Le 15 mai, l'annuel défilé militaire pour l'anniversaire de la naissance d'Israël, qui avait toujours lieu à Tel-Aviv, se déroule pour la première fois à Jérusalem. Les États arabes accusent immédiatement le gouvernement israélien de profiter de l'occasion pour masser des troupes à la frontière.

Deux jours plus tard, l'armée égyptienne est mise en état d'alerte et plusieurs unités font mouvement vers le Sinaï.

Le lendemain, les armées de Syrie, d'Irak et de Koweit sont, elles aussi, en état d'alerte ; la Jordanie procède à une concentration de troupes.

Le 19 mai, le représentant de la RAU à l'ONU, El Koni, réclame au secrétaire général le retrait « le plus tôt possible » des casques bleus stationnés en Égypte et à Gaza. Le jour même, U Thant accepte.

Le Caire amplifie sa campagne belliciste. Nasser annonce : « Le drapeau israélien ne passera pas devant nos forces installées désormais à Charm el-Cheikh ». C'est le blocus du golfe d'Akaba.

Les Égyptiens n'avaient jamais officiellement reconnu la libre circulation dans le golfe d'Akaba. Ce n'était qu'une concession aux Nations unies que leur avait arrachée Dag Hammarskjoeld en 1956.

Le pacte Hussein-Nasser

Affolé des conséquences de son accord, critiqué par la plupart des grandes puissances, U Thant cherche à rattraper sa décision. Mais désormais l'ONU ne compte guère. C'est au tour des grandes puissances de se prononcer. Moscou a promis son soutien aux Arabes. Washington a choisi Israël. La VIe flotte US fait mouvement en Méditerranée et des navires soviétiques se préparent à franchir le Bosphore.

La France, pour sa part, préconise une réunion des quatre Grands, qui sont sollicités par les parties en présence : Abba Eban, ministre israélien des Affaires étrangères, se rend successivement à Paris, Londres et Washington. Le ministre égyptien de la Défense part pour Moscou.

Nasser déclare le 26 mai : « Notre objectif essentiel sera la destruction d'Israël. »

La détermination du Raïs va se trouver encore renforcée lorsque, le 30 mai, le roi Hussein de Jordanie débarque à l'improviste au Caire, pour signer avec lui un pacte de défense mutuelle.

L'union arabe est réalisée, Israël est totalement encerclé. Si la Syrie manifeste quelque répugnance à s'allier avec la monarchie hachémite, le Maghreb tout entier se range derrière Nasser.

Le soutien populaire

L'inquiétude grandit en Israël, où le gouvernement est accusé de mollesse. Mais le 1er juin au soir, on apprend la formation d'un cabinet de guerre. Deux partisans de la manière forte y entrent : Moshe Dayan et Menahem Begin.

Que font les Grands ? À Paris, le général de Gaulle déclare : « L'État qui le premier emploierait les armes n'aurait pas l'approbation de la France, ni à plus forte raison son appui. » Washington et Londres s'efforcent de rallier le maximum de puissances maritimes à une déclaration en faveur de la liberté de navigation dans le golfe d'Akaba. Moscou semble désireux de trouver un moyen d'entente avec les Occidentaux.

Dans le monde occidental, un extraordinaire élan populaire se forme pour soutenir Israël. Au Caire, dans les capitales arabes, l'appel est lancé pour la guerre sainte, d'énormes manifestations drainent des foules réclamant le combat et l'anéantissement de l'État juif.

Les opérations militaires

Le 5 juin, à 6 h 30, tous les avions de l'armée de l'air décollent des aérodromes d'Israël en direction de l'Égypte, de la Jordanie, de la Syrie et de l'Irak. Ce n'est qu'une heure plus tard qu'un flash annoncera à Paris : « Les Égyptiens ont attaqué ce matin Israël avec tanks et avions dans le sud du pays. Les appareils israéliens volent à 25 m d'altitude, au ras des arbres, des dunes et de la mer, échappant ainsi aux radars. Contournant le Sinaï par la Méditerranée, ils attaquent à revers les Égyptiens. La surprise est complète. En quelques heures, 410 appareils arabes sont détruits (la grande majorité au sol). Les Juifs n'en perdent que 19. Israël possède désormais la maîtrise du ciel.

Les deux fronts

Mais déjà la deuxième phase de l'opération est engagée. Les blindés ont pénétré profondément dans le Sinaï, encerclant de larges pans du dispositif adverse. Au nord, suivant le littoral, une colonne s'attaque à la bande de Gaza, prend successivement Khanynis, Dir el-Balah et vient mettre le siège devant la ville de Gaza. Vingt-quatre heures seront nécessaires pour enlever la place.