Le 9 janvier 1968 le cardinal Lercaro, archevêque de Bologne, quittait sa charge de président du Conseil pour l'application de la Constitution conciliaire sur la Liturgie ; le 13 février il abandonnait son siège archiépiscopal. Cette double démission d'un prélat considéré comme très ouvert aux problèmes modernes provoqua des remous.

Pays-Bas

Tout le monde est d'accord, l'Église néerlandaise est à la pointe de l'effort catholique pour se dégager des formes archaïques ou inadaptées.

On en a eu une nouvelle preuve avec la réunion du 3 au 5 janvier 1968, puis du 7 au 10 avril, à Noordwijkerh'oup, de l'Assemblée plénière du concile pastoral néerlandais. Sous la présidence du cardinal Alfrink, archevêque d'Utrecht, 168 personnes se sont réunies pour « une consultation commune fondée sur la responsabilité » : 109 d'entre elles (dont 28 femmes) disposaient du droit de vote ; les autres étaient soit des représentants d'autres confessions chrétiennes, soit des observateurs catholiques venus d'autres pays. Le ton fut tout de suite donné par la critique — et le rejet — du rapport sur « l'autorité dans l'Église » qui était présenté au Concile par une Commission composée surtout de sociologues et de juristes. Ce rejet (en janvier, puis en avril) s'explique par la conviction partagée par tous les participants que la décentralisation de l'autorité est, dans l'Église, une nécessité fondamentale.

Même indépendance de pensée — dans le cadre, d'ailleurs, de l'orthodoxie romaine — dans la confection, en janvier 1968, du texte du catéchisme hollandais, étudié de très près par des théologiens et des catéchistes en fonction des nécessités d'une pastorale et d'une catéchétique vivante et adaptée.

Allemagne

Le dimanche 28 avril 1968, pour la première fois dans l'Église catholique, cinq hommes mariés ont été ordonnés diacres en la cathédrale de Cologne. Cette ordination est l'aboutissement d'un long travail préparatoire destiné à rendre au diaconat le caractère vivant et la spécificité qu'il possédait au début de l'histoire de l'Église romaine.

Amérique latine

De plus en plus fréquemment, l'Église romaine, par l'organe d'évêques et de prêtres, réagit contre les injustices sociales liées aux structures politiques et économiques dans plusieurs républiques de l'Amérique latine.

Réunis à Cochabamba du 28 janvier au 4 février 1968 sous la présidence du cardinal Maurer, les évêques de Bolivie ont étudié, avec 350 personnes — prêtres, religieux, religieuses, laïcs — l'attitude de l'Église face à « la réalité bolivienne actuelle » et particulièrement à la pauvreté endémique du peuple ; ils ont reconnu leur « timidité » antérieure. Au Mexique, à l'occasion du premier anniversaire de l'encyclique Populorum progressio (mars) les 80 évêques ont publié une lettre commune dénonçant « le colonialisme interne ».

Manifeste social au Pérou, le 24 mars, où 50 jeunes prêtres appuyés par le cardinal-primat Landazuri stigmatisèrent le fait que 24 000 Péruviens disposent de 44 % du revenu national.

En Argentine, les relations entre l'Église et l'État sont restées assez tendues. La démission forcée de Mgr Podesta provoqua de vives réactions.

Au Brésil, l'épiscopat, réuni le 2 décembre 1967 en assemblée plénière, publia un manifeste sur la mission sociale de l'Église dans la ligne de l'encyclique Populorum progressio.

L'évêque des favellas, Mgr Helder Camara, archevêque de Recife, reste le chef de file de la jeune Église d'Amérique latine, soucieuse de prendre ses distances avec le pouvoir au profit de la masse démunie : au cours d'un voyage en Europe (avril 1968) Mgr Camara a éclairé la marge qui existe entre la « non-violence » et la « passivité ».

Amérique du Nord

C'est avec l'assentiment du pape Paul VI que le cardinal Léger, archevêque de Montréal, le 10 novembre 1967, a renoncé à son siège archiépiscopal pour se consacrer au service des lépreux d'Afrique noire. Ce geste, le prélat l'a accompli dans la ligne de Vatican II, afin de prouver, par l'exemple, que l'Église doit être vraiment, dans le monde actuel, « servante et pauvre ». Mgr Paul Grégoire, évêque auxiliaire de Montréal, a succédé, le 23 avril 1968, au cardinal Léger.