Journal de l'année Édition 1970 1970Éd. 1970

Dix d'entre elles se font représenter à la septième session du Conseil national palestinien, au Caire, du 30 mai au 5 juin 1970. À l'issue de débats orageux, trois organismes, destinés a favoriser l'unification, sont créés : un comité central, un commandement militaire unique et un comité jordano-palestinien pour une action populaire commune. Mais le jour de la clôture des travaux, un représentant du Front populaire de la libération de la Palestine (FPLP), principal rival du Fath, annonce que son mouvement entend, d'une manière formelle, conserver en partie sa liberté d'action et affirme que sa participation au nouveau comité central n'est que symbolique.

Le FPLP, ainsi que le FPDLP (Front populaire et démocratique pour la libération de la Palestine) manifestent leur indépendance quelques jours plus tard, quand éclatent des combats entre l'armée jordanienne et les fedayin.

Dans le domaine opérationnel, El Fath, dirigé par Yasser Arafat, et le Front populaire du Dr Georges Habache paraissent être les organisations les plus actives. El Fath (la plus importante des organisations) s'applique à harceler l'armée israélienne sur la ligne du cessez-le-feu et dans les territoires occupés ; le FPLP revendique la plupart des attentats perpétrés contre des objectifs civils, en particulier à l'étranger.

Malgré leurs actions spectaculaires, et souvent meurtrières, les groupes de fedayin n'ont pas réussi à troubler la vie quotidienne en Israël ou à mettre en difficulté l'armée, à l'exception peut-être de la bande de Gaza, où leur implantation paraît être plus importante qu'en Cisjordanie.

Selon les chiffres fournis par les autorités de Tel-Aviv, un millier de fedayin auraient été tués depuis la guerre des Six-Jours ; les pertes israéliennes (jusqu'à la mi-février 1970) se seraient élevées à 271 tués (dont 76 civils) et 1 128 blessés (dont 529 civils). Les conflits armés qui ont éclaté entre les organisations palestiniennes, d'une part, et les armées jordanienne et libanaise, de l'autre, ont sans doute fait davantage de victimes et de dégâts, tout en ébranlant sérieusement les régions concernées.

Les attentats

23 juillet 1969 : une bombe explose devant une station d'autobus à Tel-Aviv, tuant une personne
le 30 : une grande fabrique d'emballages, située près de l'aérodrome de Lydda, est incendiée
7 août : les fedayin font sauter un camion militaire, tuant un civil et un soldat
le 29 : un avion de la compagnie américaine TWA est détourné sur Damas par un commando. Le même jour, des roquettes sont tirées sur la ville de Jérusalem
8 septembre : de jeunes Palestiniens lancent des engins explosifs sur des locaux israéliens à Bonn, Bruxelles et La Haye ; 4 personnes sont blessées dans l'attentat contre les bureaux de la compagnie d'aviation israélienne El Al, à Bruxelles
le 26 : un civil est tué par l'explosion d'une bombe dans la banlieue ouest de Jérusalem
le 5 octobre : El Fath soutient qu'il a détruit un tronçon du pipe-line Tel-Aviv-Eilat
le 23 : cinq bombes explosent en l'espace de quelques heures dans un immeuble de Haïfa, faisant 2 morts et 20 blessés
9 janvier 1970 : un appareil de la TWA est à nouveau détourné, cette fois-ci sur Beyrouth
le 10 février : une célèbre actrice israélienne est gravement blessée dans un attentat contre un avion d'El Al qui faisait escale à Munich
le 20 : des bombes explosent à bord de deux avions, l'un autrichien, qui quittait Francfort, l'autre suisse, qui décollait de Zurich. La chute de ce dernier devait entraîner la mort de ses 47 passagers (attentats désavoués par les Palestiniens).

Liban

Le problème posé par la présence de fedayin divise l'opinion. Si une partie de la population s'identifie totalement avec la lutte palestinienne, la majorité, semble-t-il, souhaite que la solidarité avec les fedayin n'aille pas jusqu'à mettre en péril la souveraineté et l'intégrité territoriales du Liban.

Nombre d'hommes politiques, en effet, redoutent qu'Israël prenne prétexte de la liberté d'action dont bénéficient les commandos pour occuper les régions frontalières. Ils veulent, en tout cas, épargner aux habitants de ces régions les raids de représailles. Aussi plusieurs formations — en particulier celles qui sont dirigées par Pierre Gemayel, Camille Chamoun et Raymond Edde — ont-elles exigé avec insistance, dès juillet 1969, que les activités des fedayin soient réglementées et soumises au strict contrôle des autorités de Beyrouth. Pierre Gemayel a préconisé, dans les semaines qui ont suivi, que les fedayin soient expulsés du Liban.