Cette spoliation est d'autant plus inadmissible qu'elle ne tient aucun compte du désir de nombreux propriétaires que la faune soit protégée sur leurs terres.

C'est ainsi que de nombreux asiles pour les oiseaux ou les quadrupèdes sauvages risquent de devenir, du jour au lendemain, le rendez-vous de tous les chasseurs locaux, qui ne laisseront rien des animaux qui y vivaient.

Les parcs et réserves

À l'inverse de cette méconnaissance de l'intérêt général de la faune sauvage, déjà si menacée en France par le remembrement, la destruction des biotopes naturels et l'emploi de plus en plus massif des insecticides et des herbicides, la politique des parcs et des réserves s'est affirmée en 1968. Nous avons assisté à la naissance du Parc national des Pyrénées occidentales, autour du pic du Midi d'Ossau, destiné surtout à la protection de l'ours brun.

De grands projets sont en cours, encore au stade des conversations, qui prévoient la création d'un parc national en Corse, autour de Venaco, pour la protection du mouflon et du gypaète barbu. Un couple de ces oiseaux rarissimes nidifie de nouveau en Corse, ce qui ne s'était pas vu depuis de nombreuses années. D'autres parcs verront sans doute le jour d'ici quelques années dans les Ardennes, en Lozère, peut-être, et dans les admirables marais de la Grande-Brière, point de ralliement de tant d'oiseaux migrateurs, qui ont bien besoin de protection.

En fait, la chasse, dans un pays de plus de 2 millions de chasseurs, n'est possible que si l'on protège de plus en plus le gibier, que si l'on repeuple de plus en plus le territoire, que si l'on multiplie le plus possible les réserves de toutes les dimensions. Sinon, il ne restera plus à tirer que les pigeons d'argile, ou les casquettes...

Évidemment, il reste une autre mesure à prendre : ramener à son dixième le nombre actuel des chasseurs. Mais qui oserait prendre une mesure aussi impopulaire ?