La demande d'Israël est simple : négocier avec les pays arabes et, de ce fait, les contraindre à reconnaître Israël en tant qu'État. Le 15 juin, A. Eban rappelle « la fragilité de tout accord non basé sur la volonté des parties elles-mêmes ». Il le répétera le 20 juin aux Nations unies.

Les interventions se multiplient pour qu'Israël retourne dans ses frontières. Personne, cependant, ne propose de garanties. Les vaincus moins que quiconque. C'est dans ces circonstances que, le 28 juin, le Parlement israélien vote l'annexion de la partie arabe de Jérusalem, décision qui provoque des protestations dans le monde entier. Le gouvernement de L. Eshkol a pourtant donné l'assurance que « le caractère universel des lieux saints serait garanti ». Il le répétera le 11 juin, à l'envoyé du pape, Mgr Felici, auquel il précise qu'un statut spécial sera établi pour mettre les sanctuaires à l'abri de toute ingérence étrangère.

Cette internationalisation de la paix inquiète les Israéliens. Ils craignent que les entretiens de Glassboro entre Johnson et Kossyguine ne reconstituent l'accord de 1956, qui leur avait arraché le bénéfice du précédent conflit. Ils craignent que l'Assemblée générale exige le 4 juillet le retrait immédiat et sans condition de leurs troupes. Rien de cela ne se produit.

Le temps passe. Le temps presse. Les éléments durs du gouvernement israélien manifestent une certaine nervosité. Le 5 juillet, le général Dayan, au cours d'une conférence de presse, lance : « La bande de Gaza, c'est Israël. J'estime qu'elle doit devenir partie intégrante du pays. » Mais le propos est démenti par la suite.

L'attitude des Grands

La lutte des Grands s'est rapidement circonscrite. Le premier, de Gaulle a donné l'exemple en déclarant que la France ne soutiendrait en aucune manière le pays qui engagerait les combats. Le 21 juin, il condamne l'ouverture des hostilités par Israël, et dit que, « un conflit contribuant à en susciter un autre », la seule chance d'un règlement pacifique « pourrait et devrait être la fin de l'intervention étrangère au Viêt-nam ». Certes, la position française — qui s'accompagne d'un embargo sur les livraisons d'armes à Israël — sera unanimement approuvée par les pays arabes.

Sans être aussi catégorique, le gouvernement britannique va demander le repli des troupes israéliennes sur leurs bases de départ. Dans son plan de paix, il demande la reconnaissance d'Israël par les pays arabes, mais ne va pas jusqu'à lier les deux conflits associés par le gouvernement français.

Moscou sur la réserve

L'attitude de l'URSS et celle des États-Unis demeurent très prudentes durant le conflit et après.

Bien sûr, le Kremlin défend les Arabes. Bien sûr, dès le 5 juin au soir, le gouvernement soviétique condamne l'agression israélienne. Il va même jusqu'à se « réserver le droit de prendre toutes les mesures indispensables qui pourraient lui être dictées par la situation ». Mais, au cours du conflit, l'Union soviétique ne fera rien pour venir en aide à ses protégés. Le 9 juin, l'échec militaire arabe étant consommé, un sommet communiste précipité se tient au Kremlin. Tito lui-même est là. « Les pays socialistes se déclarent entièrement solidaires avec la juste lutte des peuples arabes », y déclare-t-on. Et le 10, lorsque tout est terminé, l'URSS et les pays de l'Est rompent leurs relations diplomatiques avec Israël.

Débat sans conclusion

Après, il y aura l'intervention de Kossyguine en personne aux Nations unies, et la visite de Podgorny au Caire, à Damas, à Bagdad. Mais la position de l'URSS ne variera guère : pas d'intervention directe. Si les entretiens du président du Conseil soviétique à Glassboro les 23 et 25 juin avec le président Johnson n'aboutissent pas, ils signifient cependant une chose : les Russes pas plus que les Américains n'envisagent de se battre au Moyen-Orient. Washington a donc adopté une position très souple. Johnson cherchera moins à plaire ou à déplaire à l'un ou l'autre des belligérants qu'à éviter la rupture avec l'Union soviétique. Et malgré le boycott arabe, malgré la vivacité des propos à la tribune des Nations unies, les contacts soviéto-américains se poursuivent.