« La véritable opposition se situe entre une contraception opposée à une fécondité conçue selon la morale et la sagesse, et une façon d'agir qui a pour objet de régler la fécondité en tenant compte des responsabilités du couple en matière d'éducation et de sauvegarde des valeurs humaines et chrétiennes. »

L'indiscrétion qui a permis la publication de ce document aurait eu pour but, selon les observateurs, de faire pression sur le pape pour accélérer la prise des décisions. Il ne semble pas que la méthode ait été appréciée par le Vatican, ni qu'elle atteigne son but.

Le développement et la paix

Le renouveau de l'Église exige, selon les pères conciliaires, qu'elle s'ouvre au monde moderne, à ses problèmes et à ses exigences. C'est à cette attente qu'a répondu la création de deux organismes nouveaux (motu proprio Catholicam Christi Ecclesiam du 6 janvier 1967) : le Conseil pour l'apostolat des laïcs et la Commission pontificale pour l'étude des problèmes de la justice et de la paix, tous deux présidés par Mgr Maurice Roy, archevêque de Québec.

Le premier résulte du décret conciliaire sur l'apostolat des laïcs ; les consulteurs sont en majorité des ecclésiastiques, mais ses douze membres sont des laïcs. Lors de sa création, et pour la première fois dans l'histoire de l'Église, une femme, Mlle M. R. Goldie, est entrée à la Curie romaine ; adjoint de Mgr Achille Glorieux, secrétaire du Conseil, elle est d'ailleurs bien connue de la Curie, avec laquelle elle collaborait depuis 1951.

Le monastère de psychanalyse

L'expérience de psychanalyse entreprise au monastère de Cuernavaca (Mexique) est compromise. Le prieur du monastère, le P. Lemercier, s'est vu interdire, le 18 mai 1967, par le tribunal de la Rote, de « soutenir en public ou en privé la théorie ou la pratique psychanalytique ».

« Il est rigoureusement interdit au P. Lemercier d'exiger à l'avenir des candidats à la vie monastique une formation psychanalytique préalable. »

Bien que le tribunal se soit déclaré incompétent sur le fond, c'est-à-dire sur la valeur de la psychanalyse, la décision intervenue après deux ans de procédure interdit au responsable de l'expérience d'en assurer la poursuite dans l'avenir. Le P. Lemercier s'est résolu alors à « renoncer aux vœux monastiques, moyennant dispense juridique », pour fonder une communauté œcuménique de psychanalyse. Le 24 juin, il était destitué de ses fonctions de prieur du monastère de Cuernavaca.

Les laïcs de la Curie

La création de la Commission pontificale pour l'étude des problèmes de la justice et de la paix correspond au vœu du Concile de « permettre à l'Église de répondre aux exigences du développement ». Les observateurs attendaient un organisme dépendant directement du pape et encadré par des évêques du tiers monde. La composition de la commission (16 membres, dont 2 représentants du tiers monde) n'a pas répondu à l'attente des experts, et moins encore peut-être les objectifs qui lui sont tracés : un travail sur dossiers, des contacts exceptionnels avec les organismes qui travaillent sur le sous-développement, « l'approfondissement des problèmes du développement et de la paix, particulièrement sous l'aspect doctrinal, pastoral et apostolique ».

La Curie accueille ainsi un nombre important de laïcs qui ont été nommés dans ces deux organismes. Membres pour la plupart d'organisations catholiques et anciens auditeurs au concile, ces laïcs sont des personnalités connues depuis fort longtemps des milieux du Vatican.

La première impulsion

La création d'une commission chargée des problèmes du sous-développement et de la paix traduit l'inquiétude du Vatican devant les bouleversements qui secouent le monde.

Le document que Paul VI a solennellement signé le jour de Pâques, le 26 mars 1967, passera sans doute pour l'un des plus importants depuis la promulgation des textes conciliaires. L'encyclique Populorum Progressio est d'ailleurs un prolongement de la Constitution pastorale pour l'Église dans le monde (Gaudium et spes).

L'encyclique, rédigée en français, comporte 87 paragraphes et un important index alphabétique des sujets abordés. Œuvre de plusieurs années, son principal inspirateur fut un dominicain français, mort en juillet 1966, le P. Lebret, créateur du centre Économie et humanisme.

Le fonds mondial d'aide

Parmi les problèmes les plus graves traités par Paul VI, on note : l'affirmation de la nécessité et de la légitimité de l'expropriation, au profit du bien commun des populations vouées à la misère par l'insuffisance d'exploitation des terres ; la louange de la planification en vue du développement harmonieux des ressources matérielles et du progrès spirituel ; la reconnaissance de la responsabilité des parents, qui ont à décider en pleine connaissance de cause le nombre des enfants ; la légitimation du pluralisme des doctrines sociales, à l'exclusion des doctrines matérialistes et athées (il n'est toutefois pas fait mention du communisme).