À Lyon enfin, la communauté urbaine n'a pu être installée au même moment que les autres. En effet, son périmètre prévu empiétait à la fois sur les départements de l'Isère et de l'Ain. Or, la loi a imposé aux communautés urbaines de ne comprendre que des communes appartenant à un même département. Il convenait donc de modifier au préalable les limites de ces trois départements. D'ailleurs, la loi de décembre 1966 imposait expressément une telle rectification avant la mise en place de la communauté. Ce fut l'objet d'une proposition de loi déposée devant l'Assemblée nationale par Henri Guillermin et les autres députés UD Ve du Rhône.

L'Assemblée nationale a adopté cette proposition le 20 décembre 1967, par 248 voix contre 233 (le Sénat a, par trois fois, repoussé le projet). Le département du Rhône s'est agrandi vers l'est de six communes qui appartenaient au département de l'Ain et de vingt-trois qui se trouvaient dans l'Isère.

Les frontières de la communauté urbaine de Lyon doivent donc être maintenant tracées à l'intérieur du territoire ainsi annexé au département du Rhône. D'après le projet qui avait été élaboré par le gouvernement — et qu'un décret doit préciser —, la communauté comprendrait la totalité des six communes de l'Ain rattachées, onze des vingt-trois anciennes communes de l'Isère et quarante-quatre communes du Rhône entourant Lyon, soit, au total, soixante-deux communes.

Ainsi que le gouvernement s'y était engagé, les communautés urbaines ont pu commencer à fonctionner dès le 1er janvier 1968. À cette date, un décret a transféré aux communautés urbaines de Lille, Strasbourg et Bordeaux les compétences que les communes détenaient jusqu'alors dans les domaines suivants :
– Plan de modernisation et d'équipement, plan directeur d'urbanisme intercommunal et plans d'urbanisme communaux, ceux-ci devant être soumis pour avis aux conseils municipaux intéressés ; constitution de réserves foncières intéressant la communauté ;
– Création et équipement des zones d'aménagement concerté : zones d'habitation, zones industrielles, secteurs de rénovation ou de restructuration ;
– Construction et aménagement des locaux scolaires dans les zones d'aménagement concerté ; entretien des locaux lorsque la zone s'étend s plusieurs communes ;
– Service du logement et organismes d'HLM ;
– Services de secours et de lut contre l'incendie ;
– Transports urbains de voyageurs ;
– Lycées et collèges ;
– Eau, assainissement (à l'exclusion de l'hydraulique agricole), ordures ménagères ;
– Création de cimetières et extension des cimetières ainsi créés, fours crématoires ;
– Abattoirs, abattoirs-marchés ;
– Parcs de stationnement.

Bordeaux

27 communes.

70 conseillers.

Président : Jacques Chaban-Delmas, député-maire de Bordeaux (UD Ve), élu par 52 voix contre 9 à Victor Mazars, maire de Villenave-d'Ornon (centre gauche).

Vice-présidents : 6 UD Ve, 4 FGDS, 2 CNI.

À l'épreuve des faits

Les réactions qui se sont exprimées au moment du vote de la loi et au cou de sa mise en œuvre révèlent quelque lacunes et des craintes qui s'ordonne autour de quatre points essentiels :
– Le caractère obligatoire du nouvel organisme ne s'est pas accompagne d'une suffisante consultation des ce collectivités concernées ;
– Les charges fiscales pour l communes les plus modestes vont s'accroître notablement, atteignant parfois 300 % ;
– La désignation des conseillers de communauté au second degré (par l conseils municipaux) prive les administrés d'un contrôle direct sur leur représentants ;
– Le mode de répartition des sièges défavorise les plus petites commun et, dans bien des cas, accorde la majorité aux représentants de la commune chef-lieu. Les chiffres de population retenus (recensement de 1962) ne tiennent pas compte de la démographie réelle.

Malgré ces réserves, l'institution des communautés urbaines a, dans l'ensemble, été assez bien accueillie, une dizaine d'agglomérations de pli de 50 000 habitants ont, en 1968, envisage la possibilité d'en constituer volontairement une, ainsi que la loi permet.