Entre juin 1966 et juillet 1967, les missions aériennes américaines, qui se comptent aux environs de 100 par jour, ont porté sur trois objectifs essentiels.

Les complexes industriels

C'est le 29 juin 1966 que, pour la première fois depuis le début de la guerre, les appareils américains bombardent la banlieue d'Hanoi et d'Haiphong. Ils franchissent ainsi une étape décisive de l'escalade, car, jusque-là, les États-Unis avaient exclu les raids sur ces deux villes. Les pertes civiles, disent-ils, sont insignifiantes. Mais le mécanisme du bombardement de la capitale nord-vietnamienne et de son grand port est déclenché.

Six mois plus tard, milieu décembre, pour la première fois, des bombes tombent sur Hanoi même, faisant plus de 100 tués et blessés. Les Américains affirment que la ville elle-même n'était pas visée et que c'est par erreur que des bombes sont tombées sur la population civile.

Enfin, le 25 avril 1967, un nouveau raid sur Hanoi et Haiphong, qui, s'il n'atteint pas le centre des cités, détruit des ateliers de locomotives, une cimenterie et une partie du port. Trois dates, trois étapes de l'escalade. Parallèlement, les Américains attaquent l'important centre industriel de Thaï Nguyen, contre lequel le principal raid a lieu le 21 mars.

Fusées et Mig

Au fur et à mesure que s'intensifient les bombardements, les Américains rencontrent une résistance de plus en plus forte. Les fusées sol-air soviétiques Sam, les canons de DCA, les Mig-17 enfin constituent un barrage efficace contre les raids. De véritables batailles aériennes se déroulent dans le ciel nord-vietnamien et, par deux fois au cours de l'année, les Américains perdront 7 appareils le même jour.

Aussi, en juillet et en novembre 1966, les Américains déclenchent plusieurs raids contre les rampes de lancement de fusées et les batteries de DCA. Ils n'osent cependant encore attaquer les bases de Mig, craignant que le Viêt-nam du Nord ne les installe en Chine, ce qui pourrait les conduire à un affrontement direct avec Pékin.

Mais, le 25 avril, ils passent outre, attaquant les bases de Hoa Loc et de Kep. Là encore, un nouvel échelon de l'escalade est atteint.

La zone démilitarisée

La zone démilitarisée sépare les deux Viêt-nam à la hauteur du 17e parallèle. C'est au printemps 1967 que les Américains concentrent l'effort de leur aviation sur cette région, craignant une offensive nord-vietnamienne à travers la frontière. Routes, ponts, nœuds ferroviaires sont ainsi l'objet en mai d'un pilonnage intensif coïncidant avec les dures batailles qui se déroulent au même moment au sud du 17e parallèle.

Les opérations militaires

À l'intensification des raids contre le Viêt-nam du Nord (particulièrement sensible à partir d'avril 1967, c'est-à-dire à la suite de l'échec des différentes tentatives diplomatiques de l'hiver pour mettre fin au conflit) correspond au Viêt-nam du Sud une aggravation des combats où les Américains jouent le premier rôle par rapport aux troupes sud-vietnamiennes.

C'est l'année des grandes opérations. Pendant des mois, les troupes américaines vont tenter de surprendre et d'anéantir des unités viêt-congs ou nord-vietnamiennes. Le plus souvent, le résultat ne sera pas en proportion des forces engagées.

Bénéficiant de la complicité de la population, averti de tous les coins et les recoins de la jungle, disposant de caches, de dépôts ou d'hôpitaux souterrains, le Viêt-cong échappe la plupart du temps aux filets tendus par les Américains. Il refuse l'affrontement, se dissout dans la nature et ne réapparaît que pour une embuscade ou l'attaque surprise d'un poste ou d'une base.

Les forces en présence

1 237 000 soldats combattaient au Viêt-nam en juin 1967 contre le Viêt-cong et les unités nord-vietnamiennes passées au Sud.

Sur ce total on compte :
– 730 000 hommes de l'armée sud-vietnamienne ;
– 462 000 Américains ;
– 57 000 hommes fournis par la Corée du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Philippines.

Les troupes vietcongs et nord-vietnamiennes infiltrées sont estimées par les Américains à 290 000 hommes. Étant donné les pertes, le recrutement s'établirait entre 10 000 et 15 000 hommes par mois.

L'initiative aux USA

Au printemps 1967, cependant, une véritable bataille opposera dans la région du 17e parallèle soldats américains et soldats nord-vietnamiens infiltrés à travers la frontière.