Quelques mois d'expérience permettent de constater que la TV couleurs triomphe dans les tons naturels et qu'elle échoue devant l'abondance d'ocres, de bleus, de pierreries, d'ors et de costumes chatoyants. Pour l'avoir compris, Jean-Christophe Averty s'assure le succès.

Six mois de léthargie

Mis à part la couleur, la télévision, à partir d'octobre, tombe dans une sorte de léthargie. L'époque des perpétuels bouleversements de programmes est révolue. Un malaise s'installe, souligné par la presse, et qui durera jusqu'au printemps.

Soucieux de se mettre au courant et de comprendre les rouages de l'entreprise qui lui a été confiée, le nouveau directeur, Emile J. Biasini, en étudie tous les secteurs. Producteurs et réalisateurs s'inquiètent de voir la maison au point mort. Dans l'attente de l'on ne sait quoi, la lourde machine continue sur sa lancée. Il n'y a pratiquement pas de créations, seulement des diffusions d'émissions du stock.

Sur la deuxième chaîne, le succès des soirées à thème, souvent construites autour d'un film, se confirme.

Bien que l'on puisse parfois reprocher un manque de rigueur aux présentateurs (Joseph Pasteur et Alain Jérôme, alternativement) du débat qui suit le film, les Dossiers de l'écran* viennent loin en tête devant les soirées policières et celles qui sont consacrées aux voyages et à l'aventure.

Les magazines

Dans le domaine de l'information, quatre magazines sont diffusés chaque mois par rotation : Zoom*, d'Alain de Sédouy et André Harris, en raison du caractère social et parfois un peu osé de ses sujets, a rencontré quelques difficultés, mais a su s'imposer dans le cadre des grands magazines d'actualités ; Caméra 3* et Tel quel*, respectivement produits par Philippe Labro - Henri de Turenne et Pierre Charpy - Henri Marque, journalistes de la presse écrite, utilisent souvent la même matière première, mais sous un angle et avec un style différents ; Séance tenante*, d'Eliane Victor et Jean-Louis Guillaud, bénéficie de plusieurs atouts : l'intérêt de fréquents multiplex avec les États-Unis et différents pays d'Europe, le ton personnel du présentateur Maurice Séveno, et l'apport artistique de l'Exposition du mois, toujours tournée en couleurs par Madeleine Hours.

Enfin, le plus célèbre des magazines d'information, Cinq Colonnes à la une, semble souffrir de plus en plus de la comparaison avec Panorama.

Du riz pour le Laos

Reprenant la formule qu'il avait lancée il y a plusieurs années à la radio, avec Vous êtes formidables, Pierre Bellemare lance le 22 mars 1968, dans le cadre de Panorama, l'opération Laos. Il parvient à convaincre téléspectateurs et auditeurs (l'émission est relayée par France-Inter) de venir porter, à la mairie la plus proche, un don en argent pour participer à la lutte contre la faim. L'opération réussit au-delà de toutes les espérances : plus de 12 528 047 nouveaux francs sont convertis en riz et envoyés au Laos.

Les dramatiques

Diffusées sur la deuxième chaîne, certaines dramatiques (Quand épousez-vous ma femme ?*, Le Petit Café*, le Rayon des jouets*, les Fiancés de Romainville*, Lélia ou la Vie de George Sand*) bénéficient d'une audience relativement faible.

Sur la première chaîne, qui se sclérose davantage que sa sœur cadette, on écoule beaucoup de pièces qui ne satisfont ni le public ni la critique. Quelques rares succès cependant : l'Affaire Lourdes, avec Marie-Hélène Breillat ; les Hauts de Hurlevent (discuté quant au choix des interprètes) ; la Bonifas, de Jacques de Lacretelle, avec Alice Sapritch. La nouvelle série du Tribunal de l'impossible (le Fabuleux Grimoire de Nicolas Flamel, la Bête du Gévaudan, les Rencontres de Trianon, Nostradamus) est très discutée.

Très discutées également, quant au personnage campé par Jean Richard, les Enquêtes du commissaire Maigret. En votre âme et conscience (l'Affaire Dumollard, l'Affaire Jobard, les Innocents d'Eldagsen, l'Affaire Beiliss) et les Cinq Dernières Minutes (Un mort sur le carreau, les Enfants du faubourg) réapparaissent plus fréquemment qu'au cours de la saison précédente.

Variétés et feuilletons

Les émissions de variétés continuent à chercher leur formule. Le Palmarès des chansons s'essouffle et Sacha show semble être en légère perte de vitesse, tandis que Télé-Dimanche ne donne satisfaction ni aux sportifs ni aux amateurs de music-hall.