Le problème de la compétitivité de nos entreprises et de l'insuffisance de leurs capacités de production est ainsi posé, car les exportations n'ont pas toujours complètement bénéficié de la haute conjoncture régnant dans d'autres pays et, d'un autre côté, les importations se sont engouffrées sur le marché national.

« Développer d'office la capacité d'exportation de nos entreprises, notamment en les allégeant de certains impôts qui pèsent à l'excès sur leurs prix de revient », déclarait, le 24 novembre 1968, le général de Gaulle au lendemain de sa décision de maintenir la parité du franc, en annonçant dans une allocution radiodiffusée un plan d'austérité pour faire échec à la spéculation.

C'est la suppression, le 1er décembre 1968, de la taxe sur les salaires, afin d'obtenir une baisse corrélative dans les prix des produits exportés. À la vérité, cet avantage, dont l'effet sera évalué à quelque 1,5 % sur les Prix, ne fera guère que contrebalancer la remontée de 2 % à 3 %, le 1er janvier 1969, du taux de réescompte préférentiel des crédits à l'exportation et la suppression, au 1er février, de l'allocation exceptionnelle à l'exportation.

Le résultat final

Par rapport à 1967, en atteignant 69 milliards de francs, les importations françaises (toutes origines) ont augmenté de 12,7 %. Les quotas d'importation établis au second semestre avaient eu un champ trop réduit et une durée trop courte pour restreindre sensiblement l'expansion des achats globaux.

En provenance des pays hors zone franc, les importations de biens d'équipement sont en hausse de 17 %, celles de biens de consommation de 30,6 % (+ 37,8 % rien que pour les automobiles).

Avec des exportations (toutes destinations) d'un montant de 62,7 milliards — en progression de 11,6 % —, la couverture s'est établie à 90,9 % (l'équilibre est généralement considéré comme atteint à 93 %).

Ces taux d'accroissement sont nettement supérieurs à ceux qui avaient été constatés en 1967, tant à l'importation (+ 4,7 %) qu'à l'exportation (+ 4,5 %). Mais, d'une année à l'autre, le solde commercial apparent est passé de — 5,1 à — 6,3 milliards de francs.

Dans les seules relations avec les pays hors zone franc, dont la part a atteint, en 1968, 89,1 % dans les importations, pour 61,5 milliards de francs, et 86,9 % dans les exportations, pour 54,5 milliards, les taux d'expansion sont plus élevés : respectivement + 14,5 % et + 12,7 %.

Avec la CEE

Si l'on ne s'attache qu'au commerce avec le Marché commun, on se rend compte que la France y a accru encore plus considérablement ses achats de 22,6 %, en les portant de 26,7 à 32,7 milliards de francs, et ses ventes de 16,1 %, ces dernières étant passées de 23,2 à 27 milliards.

Le déficit apparent avec nos cinq autres partenaires de la CEE (et le solde négatif réel en termes de paiements n'est pas tellement moindre), en se chiffrant à 5,7 milliards, a augmenté de près de 63 % sur celui de 1967. À lui seul, il contribue pour plus des 4/5 au déficit sur les pays étrangers.

La CEE a encore renforcé en 1968 sa place qui était déjà prépondérante dans les échanges extérieurs français : elle émarge pour 47,4 % dans les importations, 43 % dans les exportations. L'Allemagne fédérale pèse d'un poids spécialement lourd, puisqu'elle a absorbé 18,5 % de nos ventes totales toutes destinations et que 21,3 % de nos achats y ont été effectués.

Avec aucun des cinq autres pays du Marché commun la France n'a pu parvenir à une balance commerciale, sinon excédentaire, du moins en équilibre. Bien au contraire, les déficits de 1967 n'ont fait que s'amplifier et le taux de couverture d'ensemble sur la zone est tombé de 87,1 % à 82,4 %.

Sur des marchés riches

L'excédent traditionnel des échanges avec les huit pays de l'AELE s'est quelque peu réduit, passant, entre 1967 et 1968, de 1,8 à 1,4 milliard de francs, en raison du faible développement de nos ventes (+ 3,5 %) comparé à celui de nos achats (+ 10,3 %). Malgré la dévaluation de la livre sterling en novembre 1967, les livraisons françaises en direction du marché britannique n'ont augmenté que de 3,8 %. Par ailleurs, alors que la Suisse a accru ses importations de près de 10 %, la France n'y a vendu que 3,7 % de plus.