonaute Gheorgui Dobrovolski (43 ans), qui commande l'équipage, et deux ingénieurs : Viktor Patsaïev (38 ans) et Vladislav Volkov (36 ans), un ancien du vol groupé des Soyouz 7, 8 et 9 (Journal de l'année 1969-70).

Pour la première fois, la télévision diffuse des images de cosmonautes en période d'accélération, et les hommes ne semblent nullement incommodés. Plus tard on verra les hommes au travail dans la vaste salle de Saliout, où, parfois, ils sont assis comme dans un laboratoire terrien.

Pour la première fois aussi, les cosmonautes ont revêtu des combinaisons qui exercent sur leur organisme des contraintes mécaniques contrebalançant l'absence de pesanteur. Régulièrement contrôlés, les paramètres physiologiques se montrent satisfaisants.

Leur mission ne se limitera pas à la mise au point de l'engin. Elle comporte tout un programme d'application astronomie, physique atomique, biologie, études sur l'atmosphère et sur le sol (océanographie, étude des ressources terrestres, etc.).

Le 29 juin, le programme ayant été entièrement mené à bien, l'équipage reçoit l'ordre de regagner la Terre. Le matériel de recherche et les livres de vol sont transférés du Saliout dans le Soyouz. Celui-ci se sépare sans difficulté de la station orbitale et prend le chemin du retour à 20 h 28 (heure de Paris). Le vol se déroule sans incident jusqu'à la rentrée dans l'atmosphère. À ce moment, selon les premières informations diffusées par Tass, le contact radio est perdu, ce qui est normal. Mais quand la cabine atterrit en douceur, à 23 h 35, elle contient trois cadavres. L'enquête commence aussitôt pour déterminer les causes de cette tragédie, la troisième depuis le début de l'ère spatiale, après la mort de trois Américains brûlés vifs dans une cabine Apollo et celle d'un Soviétique, tué à l'atterrissage de Soyouz 1.

Malaise à la NASA

Les coupes sombres opérées dans le budget de la NASA ont réduit considérablement les activités de la recherche spatiale américaine ; le malaise est grand au sein de cet office. Le 28 juillet, son directeur, le Dr Thomas Paine, s'est démis de ses fonctions (rappelons que von Braun avait cessé de jouer un rôle technique l'année précédente : il occupe un poste administratif à Washington). En tout, satellites militaires compris, 29 lancements ont eu lieu aux États-Unis du 1er juillet 1970 au 30 juin 1971. Pendant la même période, l'Union soviétique a lancé 88 engins, soit un tous les quatre jours (voire trois par semaine en octobre, dont un satellite biologique en présence du président G. Pompidou). En outre, la NASA a connu une catastrophique série noire, d'importants et coûteux lancements ayant échoué : celui du satellite astronomique OAO (dont la perte représente, à elle seule, 15 % de son budget annuel) ; la mise en orbite géostationnaire des trois satellites Intelsat 3 (commercial, de télécommunications), Skynet 2 (télécommunications militaires, britannique) et le premier Imews (militaire, destiné à l'observation permanente de l'URSS et de la Chine).

Les derniers « Apollo »

Ayant réussi d'emblée les vols préparatoires et le débarquement lunaire lui-même, la NASA disposait d'un stock de fusées Saturn 5 (lanceur qui n'est plus fabriqué) et de vaisseaux Apollo dont elle espérait accroître la maigre charge utile au fil des lancements. L'accident d'Apollo 13 (Journal de l'année 1969-70) a réduit à néant ces projets : d'élémentaires mesures de sécurité adoptées pour les missions ultérieures ont alourdi l'engin (290 kg supplémentaires pour Apollo 14) et absorbé la marge potentielle de charge utile.