Philatélie

La guerre déclarée par la Fédération internationale de la philatélie aux « émissions nuisibles » provenant d'États plus ou moins fantômes ou portant des surcharges abusives, a provoqué et provoque encore de nombreux remous.

Il semble que la FIP lutte pour une juste cause. La multiplicité des émissions met en péril l'existence même de la philatélie. On peut citer le cas, par exemple, des Trucial States. Il s'agit d'une Fédération de l'Arabie du Sud-Est qui groupe les émirats d'Abou-Dhabi, Ajman, Dubai, Fujeira, Ras al-Khaima, Sharja et Um al-Qiwain. Chacun de ces émirats émet ses propres timbres en séries normales, services, blocs, feuillets... Une autre Arabie du Sud réunit pour sa part une vingtaine d'émirats, sultanats, royaumes, qui émettent ou vont émettre leurs vignettes et inonder le marché. Sans doute a-t-on la possibilité d'ignorer ces timbres, mais beaucoup d'entre eux entrent astucieusement dans des thématiques.

Et les collectionneurs ayant choisi de retenir tous les timbres ayant même thème se voient donc incités à acquérir ceux provenant d'une Arabie plus ou moins Pétrée...

Émissions abusives

L'initiative prise par la FIP devrait être unanimement approuvée. Mais déjà certains philatélistes estiment que la chasse aux émissions abusives risque de devenir elle-même abusive et qu'à vouloir en faire trop interdire, trop réglementer, on peut ne pas être pris au sérieux.

Le double tarif postal, qui a été instauré en Grande-Bretagne plusieurs mois avant qu'il entre en vigueur chez nous, a provoqué en France quelque réaction chez les collectionneurs. Ils ont remarqué non sans étonnement qu'au lieu d'émettre, pour l'acheminement du courrier à 0,40 F des timbres dits de collection, on se limitait au petit format habituel.

La question a été posée au ministre de tutelle. Il a été répondu qu'il s'agissait de faciliter la tâche des postiers. Lors du tri, ils n'ont qu'un coup d'œil à donner pour savoir, d'après la couleur des timbres à même effigie, si une lettre est affranchie suivant le tarif à 0,30 ou à 0,40 F.

Les timbres de grève

Mais il y a eu, aussi, l'affaire des grèves... Les événements de mai 1968 n'avaient pas eu de répercussions profondes sur la philatélie française. Après un obligatoire et net fléchissement, le marché avait retrouvé un cours normal. Or, il s'était trouvé que plusieurs chambres de commerce, pendant la période troublée, avaient émis des vignettes destinées à remplacer les timbres officiels sur le courrier et les colis à expédier.

Lorsque la situation redevint calme, les vignettes firent leur apparition et elles se vendirent à des prix réellement astronomiques, au point que le ministère des Postes et Télécommunications intervint. Dans un communiqué adressé à la presse, il déclara, notamment, que : « Ces étiquettes ne sauraient être considérées ni comme des timbres-poste ni comme des timbres de remplacement. » De plus, comme le bruit avait couru que le ministère avait autorisé l'émission de ces étiquettes, le communiqué opposait un démenti formel à cette assertion.

Mais le mal était fait, et ce d'autant plus que certains catalogues avaient déjà inscrit les timbres de grève à leur répertoire et en les cotant eux-mêmes de façon très élevée.

La carte d'échangiste

Un autre événement a ému profondément le monde des échangistes, c'est-à-dire ceux qui, en fin de semaine ou le jeudi, se retrouvent pour échanger entre eux les timbres qu'ils possèdent en plusieurs exemplaires. Un arrêté du préfet de Paris était publié sur la réglementation des échanges de timbres. Chaque collectionneur devait désormais se faire délivrer une carte spéciale, dite « carte d'échangiste », qu'il ne pouvait obtenir qu'après présentation d'un dossier complet comprenant pièces d'identité, bulletin de naissance, certificat de domicile et photographies.

Malgré de nombreuses protestations, toutes véhémentes, et diverses interventions, cette mesure a été maintenue. Mais il semble que des consignes aient été données pour que le contrôle, destiné à découvrir quelques trafiquants parmi les échangistes, se montre très discret.