Cette position revient à cautionner certaines recherches hardies sur les plans théologique et pastoral. Les travaux qui provoquent le plus fort remous sont relatifs au Catéchisme hollandais publié en août 1968. Loué sans réserves pour son souci d'adaptation aux nécessités actuelles, ce catéchisme pour les adultes fait l'objet, de la part de Rome, de réserves doctrinales.

Dans un pays où catholiques el protestants se côtoient constamment, l'œcuménisme prend une importance particulière. Les multiples manifestations de rapprochement n'empêchent pas les évêques hollandais de s'élever contre certaines tentatives individuelles jugées téméraires, telle la messe célébrée, début mars 1969, par trois aumôniers d'Utrecht, assistés d'un pasteur protestant.

Belgique

L'interview accordée par le cardinal Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, aux Informations catholiques internationales, en avril 1969, devait avoir un retentissement considérable. « Le problème fondamental qui nous divise, consciemment ou non, dit-il d'abord, est un problème de théologie ». Il poursuit. « Au centre [de l'Église], la tendance qui prévaut généralement, même après Vatican II, reste fortement marquée par une vision formaliste, juridique des choses ». Cette vision, selon le cardinal Suenens, est responsable des lacunes de Vatican II concernant l'exercice de la collégialité dans les rapports du pape avec les évêques ; de « l'information à sens unique » de l'Osservatore Romano ; du « long calvaire de nos meilleurs théologiens, suspects, si pas condamnés » ; des défections sacerdotales ; du statut anachronique des nonces. Les réactions à l'interview du cardinal Suenens constituent l'incident le plus grave entre les principaux responsables de l'Église depuis Vatican II. Plusieurs membres de la Curie, s'estimant diffamés, demandent au cardinal de se rétracter. Le pape déclare : « Nous ne pouvons pas être insensibles aux critiques — elles ne sont pas toutes exactes, pas toutes justes, ni toujours prudentes, ni opportunes — qui, de différents côtés, s'adressent [au] siège apostolique. »

Italie

La nécessité d'une révision du Concordat de 1929 s'impose de plus en plus à l'opinion italienne. Le 18 février 1969, la conférence épiscopale accepte le principe de cette révision. Mais sa réalisation se heurte, une fois encore, aux problèmes de l'instruction religieuse obligatoire et à l'interdiction du divorce.

En décembre, le cardinal Florit, archevêque de Florence, suspend de ses fonctions le curé d'un quartier populaire de sa ville épiscopale, l'Isolotto. Il reproche notamment à Don Mazzi d'être l'auteur d'un catéchisme dont l'inspiration et l'orientation sont plus sociologiques et politiques que religieuses. Les paroissiens de l'Isolotto s'insurgent contre l'autorité ecclésiastique : ils se refusent à reconnaître un successeur à Don Mazzi et, en tout cas, à abandonner le régime d'assemblée qui fait l'originalité de leur vie paroissiale.

Espagne

La mort du cardinal Pla y Daniel, archevêque de Tolède et primat d'Espagne, le 6 juillet 1968, est l'occasion de mettre fin à la tension existant entre le Vatican et le gouvernement espagnol. Au refus de renoncer au privilège de la présentation des évêques, le pape avait répondu en laissant vacants une vingtaine de sièges épiscopaux. Moyennant certains assouplissements dans l'application du Concordat, Paul VI consent à pourvoir ces postes.

Le gouvernement est surtout préoccupé par la résistance, en Catalogne et surtout dans le Pays basque, d'une partie notable du clergé et des fidèles. Dans la province de Guipuzcoa, en août 1968, la proclamation de l'état d'urgence provoque l'arrestation de 300 personnes, dont une trentaine de prêtres. En guise de protestation, 40 ecclésiastiques occupent, le 17 août, les bureaux de l'évêché de Bilbao. En novembre, 63 prêtres occupent le séminaire du diocèse ; en décembre, c'est le tour de la cathédrale de Saint-Sébastien d'être envahie par 400 prêtres et laïcs.

La conférence épiscopale, réunie en février 1969, approuve, dans sa majorité, la proclamation de l'état d'exception. Le 21 février, 280 prêtres de Barcelone manifestent silencieusement.