En installant émetteurs et réémetteurs de la deuxième chaîne, les ingénieurs de l'ORTF ont pensé à la mise en place ultérieure de nouveaux éléments techniques pour une troisième et une quatrième chaîne. Les infrastructures utilisées seront donc celles de la deuxième chaîne ; le troisième réseau doublant le deuxième, en 625 lignes, noir et blanc et couleur. Pour l'implantation sur l'ensemble du territoire, cinq années de travaux semblent nécessaires.

Le budget de 1970 n'en a pas autorisé le démarrage. Si la décision intervient dans le budget 1971, les programmes réguliers pourraient commencer en janvier 1972, à raison de 20 heures par semaine. Par paliers successifs, on atteindrait, en 1975, 40 heures de programmes hebdomadaires, émissions scolaires non comprises.

Jean-Louis Guillaud, directeur chargé de mission auprès du directeur général, responsable de la coordination des études techniques et financières des programmes de la troisième chaîne, met au point différents projets.

La radio possède le privilège de la concurrence

Contrairement à la plupart des autres pays, la radio en France se porte bien. Les méchants prétendent que ce regain d'intérêt provient de la grisaille chronique de la télévision, d'autres que les embouteillages favorisent l'audition radiophonique. Certains, enfin, pensent que les Français ont redécouvert, en mai 1968, la radio qu'ils avaient eu un peu tendance à oublier.

Quelles que soient les raisons du phénomène, un fait est certain : sur 34 580 000 Français âgés de plus de quinze ans, 23 578 000 écoutent chaque jour la radio. Conscients que celle-ci a toutes les chances de survie malgré la promotion de la télévision (cette thèse était fortement ébranlée il y a quelques années), les directeurs de l'ORTF et des stations périphériques poursuivent leur effort afin de ne pas se laisser étouffer par la concurrence.

La guerre des radios est loin d'être finie. Après des fluctuations successives, France-Inter est à nouveau en tête avec l'audience la plus forte, devant Europe no 1 et RTL, sensiblement à égalité.

Sur le réseau national, la saison 1969-70 est essentiellement caractérisée par la poursuite de la réforme des programmes. Chacune des trois chaînes conserve son originalité et sa mission vient compléter celle des autres.

24 heures sur 24

France-Inter demeure la chaîne destinée au grand public et affronte la concurrence des stations commerciales. Informer et distraire restent ses deux objectifs. Les auditeurs étant différents selon les heures du jour ou de la nuit, il leur est proposé une série de programmes spécifiques : de 5 à 6 heures, avec René Raymond, À la bonne heure, pour les lève-tôt et les couche-tard ; de 6 à 9 heures, les Cinq Premières Minutes, campagne de bonne humeur, avec Georges Lourier ; à 9 heures, Embouteillages, avec Pierre Bouteiller, transfuge d'Europe no 1 ; de 12 à 14 heures, Inter-Actualité magazine, avec Georges Bortoli, Yves Mourouzi, Jean Émile Dumond ; de 15 à 16 heures, avec Mme Inter ; à 16 heures, Claude Dufresne et les Grandes Dames ; de 17 à 18 heures, avec Jacques Chancel ; de 19 à 20 heures, avec Pierre Wiehn. Les soirées sont réservées à des émissions plus élaborées. Puis, de 22 h 30 à 1 h 30, José Artur anime le Pop-Club, Inter-nuit, de 1 h 30 à 5 heures, achève le parcours.

Inter-variétés (en soirée, sur les émetteurs ondes moyennes de France-Inter) continue à essayer de distraire les amateurs d'un style radiophonique plus traditionnel.

Chaque jour un domaine

France-Culture, destiné à des auditeurs disposés à fournir un effort d'attention pour une meilleure compréhension de notre civilisation, connaît depuis l'été 1968 — date à laquelle Roland Dhordain est nommé directeur de la Radiodiffusion — quelques efforts de modernisation. L'introduction d'animateurs, le lancement de nouvelles émissions et la mise en place d'une grille de programmes plus vivants en sont les premières étapes. Chaque jour est consacré à un domaine particulier (de l'histoire aux sciences, sans oublier la littérature et le spectacle). L'aménagement de nouveaux émetteurs doit, dès l'automne 1970, permettre à un auditoire plus vaste de découvrir une chaîne qui eut longtemps un style compassé, froid, voire poussiéreux.